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Festival des Musiques à l’Image 2014 – BULLE #01

Dernière mise à jour : novembre 4th, 2016 at 10:13 am

Ce week-end tant attendu du 1er et 2 novembre 2014 était orchestré par la 3eme édition du Festival des Musiques à l’Image, organisé par le programme de mécénat culturel des AUDI Talents Awards. Nous avons eu le plaisir d’assister samedi aux masterclass à la Gaîté Lyrique et dimanche soir au ciné-concert du Grand Rex. 

Pour ceux qui auraient malheureusement loupé l’évènement, voici le premier compte-rendu de cet évènement “Bulles” sur les concerts et masterclass de Jean-Michel Bernard, Fernando Velázquez, Michael Giacchino et le projet Axiom du groupe Archive, vus au Festival des Musiques à l’Image.

Master Class Fernando Velàzquez

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Né le 22 novembre 1976. Espagnol. Fernando Velázquez fait partie de la nouvelle génération prometteuse des compositeurs de films. Il compose aussi bien pour des orchestres que pour des films et des séries. En 1999, il compose pour des courts métrages puis commence à signer des longs métrages des réalisateurs de sa génération: Nacho Vigalondo, Kepa Sojo, Oskar Santos ou encore Juan Antonio Bayona. Après son premier succès Backwood dirigé par Serra avec Gary Oldman, il écrit la bande Originale de Savage Grace avec Julianne Moore. Il devient connu avec le succès de l’Orphelinat, film multi-récompensé, avec une nomination aux World Soundtrack Awards. Il signe également les films Devil, Lope ou encore Mama et son plus gros succès international est The Impossible avec Naomi Watts. Il a récemment signé la musique de Hercule, et travaille en ce moment sur la bande originale de Crimson peak, réalisé par Guillermo del Toro avec Jessica Chastain et Mia Wasikowska.
 
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Durant la masterclass au Festival des Musiques à l’Image, Fernando Velàzquez nous révèle que son métier n’est pas une vocation mais un véritable hobby, comme d’être ici avec nous pendant la conférence. Mission de Roland Joffé avec une musique composée par Ennio Morricone est le film qui lui a donné envie de faire ce métier, car c’est la musique du film qui rend la fin si magique et si  puissante. Elle décrit par le son, l’émotion intranscriptible à l’image.
 
Un scénario ne l’inspire absolument pas, rien en ressort, il a besoin d’images pour commencer. C’est des images qu’il trouve l’inspiration. Mais c’est aussi la pression qui le fait avancer : Quand je n’ai plus le temps de chercher, je trouve. Le besoin d’être en danger. La musique doit être un besoin. “Cela vient parfois un peu comme une envie de pisser”, nous dit-il de ne surtout pas répéter, en rigolant…

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Pour composer The Impossible de Juan Antonio Bayona, il va, comme le court-métrage documentaire Nuit et brouillard d’Alain Resnais sur la barbarie nazie, prendre le contrepied de l’horreur des images avec une musique qui part dans une autre direction plutôt que de surenchérir sur ce que l’on voit. Car quand les images décrivent autant l’horreur, elles sont assez fortes pour ça… Il vaut mieux alors partir sur une direction qui amène une nouvelle dimension à la séquence. Il salue la formidable interprétation de Naomi Watts qui, avec son jeu, a su incroyablement inspirer et émouvoir les musiciens et faire, grâce à elle, que la musique exprime… l’inexprimable.
Enfin, à la question d’un spectateur, Fernando Velàzquez réponds que la plus grande qualité d’un compositeur est avant tout d’être un bon storyteller mais aussi de savoir travailler en équipe.

Fernando finit la masterclass du Festival des Musiques à l’Image par un petit bœuf au piano, accompagné de sa sœur à la voix, pour une interprétation de la musique de L’orphelinat, film à petit budget de Juan Antonio Bayona qui est devenu le plus grand succès espagnol de tous les temps avec 60 millions de spectateurs.

