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[Critique] “Exodus: Gods And Kings” (2014) : Des hommes et des dieux

Dernière mise à jour : mars 16th, 2020 at 10:51 pm

Après avoir écumé toutes les suites de suites de remakes de reboots préquelisés jusqu’à plus soif, Hollywood continue d’appliquer la recette de faire du neuf avec du très (très) vieux en réadaptant le best-seller numéro 1 mondial par excellence : la Bible. Exodus: Gods And Kings, mis en boîte par Ridley Scott, sera-t-il à la hauteur des espérances de cette fin d’année, 58 ans après le mythique Les dix commandements de Cecil B. DeMille ? L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Moïse (Christian Bale) et le futur pharaon Ramsès (Joel Edgerton) s’aiment comme des frères. Ils ont été élevés ensemble alors que Moïse n’est pas du sang du roi Séthi (John Turturro). Celui-ci, qui a toujours préféré le jeune homme pondéré et sage, meurt et laisse le trône au volcanique Ramsès. Les dissensions éclatent vite entre ces deux hommes très différents. Moïse, athée convaincu, apprend qu’il est d’origine juive, sauvé des eaux par une princesse et élevé par sa sœur, la servante Myriam (Tara Fitzgerald). En plein doute sur ses origines, il finit par être démasqué par Ramsès qui, sur les conseils de sa mère Tuya (Sigourney Weaver), le fait emprisonner. Moïse s’enfuit, s’enfonce dans le désert et se réfugie chez des bédouins…

Exodus: Gods And Kings : Un casting 5 étoiles

À force de teinter chacune de ses œuvres d’un certain mysticisme, parfois pour le meilleur — Blade Runner (1982), Alien (1979) —, comme pour le pire — Prometheus (2012) —, il n’était guère étonnant de voir Ridley Scott revenir à la source de l’Ancien Testamentet s’atteler à une nouvelle relecture de l’histoire de Moïse, et de son affrontement contre Ramsès dans sa volonté de libérer le peuple hébreu de l’esclavage dans le film Exodus: Gods And Kings. Et qui dit Exode dit forcément beaucoup d’images ancrées dans notre imaginaire qu’on ne demande qu’à voir sur grand écran, les dix plaies d’Égypte, l’ouverture de la mer Rouge, pour ne citer qu’elles. Là où un Darren Aronofsky utilisait le fantastique comme cache-misère de son cataclysmique Noé (2014), Ridley Scott a ici toutes les clés en mains pour nous en mettre plein la vue et prouver qu’à 77 balais, même après l’échec artistique de son dernier Cartel (2013), le bougre en a encore dans la culotte.

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© 2014 Twentieth Century Fox

Steven Zaillian au scénario, Arthur Max aux décors et un casting 5 étoiles (Christian Bale, Joel Edgerton, Sigourney Weaver, John Turturro, Aaron Paul) : Papy Scott met d’emblée tous les ingrédients de son côté pour nous offrir un spectacle digne de ce nom avec Exodus: Gods And Kings. Et cela fonctionne pendant un début de métrage rappelant FURIEUSEMENT Gladiator (2000) : Moïse/Bale, ayant troqué son bâton contre une épée, fait office de Général Maximus et est lui aussi pris d’adoption par un père spirituel (Séthi/Turturro) qui le préfère à son propre fils biologique (Ramsès/Edgerton). Du concentré de déjà-vu où Ridley Scott fait du Ridley Scott mais toujours avec gentillesse et générosité.

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© 2014 Twentieth Century Fox

On lui pardonnera donc cela, de même qu’une trop grande linéarité dans le récit, des événements tombant un peu comme un cheveu sur la soupe (révélations sur l’origine de Moïse, Ramsès décidant de retourner chercher les hébreux) et le choix de certains acteurs n’ayant rien à voir avec l’Égypte ancienne (Turturro et Edgerton notamment).

Des personnages au centre du récit

S’il tient sa place par rapport aux films à grand spectacle et justifie amplement le prix de son billet eu égard à ses effets spéciaux et à ses plans magnifiques en Scope, le script de Zaillian pour le long métrage Exodus: Gods And Kings sait aussi placer ses personnages au centre du récit et évite le manichéisme obsolète de certains blockbusters actuels.

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© 2014 Twentieth Century Fox

Si Ramsès est plus représenté comme un roi prisonnier de son peuple et de ses conseillers que comme une menace effective, le personnage de Moïse est fascinant à plus d’un titre. Illuminé ? schizophrène ? prophète instruit d’une mission divine ? le film choisit habilement de ne pas répondre à ces questions, d’où la volonté de rationaliser au maximum les éléments fantastiques du récit.

C’est d’ailleurs cette obsession de devoir rendre des comptes à une masse populaire qui donne tout son sel à l’affrontement entre Ramsès et Moïse dans Exodus: Gods And Kings, chacun étant victime d’une force qui le dépasse, remettant en cause le questionnement et le libre-arbitre de chacun. Là est la grande force des grands récits mythologiques qui parviennent à faire traverser par-delà les siècles leurs thèmes intemporels et questionner l’être humain.

S’il serait hâtif de parler du grand retour de Ridley Scott au premier plan — est-il encore nécessaire de le souhaiter ? —, Exodus: Gods And Kings s’impose comme le blockbuster idéal en cette fin d’année et en ces périodes de fêtes. Pas plus intelligent ni plus stupide que les autres, il reste néanmoins suffisamment bien foutu pour passer un moment pas trop désagréable, surtout si vous avez encore en tête vos longues heures passées au catéchisme.

Il ne reste maintenant à Scott qu’à mettre autant d’envie et de générosité pour la suite de Prometheus.
Dieu seul sait s’il sera à la hauteur.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 24/12/2014
  • Distribution France : Twentieth Century Fox France

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