Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
Parole contre parole de Didier Bivel image 1
© Studio/CCSP

Critique / “Parole contre parole” (2017) avec Elsa Lunghini

Dernière mise à jour : septembre 22nd, 2021 at 11:02 am

Parole contre parole de Didier Bivel est un téléfilm policier original diffusé ce mercredi 2 mai 2018 sur France 2. L’avis et la critique de Bulles de Culture sur cette unitaire fiction avec Elsa Lunghini, François Vincentelli et Patrick Ridremont.

Synopsis :

Laura (Elsa Lunghini), jeune commissaire-priseur, voit sa vie basculer le jour où Guillaume (François Vincentelli), galeriste séduisant et respecté de tous, la viole après une soirée passée ensemble pour fêter une grosse vente. Le même soir, la femme de Guillaume est assassinée chez elle. La police suspecte immédiatement le mari qui, pour se disculper, avoue le viol de Laura. La jeune femme est convoquée par le juge et choisit de mentir : elle préfère qu’il prenne 20 ans pour meurtre que 8 ans pour viol… Mais vengeance n’est pas réparation.

Parole contre parole : une intrigue qui surprend

C’est par un flirt qui tourne très mal entre Laura, une femme libre et rayonnante, et Guillaume, un collectionneur d’art au charme irrésistible, que le téléfilm Parole contre parole commence. Après le refus de celle-ci de coucher avec lui, s’ensuit une scène particulièrement violente où il l’agresse sexuellement. Après cet acte non consenti, elle se rhabille et lui annonce qu’elle va porter plainte pour viol contre lui. Loin d’en être déstabilisé, il lui répond alors avec assurance que si elle le fait, ce sera “parole contre parole”.

Et là où ce téléfilm surprend par son originalité, c’est que cette prédiction qui donne son titre à cet unitaire va se retourner contre son auteur quand en rentrant chez lui, celui-ci va y retrouver sa femme assassinée et qu’il sera rapidement le suspect numéro 1 aux yeux de la justice. Or son alibi est son crime sexuel dont la victime est Laura. Or, loin de le disculper, celle-ci va refuser d’avouer le viol et par là-même de confirmer son alibi. A cet égard, la scène de confrontation dans le bureau du juge d’instruction (Florence Huige) est particulièrement forte. Alors que Guillaume s’applique, pour la faire craquer, à décrire dans les moindres détails ce rapport sexuel sans consentement qu’il lui a infligé, Laura maintient son faux témoignage, les ongles plantés dans son poing fermé. Et même l’importante somme d’argent que lui proposera plus tard l’avocate de Guillaume (Laure Marsac) ne fera pas faiblir son désir de vengeance.

De l’importance de parler après un viol

Par contre, contrairement à ce que Laura aurait pu penser, cette revanche ne va pas lui apporter le réconfort espéré. Son déni va au contraire l’entraîner dans une lente et inéluctable dépression, entre cauchemars, isolements, burn-out et incapacité à lier de nouvelle relation de confiance. Seul, un homme, le commandant Besson de la brigade criminelle (Patrick Ridremont), semble ce qui se joue au plus profond d’elle-même. En effet, contrairement à ses collègues de la justice, il est persuadé que le mari n’est pas coupable et continue de mener l’enquête, tout en prévenant Laura : si elle n’avoue pas son viol tant que son agresseur a besoin d’elle pour son alibi, ce sera trop tard ensuite quand le vrai assassin sera arrêté. Car toute guérison et chemin de reconstruction après un tel traumatisme passent d’abord par la parole.

Téléfilm sociétal ou policier ?

Écrit par Gianguido Spinelli et Gilda Piersanti et tourné à Bordeaux et ses environs, Parole contre parole navigue donc entre le téléfilm sur un sujet de société fort (le crime sexuel et ses conséquences sur la victime) et la classique enquête policière. Si la première approche apporte une touche d’originalité au genre, la seconde en atténue par contre le propos et confirme cette tendance en France à glisser du polar partout. Ainsi, contrairement à un téléfilm comme Harcelée qui nous plaçait au plus près du personnage confronté à la problématique du harcèlement sexuel dans le cadre de son travail, Parole contre parole mêle l’enquête policière et du coup, crée une distance avec la plus intéressante description du syndrome de stress post-traumatique dont va souffrir la victime.

Ce regret qui nous empêche d’être totalement en empathie avec le personnage principal, n’empêche heureusement pas à cet unitaire de proposer un téléfilm de qualité aussi bien dans la réalisation de Didier Bivel — même si celle-ci participe aussi au sentiment de distanciation ressentie en regardant le film — que dans son casting. Elsa Lunghini est parfaite dans le rôle de la victime qui se venge — confirmant par la même occasion son talent d’actrice —, François Vincentelli est toujours l’éternel beau gosse de service mais cette fois-ci avec un côté sombre et Patrick Ridremont continue de confirmer tout le bien que l’on pense de lui depuis que nous l’avons découvert dans la série Emma.

En savoir plus :

  • Parole contre parole a été diffusé sur France 2 le mercredi 2 mai 2018 à 20h55
Jean-Christophe Nurbel

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.