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Affiche Jusqu'à la garde film

Critique / “Jusqu’à la garde” (2017) : alerte sur la violence conjugale

Dernière mise à jour : novembre 24th, 2021 at 01:44 pm

Après son César du meilleur court métrage et sa nomination aux Oscars, le réalisateur Xavier Legrand a décidé d’adapter son court-métrage, Avant que de tout perdre (2012), en long avec Jusqu’à la garde. Le film est un drame social sur fond de violence conjugal. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils (Thomas Gioria) d’un père (Denis Ménochet) qu’elle accuse de violences, Miriam (Léa Drucker) en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafouée. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.

Jusqu’à la garde entre film social et thriller

Xavier Legrand aborde son Jusqu’à la garde avec la subtilité d’un documentaire, preuve d’un long travail de recherches qu’il a réalisé depuis son court-métrage. Il devient ainsi le porte-parole de la problématique de la violence conjugale.

En effet, Jusqu’à la garde s’ouvre avec une ambiguïté entre fiction et réalité. On assiste à une audience de divorce au sein même du bureau du juge. Les deux époux se battent pour avoir la garde du plus jeune de leur enfant. Avec notre regard de spectateur, on est en quelque sorte le magistrat externe de cette histoire. On se pose obligatoirement la question du jugement qu’on aurait prononcé.

Face à la mère qui décrit les frasques violentes de son ex-mari, il y a ce personnage bourru, mais apparemment attendrissant, du père qui reproche à sa compagne d’instrumentaliser ses enfants contre lui. Le doute est ainsi permis.

Le cinéaste en profite pour écorner quelque peu l’image de la justice qui doit rendre une décision lourde de conséquences en quelques minutes, sans toujours avoir l’ensemble des éléments nécessaires pour le faire.

Rapidement, l’investissement du réalisateur dans son sujet prend le pas sur cette neutralité documentaire. Xavier Legrand va alors construire son récit de manière crescendo, en passant d’un film social de type Kramer contre Kramer à un véritable thriller psychologique à la Shining.

Film choc, film nécessaire, il est indéniable que les propos du cinéaste ne peuvent laisser indifférents. Jusqu’à la garde arrive parfaitement bien à retranscrire ce sentiment d’isolement des femmes battues.

Cependant, si le dénouement est efficace, les moyens pour y parvenir laissent apparaitre quelques tics de mise en scène. Le réalisateur est adepte des longs plans fixes étirés, singeant un peu Michael Haneke. Des préaux vides après une fête, un voyage en voiture, tels sont les moments qui auraient mérité quelques coupes.

Quelques problèmes de rythme

A l’instar de son titre aux sens multiples, Jusqu’à la garde met en avant les différentes facettes du comédien Denis Ménochet. Celui-ci réussit à se mettre dans la peau d’une personnalité complexe, confrontée à un lourd passé qui nous restera inconnu.

Évidemment, l’attrait du film résulte dans la connexion singulière entre le très jeune Thomas Gioria et la comédienne Léa Drucker. Le premier fait un travail saisissant autour de ce sujet pas facile à aborder pour un jeune acteur. Il est largement soutenu par sa mère de cinéma qui reprend ici le rôle qu’elle avait laissée dans le court-métrage Avant que de tout perdre.

Notre avis ?

Jusqu’à la garde fonctionne donc sur des ingrédients imparables qui sont le tabou de sa thématique et la confusion des genres qu’il instaure avec son côté thriller. Il reste cependant à revoir quelques stigmates d’un premier long métrage souvent trop lent qui démontre que le cinéaste doit encore parfaire son rythme de narration.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 07/02/2018
  • Distribution France : Haut et Court
Antoine Corte

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