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CINEMA: #CANNES2014, #BullesIN/#BullesOFF #06 – Une carte du monde/A maps to the world

Dernière mise à jour : mai 24th, 2018 at 06:03 pm

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Festival de Cannes, 21/05/14
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Paris, 21/05/14
Retour à Cannes de la fierté cinématographique française, Michel Hazanavicius, honoré de plusieurs Oscar pour son film The Artist, présenté sur la croisette en 2012. Il vient cette année dans notre bulle IN avec un long métrage sur la Tchétchénie, The Search. De son côté, André Téchiné réadapte un fait divers français avec L’homme qu’on aimait trop, histoire d’Agnès Le Roux (Adèle Haenel) et de Maurice Agnelet (Guillaume Canet) qui vient de faire les chroniques judiciaires. Enfin, en bulle OFF, David Cronenberg, habitué de Cannes depuis 1996 avec 4 films en compétition (Crash, Spider, A History of Violence, Cosmopolis) et un rôle de Président du Jury en 1999, complète notre petite carte du monde avec un sombre portrait d’Hollywood dans Maps to the stars.

Comeback in Cannes of the French Film pride, Michel Hazanavicius, honored with several Oscar for his film The Artist, presented on the Croisette in 2012. He comes this year in our bubble IN with a feature on Chechnya, The Search. For its part, André Téchiné talks about a French news item in In the Name of My Daughter, story of Agnes Le Roux (Adèle Haenel) and Maurice Agnelet (Guillaume Canet) who was recently a court chronicle. Finally, in bubble OFF, David Cronenberg, used to be in Cannes since 1996 with four films in competition (Crash, Spider, A History of Violence, Cosmopolis) and as a Jury President in 1999, adds to our small map to the world a dark portrait of Hollywood in Maps to the stars.

More in English >>(Translation in progress, come back later)

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>> THE SEARCH (en compétition)

Pour ce film, Michel Hazanavicius s’inspire de la narration du film américain Les Anges marqués de Fred Zinnemann tourné en 1948. Cependant, le réalisateur français choisit de s’affranchir de la seconde guerre mondiale, époque du film cité, pour transposer sa ligne narrative en pleine guerre de Tchétchénie en 1999.

La construction du film suit deux histoires parallèles : Celle de Carole (Bérénice Béjo), envoyée par la commission des Droits de l’homme, pour faire un rapport sur le conflit aux instances européennes. Elle recueille un jeune orphelin pour lequel elle se prend d’affection. De l’autre coté, Kolia (Maxim Emelianov) est un jeune russe embrigadé de force dans l’armée nationale. Il va découvrir la rudesse de cette nouvelle vie faite d’humiliations et de lavages de cerveaux.

Véritable pamphlet contre la Russie, le film trouve une utilité dans un contexte ukrainien révoltant. L’histoire étant un éternel recommencement, on fait une comparaison immédiatement entre les faits de 1999 et ceux d’aujourd’hui. Le réalisateur dénonce avec force une prise de pouvoir abusive du gouvernement Poutine sur la Tchétchénie. Pour autant, on ne tombe pas dans le film de guerre classique. Il y a peu d’épanchements sanglants et pas de grandes batailles conquérantes. Le film se construit davantage autour des personnages, à la manière de la série Band of brothers.

Pour autant, il n’est pas une réussite artistique. Le montage est, comme beaucoup de films cannois, trop long et en manque de rythme. Des nombreuses coupures sont nécessaires, notamment au niveau de la première partie qui s’étend sur des expositions inutiles. Le tout est également trop descriptif, sans réelle prise de position.

Bérénice Béjo n’est pas au meilleur de sa forme. Elle est étriquée dans un rôle qui ne lui convient pas. Plusieurs imperfections empêchent le spectateur de s’attacher à son personnage. En parlant anglais à l’orphelin recueilli, elle prend une distance gênante avec lui. De la même manière, la relation avec sa propre famille est indécente lorsque l’on connaît le destin tragique de celle de l’enfant. Maxim Emelianov se débrouille beaucoup mieux. Il est à la fois construit et sauvage. Cela serait une agréable audace que de lui attribuer un Prix d’interprétation masculine.

Sans surprise, les sifflets de la presse russe ont retenti à la fin de la projection. Il ne faudra pas se laisser embarquer dans une fausse polémique autour d’un film, certes pamphlétique, mais tout de même au traitement très classique.

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>> L’HOMME QU’ON N’AIMAIT TROP (hors compétition)

De retour d’Afrique, cette fille de la propriétaire de l’ancien casino Le Palais de la Méditerranée à Nice tombe amoureuse de Maurice Agnelet, l’homme de main de sa mère Renée Leroux (Catherine Deneuve). Elle décide par folie passionnelle de lui laisser tous ses biens. Après une tentative de suicide, la jeune femme disparaît mystérieusement. On ne retrouvera jamais son corps. Aussi, Renée Leroux est convaincue de la culpabilité de Maurice, dans la disparition et le meurtre de sa fille. Elle fait tout depuis 30 ans pour le faire condamner.

