Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
[CRITIQUE] "Manglehorn" ( 2015) de David Gordon Green 1 image

[CRITIQUE] “Manglehorn” ( 2015) de David Gordon Green

Dernière mise à jour : mars 25th, 2019 at 12:27 pm

Après Les Derniers affranchis de Fisher Stevens sorti de façon plutôt confidentielle en France en 2013, Al Pacino revient au cinéma dans Manglehorn de David Gordon Green. Très loin de ses personnages de flic ou de voyou auquel celui qui incarna Michael Corleone dans la saga Le Parrain nous a habitué, cette interprétation d’un homme solitaire se transformera-t-elle en retour gagnant ?

Synopsis :

A.J. Manglehorn (Al Pacino), serrurier solitaire vivant dans une petite ville, ne s’est jamais remis de la perte de l’amour de sa vie, Clara. Obsédé par son souvenir, il ne trouve de réconfort que dans son travail et sa routine personnelle. Outre son chat devenu le centre de son univers, les seuls autres êtres qui semblent retenir un tant soit peu son attention sont son fils (Chris Messina) et son ancien protégé (Harmony Korine). Cependant une relation, pourtant anodine au départ avec une guichetière à la banque (Holly Hunter), va l’amener à choisir entre rester enlisé dans le passé et vivre dans le présent.
[CRITIQUE] "Manglehorn" ( 2015) de David Gordon Green 2 image
 © The Jokers / Le Pacte

Un homme solitaire

Manglehorn est donc un homme solitaire et on peut dire que David Gordon Green met une certaine application – et beaucoup de temps ? – à nous démontrer cet état de fait. En effet, le réalisateur nous emmène parfaitement dans l’univers du serrurier et nous plonge dans son quotidien en amoindrissant – comme dans un brouillard – tout ce qui se passe autour de lui. Le summum est atteint lorsque le personnage passe sans réagir devant un gigantesque carambolage, les bruits que ne peut manquer d’ engendrer une telle scène étant dominés par les ronronnements de Fannie, sa chatte.
Oui, Manglehorn vit englué dans son passé et dans SA réalité. Pire, on est lui et on comprend ses réactions face aux choses qui l’ennuient.


Un homme peu ordinaire

[CRITIQUE] "Manglehorn" ( 2015) de David Gordon Green 3 image
 © The Jokers / Le Pacte
Bien que serrurier, métier à priori ordinaire, Manglehorn (toujours lui) est loin de l’être. Alors même qu’il ne semble jamais pressé de quitter sa maison – celle-ci est d’ailleurs toujours nimbée d’obscurité comme une métaphore de son état nostalgique -, le personnage exerce une fascination sur les gens qu’il croise au quotidien.
Fascination amoureuse d’une Holly Hunter qui est attendrissante dans son rôle de femme ordinaire, limite bécasse, ou fascination proche de l’idolâtrie d’un Harmony Korine très convaincant en adulescent pas complètement revenu de Spring Break !
Totalement à l’inverse d’un Walt Kowalski dans Gran Torino, il détourne sa colère sur les objets et non pas sur les gens. Loin d’être un taiseux, il n’hésite pas à partager ses idées arrêtées, tout cela avant de rentrer guetter avec une régularité quasi-religieuse un signe de sa dulcinée perdue.

Mais qui est cet homme ?

[CRITIQUE] "Manglehorn" ( 2015) de David Gordon Green 4 image
 © The Jokers / Le Pacte
Un personnage haut en couleur donc autour duquel tourne évidemment le film et c’est là que tout se complique. En effet, on n’arrive pas trop à faire la part des choses entre le charisme fictionnel du personnage et celui réel de l’acteur.
Regarde-ton le film parce qu’on croit à cette histoire d’un homme qui se soustrait au monde car, comme disait Lamartine, “un seul être vous manque et tout est dépeuplé”, ou parce qu’on a l’impression – effet voulu par le réalisateur ? – de rentrer dans l’intimité du mythique Al Pacino ?
Ne supporte-t-on pas l’enfilade de ces scènes quotidiennes ou surréalistes – comme ce gros plan sur les sutures réalisées sur un chat (explications chirurgicales incluses) – parce qu’on a en filigrane le timbre si particulier – voire érotique – d’Al Pacino en voix-off ? Que celle qui ne succomberait pas à cette voix qui vous dirait “t’aimer est la seule bonne chose que j’ai faite de toute ma vie”, me jette la première pierre !
Est-ce parce que qu’il y a Al Pacino dans le film que l’on s’attend à ce qu’il s’y passe un truc extraordinaire ?
Toujours est-il qu’il n’arrive rien de rocambolesque dans le film, on reste dans une (fausse) simplicité qui pourrait n’avoir rien d’excitant s’il n’y avait l’imparable magnétisme de ce cher Al Pacino. Et ça, ce n’est pas rien ! Mieux, cela mérite toujours le déplacement.
C’est donc peut-être là que réside le problème du film : vouloir faire rentrer ce grand acteur dans le petit costume d’un homme ordinaire sans que personne ne veuille vraiment y croire.
Personne, y compris le réalisateur lui-même ?
Et vous ?

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 03/06/2015
  • Distribution France : The Jokers
Fanny N.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.