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Critique DVD / “Boyhood” (2014) : le DVD prolonge l’expérience

Dernière mise à jour : février 2nd, 2021 at 10:15 pm

La sortie DVD du film Boyhood de Richard Linklater est l’occasion de plonger à nouveau dans ce projet original tourné petit à petit durant 12 années. L’avis et la critique DVD de Bulles de Culture.

Synopsis :

Tourné au Texas sur une douzaine d’années, le film est une chronique sur  Mason Jr. et sa famille qui comprend notamment sa sœur Samantha, son père Mason Sr. et sa mère Olivia. Multiples déménagements, nouveaux amis, premiers émois amoureux, mariage, divorce et autres petits et grands moments de la vie rythment le quotidien de cette famille jusqu’à la majorité du petit Mason.

Critique du film Boyhood

Extrait de la critique de Bulles de Culture sur le long métrage Boyhood écrite lors de sa sortie dans les salles de cinéma :

Richard Linktaker est un réalisateur qui aime les défis, que ce soit de suivre tous les neuf ans et en trois films l’histoire d’un couple dans trois pays différents (Before Sunrise [1995], Before Sunset [2004], Before Midnight [2013]), ou que ce soit de mettre en images animées (prises de vue réelles mais retouchées en post-production) une nouvelle de Philip K. Dick (A Scanner Darkly, 2006).

Aussi, rien d’étonnant à le retrouver aux commandes de cet ambitieux projet de suivre les mêmes comédiens de 2002 à  2013, dont le petit Mason (de ses 6 ans à ses 18 ans). Prouesse que seule la déclinaison d’une série télévisée sur plusieurs saisons permettaient jusque-là d’observer sans trucage.

Critique du DVD Boyhood

Les bonus du DVD de Boyhood sont divisés en trois parties : une interview du réalisateur (33 minutes), Grandir devant les caméras (9 minutes) et Les coulisses du tournage ( 18 minutes). Leur présentation n’est pas à l’image du film car elle manque de fantaisie. C’est dommage car c’est un film tellement personnel !

Dans le détail, les parties 1 et 3 s’adressent selon moi à de véritables fans du film ou de l’un des acteurs ou encore à des personnes désirant comprendre dans le détail la façon dont a été tourné le projet — les tenants et aboutissants, les difficultés rencontrées —. L’interview de Richard Linklater, le réalisateur, dure 33 minutes en plan statique — il faut s’accrocher ! —, avec quelques séquences de tournage ou du film. Mais elle offre un espace pour le réalisateur et s’affiche presque comme une note d’intention.

Ce qui présente le plus d’intérêt est la partie 2, Grandir devant les caméras,  qui bien que redondante avec l’interview du réalisateur, est enrichie d’interviews des acteurs et de séquences du film. Ce mini-documentaire sur le tournage retrace les 12 années du projet. On y voit l’évolution des intervenants principaux, leur approche du sujet.

Enfin, la partie 3, Les coulisses du tournage, est un montage des coulisses du tournage sans commentaire. À moins d’être un ultra fan, il y a peu d’intérêt à mon sens.

Les bonus permettent d’approfondir la thématique du film

Les interviews du réalisateur et des acteurs – très investis dans le projet – permettent d’entrer un peu plus en finesse dans les détails du projet. Ou de mettre des mots sur une thématique que l’on comprend plus d’une manière organique, sensorielle.

Car Boyhood est un film sur l’enfance et la parentalité, construit sur une longue durée. Il cherche à montrer l’évolution de chacun (notamment le père qui opère une véritable métamorphose).

Et le réalisateur a voulu démontrer que ce qui construit une vie, ce ne sont pas (uniquement) les grandes étapes mais surtout les instants ou les petits bonheurs que nous gardons en mémoire. Comme dans la scène touchante du départ à la fac de Mason, « la fois où j’ai cru que tu étais dyslexique, quand je t’ai appris à faire du vélo ».

Bien qu’un peu long, Boyhood est un film subtil et délicat, incarné à merveille par un jeu d’acteurs très intérieur et sensible.

Dans l’interview Douze ans de réflexion, entretien avec Richard Linklater, on comprend que « la forme s’est adaptée au contenu », le concept n’est pas le point de départ mais ce que Richard Linklater avait envie de filmer, de transmettre. Même s’il se défend d’avoir un grand message à faire passer.

Le résultat est d’ailleurs tout aussi humble que lui. C’est une « histoire sur le temps qui passe et comment on grandit et tout ce qu’on apprend sur soi».

Une épreuve de patience et de persévérance

Les bonus permettent de comprendre pourquoi le projet a été construit sur 12 ans : aux États-Unis, le système éducatif va de la 1ère à la 12ème année : « enfant, je le voyais comme une peine de prison quasiment », « après ça, je pensais que je serais adulte et libre ».

Le temps qui passe, thématique central, y est « milkée » de façon originale. Car Richard Linklater a eu la volonté de réaliser un film « historique mais dans le présent ». Le temps est donc matérialisé par les éléments phare d’une époque, qu’ils soient technologiques (l’évolution des consoles de jeu, le premier iMac), culturels (Star Wars, Harry Potter) ou politique (la campagne d’Obama en 2008).

Le réalisateur évoque également l’intensité du casting où il a sélectionné un enfant de 6 ans en se demandant ce qu’il deviendrait à 18. Il l’a choisi car il était le plus « pensif et rêveur » et pour son « un côté éthéré ».

Je ne sais pas si c’est le premier film tourné sur 12 ans
mais je sais pourquoi personne ne veut le faire.

Richard Linklater  aborde ensuite l’immense complexité logistique, les difficultés à organiser le planning de tournage — accorder les agendas de tout le monde —,  à trouver un financement et plus positivement, l’incroyable implication des acteurs et de l’équipe de tournage qui a grandi au fil des années.

D’un point de vue technique, le film a été tourné sur pellicule en 35mm pour conserver la fluidité dans les images et « pour éviter les images visuellement datées ».

Boyhood est un projet ambitieux et un film imparfait, avec des longueurs, mais dont la sincérité touche en plein cœur. On y suit Mason, de l’âge de 6 à 18 ans et la question centrale posée par un de ses enseignants résonne en chacun de nous bien après la fin du film : « Qui veux-tu être Mason ? Que veux-tu faire ? »

En savoir plus :

  • Disponible en Double DVD et Blu-Ray chez TF1 Vidéo depuis le 18 février 2015
Marjolaine Gaudard

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