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Dans la salle de presse des César 2016

Dernière mise à jour : novembre 15th, 2021 at 09:38 pm

Retour sur la Cérémonie des César 2016 mais cette fois-ci en salle de presse où pour la première fois, Bulles de Culture a été invité et a pu recueillir les mots des heureux lauréats. Morceaux choisis des réactions de Catherine Frot et Pierre-Jean Larroque (Marguerite), Philippe Faucon et Zita Hanrot (Fatima), Deniz Gamze Ergüven (Mustang), Benoît Magimel et Rod Paradot (La Tête haute), Cyril Dion et Mélanie Laurent (Demain)…

Fatima (2015) de Philippe Faucon

César 2016 Meilleur film, Meilleur espoir féminin, Meilleure adaptation

“Fatima est un film auquel j’ai commencé à penser alors que j’étais en préparation de La Désintégration, c’est-à-dire que j’avais à ce moment-là rencontré le petit livre de Fatima Elayoub et je l’ai rencontrée elle-même. S’est donc installé dans ma tête le projet d’un film qui n’était pas encore très clair mais qui sans doute s’installait là en complément du film que j’étais en train de faire. Et quand j’ai terminé La Désintégration qui était un sujet difficile, compliqué, dur, j’ai certainement eu le besoin de mettre à l’avant-plan des personnages qui étaient déjà présents dans La Désintégration mais à l’arrière-plan, comme à travers les personnages de la mère, de la sœur, du frère aîné du personnage principal. Donc j’ai eu le besoin d’en faire les personnages principaux du film à venir.”
Philippe Faucon, réalisateur et scénariste

« Je me suis énormément investie, ça m’a beaucoup habité ce tournage, c’était très intense et du coup, quand j’étais sur le plateau, j’avais cette volonté de servir au mieux cette histoire, ce personnage. Un peu comme Nesrine, le personnage que je joue, une espèce d’exigence et d’envie d’atteindre quelque chose de précieux.”
Zita Hanrot, actrice

Mustang (2015) de Deniz Gamze Ergüven

César 2016 Meilleur premier film, Meilleur Scénario Original, Meilleure Musique Originale, Meilleur Montage

“Un premier film, c’est une première prise de paroles et le fait de se dire que le message est passé, que le film était déjà audible et qu’il touche en plus, et aux 4 coins du monde, c’est plutôt extrêmement rassurant.
Il se trouve que je suis à la fois très turque et très française donc je me sens être les deux. Ensuite, le film est pétri de tout un tas de choses culturellement, soit françaises, soit turques. Quand Ayberk Pekcan, l’acteur qui joue Erol [NDLR : l’oncle], quand il a vu le film, il a dit : “ah ben, c’est un très bon film français.” Ça m’a étonné, ça m’étonne à chaque fois qu’on lui prête un peu trop une carte d’identité à ce film et le cinéma ne connaît pas vraiment de frontières. Pour moi, c’est un film en turc et tout à fait un film français et c’est un film qui a eu une vie sans frontière.”
Deniz Gamze Ergüven, réalisatrice et co-scénariste

“Le plus gros défi, ce n’était pas forcément de monter dans une langue [NDLR : la langue turque] que je ne connaissais pas du tout mais plutôt de retranscrire et d’interpréter le film que voulait faire Deniz, en tout cas, les sensations et les retranscrire au montage.”
Mathilde Van de Moortel, monteuse

Marguerite (2015) de Xavier Giannoli

César 2016 Meilleure actrice, Meilleurs décors, Meilleurs costumes, Meilleur son

“Il y a 3 jours, je me suis vue monter et c’était trop bizarre. J’y croyais très fort en fait. J’étais presque sûre, c’est bizarre. Si je ne l’avais pas eu, je me suis dit que ce serait pour une prochaine fois. Mais j’avoue, je me suis vue. Parce que je sens bien que Marguerite a particulièrement touché les gens.
Ce sont des personnages qui vous dépassent, l’acteur devient petit face à son personnage.
C’est amusant de chanter faux pour une actrice. C’est drôle, il suffit de brailler un bon coup et voilà. À la fois, c’est une amoureuse et à la fois il y a une dimension tragique et dérisoire très intéressante dans le film. Le film a une ambition et une rareté, en ce sens, que c’est un personnage assez mystérieux, en fait.”
Catherine Frot, actrice

