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Carmen Les Etés de la Danse 2019 spectacle critique
© Carlos Quezada

[Critique] “Carmen” : Les Etés de la Danse

Pour sa quinzième édition, Les Etés de la Danse propose à la Compañia Nacional de Danza de España de s’installer au Théâtre Mogador du 8 au 17 juillet 2019 pour dix représentations de Carmen de Bizet, adaptée en ballet. La critique et l’avis de Bulles de Culture. 

Carmen : l’intemporalité du ballet

Qui de plus légitime qu’une compagnie de danse espagnole pour revisiter le mythe de Carmen ? José Martinez, directeur de la Compañia Nacional de Danza de España, a décidé de donner un souffle moderne à l’oeuvre de Bizet. Pour ce faire, l’ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris fait appel à un chorégraphe prestigieux venu de suède, Johan Inger. Ce dernier va projeter la gitane dans une ère moderne. Oubliez ainsi l’usine de tabac aux abords de Séville, le récit se transpose dans une banlieue délaissée, baignée dans un climat de violence.

Pour accentuer l’intemporalité du ballet, la mise en scène est savamment travaillée. Les décors, composés de panneaux miroirs éclairés de lumières froides, sont minimalistes. Les corps des danseurs s’y reflètent tandis que la mobilité de ces éléments de scène accompagne la dynamique scénique. Le spectateur peut ainsi aisément identifier les changements de lieux.

La musique utilisée dans ce Carmen peut parfois déroutée. La partition réorchestrée en 1967 par le compositeur russe Rodion Shchedrin est appelée Carmen Suite. Cette transcription de l’oeuvre initiale privilégie les cordes et percussions, se prêtant donc davantage à la configuration d’un ballet. Au fil de l’écoute, ce retravaille de l’oeuvre d’origine prend du charme, proposant une vision originale et fidèle aux sonorités de la partition initiale. 

“On rentre dans le psychique”

A tout cela, il y a bien sûr la pièce maîtresse de ce spectacle : la chorégraphie. Alternant des tableaux collectifs à des scènes de danse à nombre plus réduit, le travail de Johan Inger donne un côté plus viscéral et psychologique à Carmen. Les danses sont passionnelles, tournées vers la recherche de l’autre, entre moments d’affection et violences ouvertes. Plus marquée dans la seconde partie, la tourmente des personnages se révèle à travers les corps qui se contorsionnent dans les reflets infinis des miroirs. 

Les Etés de la Danse dépasse donc encore une fois les lignes du classicisme en proposant cette revisite de Carmen. Le spectacle est évidemment là pour assouvir les passionnés de danse. Mais ces représentations attirent également la curiosité des passionnés de Bizet, piqués par cette revisite atypique. Ils n’en sortiront pas déçus.  

En savoir plus :

  • Les Etés de la Danse : « Carmen » du 8 au 17 juillet 2019 au Théâtre Mogador (Paris, France)
  • Prix des places : de 25€ à 98€ euros
  • Réservations sur le site officiel des Étés de la Danse
  • Durée : 2h10 avec entracte
Antoine Corte

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