Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
Les chevaliers blancs- affiche

Critique / “Les Chevaliers Blancs” (2015) de Joachim Lafosse

Dernière mise à jour : décembre 4th, 2019 at 03:37 pm

13 novembre, 2015, plus que jamais le cinéma est utile pour rire, pour s’évader ou pour tout simplement faire un état du monde. Le Forum des images offre un Festival Un état du monde… et du cinéma du 13 au 22 novembre 2015 avec un film d’envergure en ouverture : Les Chevaliers Blancs de Joachim Lafosse. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.    

Synopsis :

Le film est tiré de l’histoire vraie de l’Arche de Zoé. Jacques Arnault (Vincent Lindon) est le président de l’ONG Move for Kids. Il arrive en Afrique avec son équipe, dont sa compagne Françoise (Louise Bourgoin) et une journaliste (Valérie Donzelli), pour préparer l’évacuation clandestine de 300 orphelins vers la France pour les faire adopter par des parents candidats qui ont financé l’opération. Cachant à la population leurs réelles intentions, les membres de l’association utilisent la corruption pour convaincre les chefs des villages de coopérer. L’argent va vite ternir la vision humaniste de l’opération.  

Les Chevaliers Blancs : une vision didactique

Les chevaliers blancs - photo
© Fabrizio Maltese/Versus Productions/Les films du Worso

Sans connaitre tous les détails de l’affaire, Joachim Lafosse va créer avec Les Chevaliers Blancs une fiction d’une affaire qui a fait un grand bruit médiatique. Pour ce faire, il occulte tout le côté judiciaire pour se concentrer uniquement sur la genèse du dossier. De ce fait, l’intrigue se déroule uniquement en Afrique.

Le rythme dramaturgique lent pose des bases solides à la compréhension. On voit dans les premières scènes  l’équipe de Move for Kids s’installer dans cette contrée rongée par la guerre civile. L’instigateur du projet essaie de recruter des locaux dans une immense cohue, montrant à la fois les difficultés du peuple africain pour vivre et laissant apparaitre le rapport de domination que peuvent avoir les Français avec ce peuple autochtone.

Une évolution dramatique bouleversante

Les chevaliers blancs - photo
© Fabrizio Maltese/Versus Productions/Les films du Worso

Sans aucune prise de position de la part de Joachim Lafosse, le spectateur se demande si les faits rapportés sont autant condamnables que l’issue judiciaire. L’évolution de la caractérisation des personnages tout au long du film Les Chevaliers Blancs renforce cette incertitude. Au début, la volonté de sauver un peuple en détresse est prédominante. Move for Kids semble bienfaiteur.

Le rapport se noircit lorsque les personnages commencent à sortir les billets de banque, renforçant ce rapport de domination évoqué au-dessus. Officiellement, ils n’achètent pas des enfants mais donnent de l’argent pour aider les villages afin de recueillir leurs orphelins. Évidemment, la corruption est là puisque ce sont les chefs de villages qui s’enrichissent.

La machine s’emballe et devient atroce lorsque, sans savoir le sort réservé aux orphelins, des mères donnent leurs enfants à l’association en acceptant de ne plus jamais les revoir. La compassion du spectateur est à son paroxysme et le pari de Joachim Lafosse est alors gagné. 

Une technique discrète

La force des images de Joachim Lafosse émane de leur discrétion. On est dans une caméra objective, à l’instar de celle de la journaliste accompagnant l’association jouée par Valérie Donzelli. A la différence que le réalisateur ne fera pas l’erreur de l’attachement. On sent que sa pudeur lui dicte de ne pas donner son point de vue mais de laisser l’histoire se dérouler. La musique du film Les Chevaliers Blancs, composée par Sasha Ring, est également très discrète. On y prête davantage attention lorsque vient la scène finale. 

Un beau casting

Honoré de son prix Cannois pour La loi du Marché, on a plaisir à retrouver Vincent Lindon, toujours à la pointe des rôles sociologiques. Toujours en sobriété, il réussit à faire passer des sentiments. Il ajoute ici à sa filmographie un rôle très ambigu dans lequel il semble, comme toujours, se donner avec attachement.

Louise Bourgoin est plus que jamais crédible en femme forte à la poigne exemplaire et à l’audace affirmée.

Valérie Donzelli et Reda Kateb complètent ce casting intriguant.

En savoir plus :

  • Date de sortie France: 20/01/2015
  • Distribution France : Le Pacte

Page suivante, retrouvez la programmation du Festival Un état du monde… et du cinéma

Antoine Corte

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.