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Les Trois Derniers Jours d'Un Facteur Poilu - affiche

Les trois derniers jours d’un facteur poilu, un moment rare de théâtre

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:06 am

Les Trois Derniers Jours d'Un Facteur Poilu - affiche
Alexis Smolen et Kevyn Diana se donnent brillamment la réplique dans Les trois derniers jours d’un facteur poilu, sous la direction de Gérard Pirodeau, au Théâtre du Gymnase à Paris. A travers l’histoire de deux poilus abîmés par la guerre, la pièce donne à voir, avec beaucoup de justesse, une parcelle de l’enfer.

Synopsis :

Samedi 9 novembre 1918. Roger Perrin (Alexis Smolen), facteur blessé à la jambe et Théodore Lagrange (Kevyn Diana), agriculteur illettré et aveugle depuis qu’il s’est fait gazer, sont enterrés vivants dans une tranchée. Ensemble, ils tentent, par leurs confidences mutuelles, de vaincre les heures qui défilent…en attendant la fin.

 

Un sujet classique mais revisité

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© D.R.

La guerre de 1914-1918, les tranchées, les blessures, l’atrocité des combats, la mort qui rôde. Autant de sujets très largement abordés, mais la pièce de Gérard Pirodeau ne passe pas inaperçue parmi toutes les créations artistiques sur ce thème. Les trois derniers jours d’un facteur poilu évite l’écueil du pathos et offre au spectateur un dialogue entre deux personnages qui sonne juste et ne lasse pas. La rencontre entre Roger, facteur de son état, dont on connaît l’intérêt pour l’engagement politique et Théodore, agriculteur illettré, a pour toile de fond la guerre. Mais c’est aussi une vision de l’humanité qui est présentée au spectateur : la naissance d’une amitié, le souvenir des jours heureux qu’ils évoquent ensemble, soit la vie de deux français avant d’aller au front et vivre les heures les plus sombres.  

Une mise en scène et un jeu très justes

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© D.R.

La mise en scène relativement épurée permet au spectateur de se concentrer sur l’essentiel : le dialogue réussi entre les deux comédiens, Alexis Smolen et Kevyn Diana. Gérard Pirodeau a choisi un seul décor, judicieusement renouvelé au gré d’une bougie qu’allume et éteint le personnage de Roger Perrin. Les deux acteurs jouent à même le sol, évoquant l’inconfort des tranchées et leur enfermement forcé. La pièce se donne au Studio Marie Bell au Théâtre du Gymnase, un atout supplémentaire : la cave voûtée ajoute à l’atmosphère étouffante que requiert le sujet abordé. Enfin, la musique constitue la pierre angulaire de la pièce. Théodore Lagrange, qui ne sait ni lire ni écrire, est musicien. A plusieurs reprises, le personnage joue de l’accordéon, dont la musicalité appelle la mélancolie. Les airs qui résonnent sont de véritables tirades.  

Un texte superbe

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© D.R.

Nul besoin d’alexandrins pour émouvoir. La pièce de Gérard Pirodeau est une vraie réussite. Elle est construite sur une question universelle : l’attente d’une mort imminente et inévitable. A l’horreur, les personnages opposent leur humanité. Chacun, pour le temps qu’il reste, se nourrit des différences de l’autre. Chacun essaie de s’attendrir et de sourire une dernière fois. Au-delà du thème de la guerre, Les trois derniers jours d’un facteur poilu renouvelle la question de la vanité du divertissement face à la mort. Une grande leçon de vérité et une pièce à voir absolument.
    

    
En savoir plus :

  • Les trois derniers jours d’un facteur poilu au théâtre du Gymnase (Paris, France), du 13 septembre 2015 au 31 janvier 2016, le dimanche à 18 h et le lundi à 20h
Agathe M.

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