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Woman at War de Benedikt Erlingsson image film cinéma
© Slot Machine 2018

Critique / “Woman at War” (2018) de Benedikt Erlingsson

Dernière mise à jour : mars 8th, 2021 at 12:38 am

Woman at War (Kona fer í stríð) est le deuxième long métrage de l’auteur-réalisateur islandais Benedikt Erlingsson avec l’actrice islandaise Halldóra Geirharðsdóttir dans le rôle-titre. La critique et l’avis film de Bulles de Culture sur ce film d’action écologique primé au Festival de Cannes et diffusé sur ARTE le mercredi 8 juillet 2020.

Synopsis :

Sorte de Fantômette des temps modernes en pull jacquard, l’athlétique Halla parcourt en secret la lande islandaise, armée d’un arc et de flèches, pour détruire les lignes à haute tension de grandes entreprises qui ravagent le paysage en même temps qu’elles contribuent au réchauffement de la planète. Préparant chacune de ses missions avec une redoutable efficacité, en dépit de méthodes artisanales, la justicière solitaire met bientôt tout le pays en émoi, tandis que l’armée et la police se lancent aux trousses du mystérieux saboteur. Mais la jeune femme, par ailleurs placide cheffe de chœur dans la vie civile, apprend que sa demande d’adoption a enfin abouti et qu’une petite orpheline ukrainienne l’attend.

Woman at War : le combat écologique et politique d’une femme

Woman at War de Benedikt Erlingsson image film cinéma
© Slot Machine 2018

Avec un tournage en Islande — notamment sur le volcan Helgafell et dans la région de Reykjanes — et en Ukraine, un scénario de Benedikt Erlingsson et Ólafur Egill Egilsson, une image de Bergsteinn Björgúlfsson, un montage de Davíð Alexsander Corno, une musique originale de Davíð Þór Jónsson et une réalisation de Benedikt Erlingsson, Woman at War raconte le combat écologique et politique d’une femme pour défendre les magnifiques paysages naturels de son pays contre les envies d’expansion d’une usine d’aluminium.

Notre héroïne est une Artémis moderne, protectrice des contrées vierges et du monde sauvage. Seule, confrontée à une planète qui change rapidement, elle endosse le rôle de sauveur de la terre mère et des générations futures. Notre point de vue est très proche de celui de notre héroïne, voilà pourquoi nous accédons à sa vie intérieure.
— Benedikt Erlingsson

Incarnée par la magnifique Halldóra Geirharðsdóttir — qui interprète également la soeur jumelle du personnage dans Woman at War —, notre justicière et militante islandaise Halla va donc, dans le but d’alerter ses concitoyen.ne.s, mener des actions sous le pseudonyme de “La Femme des montagnes”, avec pour seules armes, un arc et de flèches, plus l’aides d’un “présumé” cousin agriculteur et éleveur (Johann Sigurdarson) et d’un trio de musiciens (Davíð Þór Jónsson, Magnús Trygvason Eliasen et Ómar Guðjónsson) accompagnant dans ses actions et ses pensées.

De son côté, face aux actes de notre héroïne qu’elles considèrent comme terroristes et qu’elles imaginent menés par un groupuscule très organisé, les autorités réagissent de manière complètement disproportionnée et du coup très drôle : demande d’aide aux services de renseignements américains et israéliens, utilisation de drone à caméra thermique, brandissement de la sempiternelle menace de perte d’emplois si l’usine ne se développe pas….

Le portrait poétique, amusant et jouissif d’une femme engagée et déterminée à défendre sa terre natale

Woman at War de Benedikt Erlingsson image film cinéma
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Pour mettre en scène dans le film Woman at War ce combat à la David contre Goliath, où Halla est à la fois une cheffe de choeur au grand jour et une activiste écologique dans l’ombre, l’auteur-réalisateur Benedikt Erlingsson alterne moments drôles — mentionnons notamment cette scène où un touriste étranger (Juan Camillo Roman Estrada) est systématiquement arrêté à la place de notre héroïne ou ce moment où notre justicière des temps mordernes s’affuble d’une peau de mouton mort pour échapper à la police et aux militaires — et des moments plus tendus quand l’étau se resserre autour d’elle.

Enfin, en parallèle à ce combat solitaire pour la cause environnementale, Halla va aussi mener de front un autre combat — qui sera accompagné d’ailleurs par un autre trio musical, un choeur de femmes ukrainiennes —, celui de devenir mère. Or, le jour où sa demande d’adoption d’une petite Ukrainienne orpheline aboutit, se pose alors la question de prendre ou non le risque de continuer son combat écolo ?

Notre avis ?

Même s’il prend à la fin un chemin de traverse qui peut du coup laisser quelque peu sur sa faim par rapport à son point de départ, le long métrage Woman at War brosse un portrait poétique, amusant, musical et jouissif d’une femme engagée et déterminée à défendre sa terre natale, rappelant par la-même que chacun, à l’échelle individuelle, peut résister et oeuvrer pour un monde meilleur.

Secrets de tournage, anecdotes : le saviez-vous ?

  • Le film Woman at War a reçu plusieurs récompenses dont deux prix lors du Festival de Cannes en 2018 : le Prix SACD de la section Semaine de la Critique et le Prix du Rail d’or (récompense remis symboliquement par des cheminots cinéphiles)

En savoir plus :

  • Woman at War est diffusé sur ARTE le mercredi 8 juillet à 20h55 puis les vendredi 17 juillet 2020 à 15h15 et vendredi 31 juillet 2020 à 02h45. Le film est également diffusé en streaming et disponible en replay sur Arte.tv
Jean-Christophe Nurbel

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