Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
Fixeur photo
© D.R.

[CRITIQUE] “Fixeur” (2016) de Adrian Sitaru

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 03:53 pm

Fixeur (The Fixer) est un film franco-roumain de Adrian Sitaru présenté en compétition du Festival International du Film de Marrakech 2016. Notre avis et critique. 

Synopsis :

Alors qu’éclate un scandale international mettant en cause une prostituée roumaine mineure, Radu (Tudor Istodor), un apprenti journaliste, voit là l’occasion d’obtenir un scoop. Il est prêt à surmonter tous les obstacles afin d’obtenir sa première bonne histoire. Mais la tâche se révèle plus ardue qu’il ne le pensait, et plus il approche du but, plus il est confronté aux limites qui semblent être les siennes en matière de moralité.

 

Une mise en scène abordable

 

Fixeur photo
© D.R.

 

Le réalisateur Adrian Sitaru livre avec Fixeur un film éminemment raffiné avec une mise en scène très abordable. Laissant derrière lui les effets de style et les schémas alambiqués, sa caméra est l’extension de son histoire. Elle est frêle et humble, à l’image de son personnage principal. Aussi, le cinéaste s’amuse à l’écran, à l’instar des journalistes de son histoire, à régler la mise en point de son objectif, faire des tests sonores et alterner les langages de son récit, utilisant tour à tour l’anglais, le roumain et le français.

 

Un Fixeur touchant

 

Fixeur réussit à nous toucher à plusieurs égards. On est tout d’abord face à un personnage principal du quotidien en proie à ses propres contradictions. Professionnellement, il est rongé par le besoin de réussir, mais on verra que son éthique est mise à rude épreuve. Radu est également une personne en recherche de lui-même. Il essaye de se trouver une place de choix dans un monde d’information capitaliste. Néanmoins, il est confronté aux rabaissements des journalistes venus de France qui le considèrent, non comme un reporter, mais comme un simple “fixeur d’image”.

Personnellement, le réalisateur donne une humanité à son Radu en abordant un pan hyper judicieux de sa relation avec le fils de sa compagne. Il insuffle entre eux deux un esprit de compétition. La piscine, métaphore de ce combat sportif acharné, constitue d’ailleurs le lieu de la première et dernière scène du récit.

 

Prostitution des mineurs en fer de lance

 

Au centre de l’histoire, Fixeur se concentre sur le récit de cette jeune roumaine prostituée rapatriée de France, Anca. L’accès à celle-ci est un véritable parcours du combattant semé d’embûches pour les reporters, entre la police qui retient la mineure dans ses locaux et la mère supérieure qui la protège des fléaux médiatiques. L’évocation permanente de ce personnage absent, qui n’apparaitra que très tard dans le film, met l’accent sur son importance. En cela, l’écriture est optimale.

Entre réflexion générale sur le rôle du journaliste, dénonciation de la prostitution des mineurs et mise en lumière d’un personnage principal terriblement humain auquel on peut s’identifier, Adrien Sitaru est au coeur de la sensibilité avec ce film simple.

 

 

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 22/03/2017
  • Distribution France : Damned Distribution
Antoine Corte

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.