Masterclass Michael Giacchino

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Né le 10 octobre 1967. Américain. Michael Giacchino est rapidement devenu l’un des compositeurs les plus connus et reconnus d’Hollywood. Après avoir été engagé comme producteur chez Disney Interactive Division, il a eu l’opportunité d’écrire de la musique pour des jeux vidéo. Son travail a retenu l’attention de Steven Spielberg qui l’engage pour la musique de son jeu Medal of Honor. Michael Giacchino se fait alors repérer par J.J. Abrams et commence une longue collaboration avec lui pour des séries et des films: Lost, Cloverfield, MI3, Star Trek, Super 8, … mais également une très belle collaboration en parallèle avec Pixar pour les films Indestructibles,  Up, Ratatouille, … La bande originale de Up (Pixar) lui a valu un Oscar, un Golden Globe, un BAFTA, le Broadcast Film Critics’ Choice Award et deux Grammy Awards. Il a récemment signé la bande originale de La Planète des Singes : L’affrontement de Matt Reeves.

La masterclass du Festival des Musiques à l’Image se déroule en duplex de son studio à Los Angeles. Nous découvrons un Giacchino, qui à su, malgré son œuvre, rester quelqu’un de très simple et fort sympathique, décontractant les spectateurs par ses interventions pleines d’humour. Après chaque extrait de film, il réapparait en vidéo-conférence dans son studio avec un masque différent, faisant chacun référence à des films mythique hollywoodiens : Storm Trooper, ET, Back to the futur mais aussi Kermit la grenouille. Puis il reprend son sérieux pour parler de son travail.
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Pendant la conférence du Festival des Musiques à l’Image qui se trame autour de son parcours, nous apprenons que sa vocation est liée à ses désirs d’enfant et d’adolescent de faire des films. En effet, il va commencer à faire ses propres films en Super 8 et en stop motion puis choisir une école de cinéma plutôt qu’une école de musique. Planet of the Apes et Star Wars vont être les deux films qui vont lui donner envie de travailler au cinéma. 
 
Rigolant, il déclare que faire de la musique de film est quelque part la partie la plus cool des métiers du film, car tu es seul dans ton coin à faire de la musique, sans la pression d’avoir autour de toi, tout ce monde présent aux tournages. Ayant commencé par le jeu vidéo, il décrit son parcours en toute modestie, comme une somme de circonstances assez improbables et hallucinantes, puisque c’est Spielberg qui dirige le jeu qu’il va mettre en musique. Puis, J.J. Abrams le découvre car il est lui-même assez addict à ce jeu video !
De ces rencontres inattendues, il en conclut, amusé, que faire tout simplement de son mieux dans son travail amène les rencontres importantes de manière finalement bien plus efficace qu’en ayant donné des cartes de visites ou envoyé sa bande démo.
Michael Giacchino défend l’idée qu’un enregistrement doit se faire avec l’orchestre entier plutôt que chaque instrument l’un après l’autre. L’émulsion que crée l’orchestre apporte un feeling émotionnel unique qui ne ressort pas par des enregistrements individuels.
Nous découvrons ainsi que comme Fernando Velàzquez, il n’envisage pas de commencer à composer sur script, et attends d’avoir reçu une première version du film pour ne pas partir sur de fausses pistes et interpréter le scenario avec une vision qui pourrait être totalement différente de celle du réalisateur.

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Un jour, missionné sur Mission Impossible 3, il nous révèle que pour lui, Mission Impossible, composé à l’origine par Lalo Schifrin, est le plus grand thème du cinéma. Impressionné de devoir réarranger le thème, il n’ose pas commencer sa création sans demander conseil au Maitre Schifrin pour connaitre ce qu’il lui autorise à faire et à ne pas faire sur ce thème. Lalo Schifrin lui soufflera: “Juste, amuses-toi !” Transition parfaite durant la conférence avec une surprise de taille pour Michael Giacchino quand Lalo Schifrin himself lui laisse un petit message vidéo pour le féliciter de son œuvre et de sa proposition de thème pour MI3, très réussie selon lui. Un message qui touchera profondément Giacchino qui déclare: “This is really the best thing I have ever heard in my life!! Thank you so much. You see ? This guy is really awesome”, conclura-t-il, si heureux du compliment venant spontanément de son maitre spirituel.

À la fin de la conférence du Festival des Musiques à l’Image, deuxième surprise inattendue pour Michael Giacchino : Jean Michel Bernard lui rend hommage en réinterprétant à sa manière et au piano l’un des thèmes de Giacchino, avec l’écoute attentive et reconnaissante de celui-ci, en duplex de l’autre coté de l’Atlantique.

