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Le Sur-Vivant (2015) de Reinhold Messner

Dernière mise à jour : mars 25th, 2019 at 12:30 pm

Reinhold-Messner-Le-Sur-Vivant-couvertureReinhold Messner est souvent présenté comme le plus grand alpiniste de notre temps : il fut le premier à gravir les quatorze sommets de 8 000 mètres et à réussir l’ascension de l’Everest sans l’aide de l’oxygène en 1978. Il raconte son parcours dans son autobiographie, Le Sur-vivant, parue en France en 2015.
    

Synopsis :

Reinhold Messner, né en 1944 et originaire du Tyrol du Sud, a grandi au sein d’une famille nombreuse. Très tôt attiré par la nature, la montagne et le monde sauvage, il vit une existence d’enfant assez libre. En grandissant, le jeune Reinhold  a du mal à rentrer dans le moule de notre « société civilisée ». Il suit un cursus universitaire sans grande conviction, alors qu’il éprouve une véritable passion pour l’escalade extrême…

     
70 ans, 70 thèmes
    

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© D.R.

     
L’autobiographie de Reinhold Messner se présente sous la forme de trois parties distinctes, intitulées :

  • « S’exercer à vivre »
  • « Survivre »
  • « Sur la vie »

Elles sont chacune accompagnées de cahiers de photos et déclinées en soixante-dix thèmes très larges portant sur des notions essentielles de l’existence comme le courage, la peur, la quête, la religion, le destin…  

Farouchement attaché à l’idée de liberté et n’ayant jamais calqué son comportement sur les conventions sociales, Messner a mené sa vie guidé par sa « nature intime », des « lois intérieures » qui n’ont rien à voir avec des principes moraux : « quand on agit comme il faut et qu’on est engagé dans ce qu’on fait, on ne se demande pas si l’on est heureux ou si cela a un sens. Nous sommes le sens, et nous n’avons plus besoin de chercher le bonheur. Il est présent » (p. 212).

Ces petits chapitres laissent donc une large part à l’exposé de leçons de vie, toutes tirées de l’expérience de l’alpiniste et de l’aventurier ; elles sont étroitement liées au récit de la vie de l’auteur.
     

Un aventurier de l’extrême
   

Reinhold Messner raconte ses ascensions et expéditions : dans les Dolomites où il fait ses débuts, sur l’Himalaya jusqu’au sommet de l’Everest ainsi que sur les hauts plateaux de Nouvelle Guinée où il se retrouve à traverser la forêt équatoriale avant d’atteindre la paroi du Puncak Jaya. Plus tard dans son existence, il entreprend de traverser le continent antarctique mais aussi la banquise arctique ou encore le désert de Gobi. Toutes ces aventures ont en commun d’être audacieuses et périlleuses.

Rien n’est plus éloigné de Messner que l’alpinisme pratiqué comme un tourisme : ces aventures sont l’occasion « d’explorer des territoires où l’homme civilisé ne sait plus se débrouiller », afin de comprendre comment « les hommes des premiers âges, des groupes minuscules qui n’avaient que leurs seules forces, étaient parvenus à survivre dans leur environnement sauvage » (p. 172).

Partisan d’un alpinisme traditionnel, il nous fait part de ses admirations. Il rend hommage aux anciens qui connaissaient la montagne et ses dangers ; il évoque également l’alpiniste écossais Dougal Haston, la Japonaise Junko Tabei, première femme à atteindre le sommet de l’Everest,  l’Américain Dean Potter qui a gravi Reticent Wall à El Capitain au Yosemite en moins de trente-cinq minutes, son partenaire Peter Habeler…

Enfin, cette existence exceptionnelle ne fut pas épargnée par la tragédie : le frère de Reinhold, Günther, disparut dans une avalanche sur le Nanga Parbat en 1970. Ce drame se doubla d’une véritable crise puisque Reinhold Messner, ayant survécu, fut accusé d’avoir abandonné son frère dans la descente. Cette diffamation ne prendra fin qu’avec la découverte du corps de Günther en 2005.
     

Un homme engagé
      

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© D.R.

     
Le passionné d’alpinisme trouvera dans l’autobiographie de Reinhold Messner le récit d’exploits mais tout lecteur, quel qu’il soit, y lira avec intérêt le parcours d’un homme hors du commun, expérimenté, à la fois prudent, audacieux et exigeant avec lui-même. Après avoir rencontré l’adversité et côtoyé la mort à de multiples reprises dans des conditions extrêmes, Messner ne cesse d’interpeller l’individu moderne et urbain sur ses valeurs et ses modes de vie, notamment la consommation à outrance.

Le monde sauvage a ses propres lois et Messner nous exhorte à la prudence et à l’humilité face à cette dimension qui outrepasse nos petits cadres de références humains. Pour un homme qui fut aussi engagé en politique sur la liste des Verts aux côtés de Daniel Cohn-Bendit, c’est un appel à la sobriété et à mettre un terme au gaspillage des ressources de la planète.

Ce qui est valable dans le monde sauvage ne l’est-il pas tout autant dans le contexte de nos sociétés modernes qui donnent l’illusion de pouvoir tout contrôler ?

Le Sur-vivant est donc une autobiographie atypique qui relate le parcours extraordinaire d’un homme libre qui s’est forgé ses convictions à partir de ses propres expériences.

À découvrir…
        

En savoir plus :

Marie-Laure Surel

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