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#Gerardmer2016 – Évolution (2015) & Jeruzalem (2015)

Dernière mise à jour : avril 7th, 2020 at 07:29 pm

 

Ah, direction la France et Israël pour le 4ème jour du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer en tant que Jury Syfy avec 2 films en compétition : Évolution (2015) de Lucile Hadzihalilovic et JeruZalem (2015) de Doron et Yoav Paz.
       
Le temps pluvieux aujourd’hui sur le festival nous a donné une bonne raison de nous enfermer dans les salles de cinéma pour profiter des projections du festival mais aussi d’écouter 2 belles rencontres organisées à la Mairie de Gérardmer avec le cinéaste chilien Alejandro Jodorowsky et le réalisateur français Claude Lelouch. Côté compétition, les films sélectionnés nous auront entrainé d’un village isolé aux pratiques étranges à une ville multiculturelle au bord de l’Apocalypse. Grrrrr….

Évolution, la critique

 

Synopsis :

Nicolas (Max Brebant), 11 ans, vit avec sa mère (Julie-Marie Parmentier) dans un village isolé au bord de l’océan, peuplé uniquement de femmes et de garçons de son âge.

Prix du Jury et Prix de la Critique, Évolution de Lucile Hadzihalilovic a été clairement le film OVNI du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer où il a divisé. En le récompensant d’un double prix, le jury présidé par Claude Lelouch et les critiques en ont souligné toute la beauté du geste artistique. Ce mélange entre conte fantastique et récit de science-fiction de Lucile Hadzihalilovic est une vraie et belle proposition cinématographique.

“C’est un film très personnel, un voyage plus qu’un récit. Il faut se laisser aller dans et sur l’île.”
– Lucile Hadzihalilovic

Les premiers plans du film commencent sous la mer, au milieu des poissons, des algues et des coraux. Au-dessus, le soleil et le ciel bleu. Le son est comme assourdi et composé de bruits de vagues et de vent. Puis la silhouette de Nicolas apparaît, vu du dessous. Il nage à la surface de la mer comme s’il nageait sur l’écran de la salle de cinéma. Puis Nicolas plonge sous l’eau et découvre un petit garçon mort avec une étoile de mer rouge sur lui.

Magnifique idée de cinéma qui résume toute l’idée du film : tout y paraîtra beau à la surface mais quand on y plongera avec le personnage principal pour y voir d’un peu plus près, ce sera la mort que l’on verra… et une étoile de mer.

La scène suivante est toute aussi belle et radicale : une plage de pierres volcaniques et des maisons toutes blanches au loin. Nicolas court prévenir sa mère de sa découverte du cadavre mais malgré les recherches, le corps a disparu. A-t-il rêvé ?

Film clairement immersif, Évolution décrit une atmosphère où images et sons résonneront différemment chez chacun des spectateurs. Le fil rouge de l’histoire où Nicolas s’interrogera sur ce qui se passe sur l’île — à l’âge de la puberté, les enfants sont endormis et d’étranges opérations sont pratiquées sur eux — sera lâche et risque de décevoir les spectateurs avides d’explication. Avec peu de dialogues, nous découvrons à travers les yeux du petit garçon cette étrange communauté où ne vivent que des femmes et des enfants. Pas d’adulte masculin, pas de personne agée. Les échanges entre enfants et adultes (entre mères et enfants compris) ne sont pas chaleureux. Il y a une neutralité dans les visages de chacun, même lors des étranges orgies sexuelles auxquelles s’adonnent chaque nuit les femmes sur la plage.

Si d’un point de vue scénaristique, l’absence de conclusion à la fin du film pourra dérouter, il est clair que les spectateurs qui accepteront de se laisser porter par ce voyage intérieur auront la si rare chance de vivre une vraie expérience de cinéma.

Bref, Évolution est une expérience à ne pas rater !

 

 

JeruZalem, la critique

 

Synopsis :

Deux jeunes Américaines (Yael Grobglas, Danielle Jadelyn)partent en vacances d’été à Jérusalem pendant les cérémonies du Yom Kippour. Mais cette escapade se transforme en véritable cauchemar quand semble s’ouvrir l’une des portes de l’Enfer. Et que sonne le jour du Jugement dernier…

Prix du jury ex-aequo, JeruZalem est un film found footage avec caméra subjective à la Cloverfied (2008) où tout le film n’est plus vu à travers une caméra mais à travers des lunettes avec une réalité augmentée, les Google Glass.

Ce parti pris d’un point de vue subjectif séduira clairement les jeunes, notamment avec l’usage régulier de Facebook, de Wikipédia et de Maps par les protagonistes. Et si le Jury présidé cette année par Claude Lelouch a souhaité le récompenser, c’est probablement par cette utilisation habile des possibilités offertes par les nouvelles technologies.

Mais si à l’image de Cloverfield, l’immersion au cœur de l’action est réussie sur le plan technique — les dysfonctionnements ponctuels des lunettes (“fatal error”) créant une blague récurrente dans le film —, le scénario de JeruZalem ne va pas hélas jusqu’au bout de son principe et ne répond pas à toutes les situations mises en germe par la spécificité de sa réalisation.

Bref, si JeruZalem pourra séduire par son concept, il laissera clairement sur sa faim au niveau de son récit. Dommage…    

 

 

En savoir plus :

Jean-Christophe Nurbel

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