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Critique / “Les 8 salopards” (2015) : 8 clos pour Tarantino

Dernière mise à jour : octobre 7th, 2021 at 08:23 am

Le chiffre “8” porte bonheur au réalisateur Quentin Tarantino qui revient pour la 8e fois derrière la caméra (en comptant les volets Kill Bill comme un seul et même film) avec Les 8 Salopards (The Hateful Eight), western moderne et ultra-violent. La critique et l’avis film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth (Kurt Russell), dit Le Bourreau, emmène sa prisonnière, Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren (Samuel L. Jackson), un ancien soldat noir lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix (Walton Goggins), le shérif novice de Red Rock. En pleine tempête, le groupe décide de stopper leur voyage dans une auberge où séjournent déjà quatre personnages : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Le calme apparent va vite se révéler trompeur et les cadavres vont pleuvoir….

Les 8 Salopards : une écriture inspirée de Django Unchained

Les 8 salopards photo
© 2015 The Weinstein Company. All Rights Reserved.

Quentin Tarantino a révélé que l’idée de départ de Les 8 Salopards est issue du tournage de son précédent film Django Unchained (2012), plus grand succès en salles du réalisateur. Ce film était déjà un pur western avec un pitch centré sur le monde esclavagiste.

Le problème que le cinéaste a rencontré dans son projet de faire un sequel de Django Unchained, c’était son personnage principal : Django, interprété à l’époque par Jamie Foxx. Alors qu’il était en France pour recevoir un Prix Lumière du Festival Lumière de Lyon en 2013, Tarentino s’était rendu compte qu’il ne voulait pas raconter l’histoire d’un seul personnage. D’où son désir de faire un film choral sans héros et où l’ensemble des protagonistes aurait un rôle essentiel.

Ce concept est couronné de succès dans Les 8 Salopards car les 8 acteurs charismatiques castés arrivent tous à trouver leur place, sans pour autant phagocyter le jeu des autres. Et si on croit qu’ils ne sont que 8 à porter ce film, quelques guest-stars se sont aussi invités en cours de route, notamment le talentueux Channing Tatum qui rajeunit ainsi le public de Tarantino.

La redécouverte des codes de Tarantino

Avec Les 8 Salopards, le public est projeté dans un film comportant l’ensemble des codes cinématographiques du réalisateur.

Tout d’abord, on retrouve du Pulp Fiction (1994) avec cette notion de chapitrages et de retours en arrière permettant d’éclaircir des éléments-clés de l’intrigue. Ici, la narration est même davantage structurée puisque deux grandes parties (séparées par un entracte pour la version 70mm) contiennent diverses sous-parties :

  • la première grande partie, un peu longuette, pose le décor. Le spectateur s’est habitué au huis clos, déjà utilisé dans Réservoir Dogs (1992). Il est également confronté à de longs et bavards dialogues qui constituent la patte du cinéaste dans la plupart de ses films ;
  • dans la deuxième grande partie, on retrouve sa prédisposition à une barbarie gratuite, ici à coup de cervelets sur les murs et de sang sur les vêtements. Toujours dans un contexte de séries B, le cinéaste va plus loin que le massacre de la mafia chinoise dans Kill Bill (2003). On se retrouve en effet dans un carnage sadique et jouissif.

Le faible enjeu dans la dramaturgie de cette seconde partie ne doit pas gêner puisque qu’il constitue une particularité de Quentin Tarantino qui a toujours privilégié l’esthétique à l’histoire.

Enfin, côté musique, Ennio Morricone est à la baguette de la bande originale du film. Le compositeur emblématique de Sergio Leone a créé un thème minimaliste mais extrêmement efficace que le public va garder en tête. Cela participe à créer un univers intriguant, cosy mais également terrifiant dans le film.

Une expérience cinématographique vintage

Si vous optez pour une séance en 70mm de Les 8 Salopards, vous allez vivre une vraie expérience de cinéma vintage.

Tout d’abord, le format Panavision de l’image fait ressortir les grands espaces neigeux et la force des éléments naturels. Un deuxième projecteur est même utilisé pour pouvoir projeter les sous-titres.

Ensuite, comme dans les séances d’antan, une musique d’ouverture précède l’ouverture du rideau et la projection du film sur l’écran.

Enfin, les 3h15 du film, avec des scènes inédites par rapport à la version  numérique, sont coupées par un entracte. On est dans la nostalgie d’un cinéma perdu.

Après Les 8 Salopards, Quentin Tarantino n’en a pas fini avec les westerns puisque le réalisateur vient d’annoncer la mise en chantier d’une mini-série pour la télévision adaptée de ce genre. Quentin Tarantino est-il sur le point de devenir le nouvel Sergio Leone ?

À suivre…

En savoir plus :

Antoine Corte

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