Ciné-concert hommage à
Jean-Michel Bernard, Fernando Velázquez,
Michael Giacchino

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Au Festival des Musiques à l’Image, le Paris Symphonic Orchestra est de retour après des hommages ces dernières années à de grands noms de la musique à l’image comme Hans Zimmer, Marco Beltrami, John Williams, Harry Gregson Williams, Jean-Pierre Jeunet, Bruno Coulais ou Ludovic Bource avec la projection du film muet The Artist de Michel Hazanavicius. Cette année, ce sont bien sûr les œuvres des invités des quatre masterclass de samedi qui ont enchanté Le Grand Rex.

La soirée au Festival des Musiques à l’Image commence par un hommage au travail de Jean-Michel Bernard, qui nous fait l’honneur d’interpréter lui-même ses œuvres au piano, accompagné des plus de 90 musiciens que forment le Paris Symphonic Orchestra. Dirigée par un Diego Navarro à l’énergie débordante et au swing inimitable, l’orchestre met en musique des séquences extraites de La science des rêves et Human Nature de Michel Gondry pour ne citer qu’eux.

S’en suit l’entrée en scène de Fernando Velàzquez, jeune prodige en devenir, qui dirigera lui-même l’orchestre pour l’ensemble de ses œuvres représentées et emplit la salle d’émotion avec quelques-uns de ses plus beaux thèmes, comme le fabuleux The Impossible de Juan Antonio Bayona, ou encore Hercule de Brett Rattner.

Puis c’est autour de Michael Giacchino qui, par un petit message vidéo, s’excuse de n’avoir pas pu se déplacer, travaillant d’arrache-pied à L.A. sur plusieurs films qui sortiront cet été. 
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Ayant commencé sa carrière par le jeu vidéo, l’orchestre interprète un impressionnant et surprenant Medal of Honor d’une dizaine de minute, nous montrant à quel point cette musique du célèbre jeu vidéo a été travaillée autant qu’ une œuvre symphonique majeure, et c’est d’ailleurs grâce à ce titre qu’il va se faire remarquer par Spielberg, scénariste sur le jeu, faisant que Giacchino va mettre un pied à Hollywood en devenant rapidement incontournable chez Pixar et l’acolyte de J.J. Abrams.

Pour cet hommage au Festival des Musiques à l’Image, Diego Navarro reprend les rennes de l’orchestre et nous donne le plaisir d’écouter les œuvres écrite pour J.J. que sont Star Trek, Lost, Super 8, … et pour Pixar avec Ratatouille, Up, The Incredible, … On finira en beauté par les superbes Dawn of Planet Of the Apes, Cloverfield et une conclusion endiablée avec ce remix énergique signé Giacchino du célèbre thème du grand Lalo Schifrin : Mission Impossible (écrit pour le 3ème épisode de la saga).

Performance live d’Archive
avec leur film-album Axiom

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Après l’entracte, changement de décor au Festival des Musiques à l’Image :  l’orchestre a disparu et laisse place au groupe Archive, éclairé à la lumière noire, qui va nous interpréter en live et en exclusivité française un incroyable voyage musical synchronisé sur le film Axiom. Quarante minutes de pur bonheur avec les images noir et blanc esthétisantes de Nysu (Jesus Hernandez) et l’ensorcellement sonore d’Archive.

Une expérience magique qui mettra en transe Le Grand Rex à l’acoustique superbe et fera que le public quittera ses places assises pour venir créer une fosse juste devant la scène. Les percussions massive vibrent sur nos corps, venant trancher avec les nappes planantes et les voix envoûtantes d’Archive qui nous font vivre un moment magique. Avec ce trip musical et visuel  Axiom, Archive s’inscrit comme un groupe hyper créatif, maitre du live, dans la pure lignée de ce qu’à pu offrir Pink Floyd à une autre époque.

Quand le dernier morceau s’achève, sur une longue résonance, la salle est comblée. Après plus de 4 heures de ciné-concert que l’on n’a pas vu passer, on ne peut s’empêcher de penser que l’on vient de vivre un moment privilégié. On peut porter notre coup de chapeau aux organisateurs du Festival des Musiques à l’Image et à Audi qui régale une fois de plus nos yeux et nos oreilles avec ce festival si particulier, qui reste un moment unique et incontournable de la scène culturelle parisienne.

 

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