André Téchiné est plus que jamais dans l’immédiateté du fait divers, néfaste pour la construction de l’histoire. En effet, la portée du film n’a pas grand intérêt dès lors qu’il n’y a pas le recul suffisant pour l’analyse et l’apport créatif. Par ailleurs, la prise de point de vue est impossible pour le réalisateur sans un risque de diffamation. En cela, le réalisateur retombe dans les travers de l’un de ses précédents films, La fille du RER (2009), autre fait d’actualité retentissant.

Ce qui sauve peut-être un peu le film, c’est bien Catherine Deneuve qui interprète cette mère, femme de poigne, ne laissant aucune concession à son adversaire. Elle est dure et froide, exactement là où on l’attendait. En revanche, Guillaume Canet est moins charismatique qu’à son habitude. Enfin, la jeune Adèle Haenel, déjà aperçue dans Suzanne (2013) de Katell Quillévéré, tient la tension narrative du film.

Heureusement donc que le film est hors-compétition pour ne pas trop souffrir de la critique vive des festivaliers.

Sinon, on commence à sentir la fin de festival. Avec deux jours de compétition avec le dénouement et un marché de film qui se vide, on est néanmoins attiré par cette fin de programmation qui peut provoquer de belles surprises.

Antoine Corte

En savoir plus : CINEMA: What’s up? TELEX – “La Grande Séance” spécial Cannes avec Michel Hazanavicius et le délégué général du festival Thierry Frémaux

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>> MAPS TO THE STARS (en compétition)
Après la grande limousine qui roulait presque sans fin dans le monde de la haute finance new yorkaise dans Cosmopolis (2012), le cinéaste canadien David Cronenberg explore l’envers du décor hollywoodien dans une étrange plongée qui rappelle furieusement le Mulholland Drive de David Lynch. Si l’univers des deux réalisateurs diffère, leur intérêt pour les névroses et les vices de cette communauté d’apparence normale converge.

Ici, Cronenberg brosse le portrait d’une galerie de personnages névrosés liés par le travail ou par des liens familiaux : l’ado star Benjie Weiss (Evan Bird) ; son père et auteur à succès, le Docteur Stafford Weiss (John Cusack) ; la patiente de celui-ci, l’actrice Havana Segrand (Julianne Moore) ; la mystérieuse Agatha (Mia Wasikowska) au corps couvert de brûlure et de passage à Hollywood ; le chauffeur de celle-ci, Jérôme Fontana (Robert Pattinson), qui rêve de percer dans le milieu.



Cronenberg met en scène tout ce petit monde avec une forme de classicisme qui pourrait frôler l’ennui mais un sentiment étrange sourd du choix de ses cadres et des petits détails apparaissent dans l’image et le son : de mystérieuses voix se font entendre, des fantômes hantent soudainement certains personnages et des liens entre personnages se révèlent peu à peu. Comme toujours, Julianne Moore prend un plaisir évident à mettre à mal son magnifique corps. Mia Wasikowska est quand à elle bien loin de l’Alice de Tim Burton (Alice au Pays des Merveilles, 2010), John Cusack plante un amusant psy de stars qui psychanalyse ses patients en les massant, Robert Pattison s’amuse dans son rôle de comédien de seconde zone et Evan Bird plante avec conviction l’ado star riche et prétentieux.

Chaque personnage a sa part d’ombres et ce qui est curieux chez Cronenberg, c’est que l’histoire se déroule sans explosion de sentiments. Tout semble mystérieusement glisser sur cet univers lisse. La violence sourd mais reste étouffée. Elle peut éclater, voire laisser une trace comme sur le corps brûlé d’Agatha mais elle est vite cachée (Agatha porte toujours ses gants, ses bas, même quand elle fait l’amour avec son chauffeur) et mise hors-champ.

Du film de genre de ses débuts à des films plus inclassables aujourd’hui, le travail de David Cronenberg montre un intérêt certain pour la monstruosité sous toutes ses formes. Cette problématique est beaucoup moins explicitée que dans des œuvres antérieures comme La Mouche (1986) et ces drames psychologiques dans des univers aseptisés et déconnectés du réel peuvent rebuter (surtout vu la durée de près de 2h de ces deux derniers films). Mais il reste un plaisir certain à voir la continuité d’une œuvre d’un auteur affirmé.

jici

P.S. En bonus, un passionnant cours de cinéma du Forum des Images donné par le critique Guy Astic :  Sous la surface : le cinéma monstre de David Cronenberg.

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