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[Critique] “Rosalie Blum” (2016) de Julien Rappeneau

Dernière mise à jour : septembre 7th, 2019 at 01:46 pm

Après des années d’écriture à succès pour les autres avec au passage un César pour 36, Quai des orfèvres (2004), Julien Rappeneau, fils de Jean-Paul, s’est lancé lui-aussi dans la réalisation et a choisi d’adapter la bande dessinée Rosalie Blum de Camille JourdyUne petite merveille de comédie que certains comparent déjà au Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001). Aura-t-elle le même succès ? L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Vincent Machot (Kyan Khojandi) habite une petite ville de province. Sa vie partagée entre son salon de coiffure, sa mère possessive (Anémone) et les obsessions sexuelles de son cousin Laurent (Nicolas Bridet), lui semblent de plus en plus morne.Un dimanche, après avoir enfourché son vélo à la recherche d’une supérette ouverte, il éprouve un sentiment de déjà-vu lorsqu’il croise le regard de l’épicière (Noémie Lvovsky). Où l’a-t-il déjà rencontrée ? Irrésistiblement, Vincent se met à suivre cette femme dans la ville…

Rosalie Blum : construction en kit, puzzle d’émotions

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© SND

La particularité du film tient à sa construction. En effet, l’histoire de cette rencontre, dont l’origine est un malheureux oubli lors d’un achat des courses, nous est racontée de trois façons différentes, l’une après l’autre, sous l’angle de chacun des protagonistes. Si le procédé n’est pas nouveau, et nous donne comme à Vincent Machot une sensation de déjà-vu, cette technique a l’avantage d’apporter à chaque fois un élément joliment surprenant qui donne envie de voir la prochaine.

Rosalie Blum est donc un film en kit et selon ce principe, chaque petite histoire ne serait pas tout à fait complète, ni tout à fait intéressante, sans l’autre. Un exercice mené de main de maître par Julien Rappeneau qui nous amène doucement, mais sûrement, à s’attacher à chacun des personnages au gré des différentes émotions qui les traversent, les transforment.

Kyan Khojandi, Alice Isaaz et tous les autres…

Si Vincent Machot, a beaucoup de points communs avec le personnage de Bref — série de 82 épisodes que Kyan Khojandi a écrite et réalisée avec son complice Bruno Muschio —, Kyan Khojandi lui ajoute un côté plus nounours et un peu moins looser qui n’est pas dépourvu d’un certain charme. Et même le fait qu’il suive une inconnue, un comportement pas tout à fait rassurant quant à sa santé mentale, ne réussit pas à nous effrayer tout à fait. Alors que dans la série, on se moquait de ses défauts, là, on a presque envie de le protéger. Une envie qui nous empare aux dépens d’Aude, la nièce de Rosalie, interprétée par une excellente Alice Isaaz. En effet, celle que l’on a quitté en petite femme forte dans En Mai Fais Ce Qu’il Te Plaît (2015) de Christian Carion, se glisse très justement dans la peau de cette post-ado qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie.

Pour raconter l’histoire plutôt mystérieuse de Rosalie Blum, et surtout très drôle,  le réalisateur réunit ainsi dans le film une somme de talents qui ne demande qu’à éclore. Outre les deux précédemment cités, les membres de la bande d’Aude comme la psychotique Cécile (Sara Giraudeau), le loufoque colocataire (Philippe Rebbot) ne sont pas en reste, des visages déjà aperçus et sur lesquels on ne va pas tarder à pouvoir mettre des noms. Tous ces “Almost Famous” sont entourés d’expérience grâce au jeu toujours tout en délicatesse de Noémie Lvovsky (Camille Redouble) et à toute la causticité dont est capable Anémone.

Rosalie ou Amélie

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© SND

Oui, cette petite histoire extraordinaire entre personnes ordinaires peut nous rappeler une certaine Amélie, mais Julien Rappeneau prouve ici que même sans le super décor qu’est la ville de Paris, et sans recourir à des astuces fantastiques, on peut émouvoir et faire du bien. Alors qu’Amélie était lancée comme un bolide sur une piste de Formule 1, Rosalie Blum tiendrait plus du pull tricoté avec patience et amour par une mamie pas tout à fait sénile. Pour trancher, on dira : différentes causes, mêmes effets ! Mais comme tout pull qui ne tiendrait pas vraiment chaud tant qu’il n’est pas fini, la dernière scène du film, la dernière pièce du puzzle, met chaque chose à sa place. Alors qu’on avait oublié le côté loufoque du début, tout prend néanmoins un sens et on finit en disant “Aaaaah ouiiii…” Ah oui, il avait encore un dernier tour dans son sac et on n’a jamais été aussi content de s’être aussi habilement fait mener en bateau !

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 23/03/ 2016
  • Distributeur : SND
Fanny N.

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