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Discount de Louis-Julien Petit affiche film cinéma
Affiche du film "Discount"

Critique / “Discount” (2014) : sourire, bonjour, au revoir, merci !

Dernière mise à jour : juin 18th, 2023 at 08:00 pm

Prix du Public au Festival du Film Francophone d’Angoulême en 2014, Discount, comédie sociale de Louis-Julien Petit, arrive en salles avec l’ambitieux projet de mener la révolte dans le hard-discount. Solidaire ? La critique et l’avis film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Pour lutter contre la mise en place de caisses automatiques qui menacent leurs emplois, Gilles (Olivier Barthelemy), Christiane (Corinne Masiero), Alfred (Pascal Demolon), Emma (Sarah Suco) et Momo (M’Barek Belkouk), employés d’un supermarché hard-discount, créent clandestinement leur propre « Discount alternatif », en récupérant des produits qui auraient dû être gaspillés…

Discount : un premier film inspiré d’une histoire vraie

Discount de Louis-Julien Petit image film cinéma
Olivier Barthelemy, Corinne Masiero dans le film “Discount” © Wild Bunch Distribution

Premier long métrage de Louis-Julien Petit, Discount nous plonge dans le milieu très dur de la grande distribution. Aux côtés d’une Corinne Masiero — déjà caissière dans De Rouille et d’os (2012) de Jacques Audiard -, Olivier Barthelemy (Largo Winch II, Aux yeux de tous), Pascal Demolon (série Pigalle, la nuit, Radiostars), Sarah Suco (L’Enquête) et M’Barek Belkouk (La Marche) campent des personnages victimes de cet univers aliénant où tous les moyens sont bons pour limiter les coûts.

Le film est d’ailleurs inspiré d’une histoire vraie : une caissière d’un hypermarché accusée de vol par ses supérieurs pour avoir pris un ticket de promotion laissé par un client.

L’optimisme de Louis-Julien Petit

Discount de Louis-Julien Petit image film cinéma
Zabou Breitman dans le film “Discount” © Wild Bunch Distribution

Ce n’est pas un hasard si Louis-Julien Petit commence son film Discount sur des images d’un supermarché clinquant : allées désertes, rayons bien rangés et symétriques. Pas un hasard non plus si c’est un travelling avant dans l’allée du supermarché qui ouvre le film. Dans les deux cas, il s’agit de s’avancer et de pénétrer à  l’intérieur d’un milieu pas si reluisant.

Dans cette histoire de « Discount alternatif », Louis-Julien Petit filme avant tous des corps dans des espaces pressurisés. Car maîtriser les corps, tel semble être la volonté de la grande distribution. Cela passe d’abord par le “sourire banane” répété — et imposé — régulièrement aux employés. C’est ensuite les protocoles quotidiens, contraignants et intrusifs : les fouilles au corps en début et en fin de journée, les temps de pause limités, les passages en caisse chronométré…

Mais l’optimisme de Louis-Julien Petit ne peut se contenter de filmer ces corps contraints et c’est alors la révolte qui se matérialise d’abord par un ras-le-bol du gaspillage. Les pieds qui écrasaient les invendus dans une benne à l’arrière du magasin deviennent alors des bras qui s’emparent de ces mêmes denrées pour les revendre dans un « Discount alternatif ». Puis ce sont des corps qui usent d’astuces de plus en plus risquées pour voler des denrées à chaque mise en rayon.

Une comédie sociale sympathique

 

Côté casting, Louis-Julien Petit a fait le pari un peu fou de choisir des comédiens plutôt cantonnés aux seconds rôles mais cela a l’avantage de rendre encore plus plus belle cette solidarité naissante entre eux.

Qu’ont en commun le charismatique Olivier Barthelemy, la pugnace Corinne Masiero, le fragile Pascal Demolon, la déterminée Sarah Suco et le bonhomme M’Barek Belkouk, si ce n’est d’être des corps et des visages peu — ou pas du tout — habituės à jouer les premiers rôle et surtout très diffėrents les uns par rapport aux autres, soulignant ainsi que ces situations et ces choix dans la vie peuvent arriver à tout un chacun, sans distinction.

Si on devait faire un reproche au film Discount, ce serait peut-être que ces corps manquent un peu de chair. Si la responsable du supermarché jouée par la sobre Zabou Breitman offre un personnage nuancé dans la hiérarchie du magasin — elle subit aussi à son poste la pression de ce milieu —, les personnages manquent quand même globalement de nuances et de contradictions : d’un côté les gentils (nos cinq employés et leurs amis), de l’autre les méchants (les supérieurs, les vigiles, les flics).

Notre avis ?

De ces corps en proie à l’aliénation de la grande distribution et du hard-discount, Louis-Julien Petit en tire une comédie sociale sympathique à la vision de solidarité optimiste. Et en ces temps de crise, cela fait toujours du bien

En savoir plus :

Jean-Christophe Nurbel

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