“Moi, j’arrive avec ma vision de l’histoire mais je dois être complètement ouvert pour aider le comédien à rentrer dans son rôle. Donc il ne faut surtout pas arriver avec des idées pré-conçues et il faut rester ouvert pour construire le personnage avec eux.”
Pierre-Jean Larroque, chef costumier

La Tête haute (2015) d’Emmanuelle Bercot

« Elle [NDLR : Emmanuelle Bercot, la réalisatrice du film] sait tirer le meilleur de vous-même, elle a des convictions fortes. Elle est toujours en train de s’identifier à ses personnages, elle est toujours en recherche. Les acteurs-metteurs en scène sont vraiment  des directeurs d’acteurs.
La carrière d’un acteur, c’est une course de fond, il faut être patient. J’ai refusé des rôles car je ne me sentais pas assez mûr, pas assez dense pour les faire. (…) Un rôle comme celui de cet éducateur arrive à un moment donné dans ma carrière, dans ma vie, c’est important. Et ce prix compte énormément pour moi.
Benoît Magimel, acteur

« Mon grand espoir est que j’espère que dans chaque film, je serais toujours bien et que j’arriverais toujours à défendre mon personnage.
Tourner dans une prison, ça met directement dans l’état, la tristesse, dans toutes les émotions possibles pour Malony [NDLR : son personnage]. C’est assez spécial et lourd mais cela met vite dans l’état.
Le film m’a fait découvrir beaucoup de monde dans le milieu du cinéma, m’a donné envie de dévorer beaucoup de films, de dévorer beaucoup de court-métrages, de faire plein de choses, d’écrire… »
Rod Paradot, acteur

Demain (2015) de Cyril Dion et Mélanie Laurent

César 2016 Meilleur film documentaire

« J’avais écrit le film car j’avais créé un mouvement avec Pierre Rabhi qui s’appelle Colibri et je voyais bien qu’on n’arrivait pas à mobiliser les gens. On leur montrait des documentaires qui étaient catastrophistes, on passait notre temps à faire des campagnes pour expliquer tous les problèmes du monde et que ça, ça ne donne pas envie aux gens d’agir et que peut-être, il fallait à la fois montrer des choses qui marchent, qu’il fallait raconter une histoire possible pour demain, et que ça, c’était peut-être l’étape suivante après le film d’Al Gore [NDLR : Une vérité qui dérange (2006) de Davis Guggenheim], après tous ces films qui étaient très nécessaires, qui avaient posé le constat mais dont les gens sortaient en nous disant : ok, mais qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
On a besoin de se brosser une vision de l’avenir et que là dans ce film, on essaie à la fois de donner de l’espoir, on essaie de montrer des choses qui marchent — que ce soit pour l’économie, l’agriculture, l’éducation ou la démocratie —, et que c’est un besoin fondamental. Je crois qu’on arrivait un peu comme l’eau sur la terre sèche.
Mélanie a vraiment apporté tout son talent et toute sa sensibilité pour faire en sorte que ça ne soit pas simplement un propos qui explique des choses mais que ça puisse être touchant et émouvant.”
Cyril Dion, co-réalisateur

« Ce qui est éreintant et en même temps jouissif sur un documentaire, c’est le manque de temps permanent. On arrive et on a 2h pour faire des plans de coupe, présenter quelqu’un, présenter son lieu, son travail, sentir quelque chose d’humain. Je crois qu’on a réussi à se partager les choses de la manière la plus intelligente. On a commencé au début à faire tout ensemble et en fait, on ratait toujours quelque chose, on ratait toujours le plan un peu « beauté » et on ratait toujours l’émotion de la personne qui nous voyait toujours courir partout. À partir du moment où on a séparé nos « travaux »… c’est-à-dire que je occupais beaucoup plus de l’image pendant que Cyril s’occupait des gens et les préparait, faisait les interviews et avait un vrai rapport humain avec eux. Et après les gens qu’il avait choisis, je les trouve très beaux, très cinématographiques, ils ont une espèce d’espoir, ce sont des gens qui ont beaucoup d’humour. Donc il suffit juste de les filmer comme dans n’importe quel film de cinéma.
Mélanie Laurent, co-réalisatrice

 

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Jean-Christophe Nurbel

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