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The Servant, un anglais à Paris

Dernière mise à jour : novembre 6th, 2019 at 01:01 pm

the servant afficheFière d’être honorée du Molière pour l’interprétation de Maxime d’Aboville, la pièce The Servant, mise en scène par  Thierry Harcourt, finit son tour de piste au Théâtre de Poche-Montparnasse le 8 novembre 2015 pour ensuite partir en tournée dans toute la France. Voici les impressions de Bulles de Culture sur la pièce. 

Synopsis :

Tony (Xavier Lafitte) est un bourgeois londonien dans les années 50 qui tient seul une grande maison. Pour l’aider, il engage un valet modèle (Maxime d’Aboville). Cependant, une relation de pouvoir va se créer entre les deux, renversant les rôles : Le domestique va devenir le dominant tandis que le propriétaire va devenir le dominé. 

Retour vers le passé

The servant photo
© Brigitte Enguerand

The Servant est l’adaptation de la pièce écrite par l’anglais Robin Maughman. Cet auteur du début du 20ème est un témoin du changement radical de la société à cette période, en particulier entre les deux guerres où la bourgeoisie toute puissante laisse peu à peu sa place à une force populaire grandissante. On retrouve toute sa bibliographie, en particulier dans The Servant, une étude fine et acerbe de ses contemporains, issue notamment de sa passion pour la politique que l’auteur a délaissé pour se consacrer à l’écriture.

La mise en scène de Thierry Harcourt et la traduction de Laurent Sillan ne dénature pas cette atmosphère particulière du roman où les soirées mondaines s’entremêlent avec un air de jazz, qui retentit d’ailleurs à différent moment du spectacle.  Bien que la scène soit très petite, les éléments de décors minimalistes arrivent à projeter le spectateur dans cet appartement confortable d’un autre temps. Avec un peu d’imagination, on le sent grand et spacieux avec un clivage entre les quartiers réservés aux domestiques et ceux constituant les lieux de vie pour le maître de maison, à la manière de la série Downton Abbey.  

Une lutte des classes revisitée

Si cette séparation apparait nette. La force de l’intrigue de The Servant est de montrer insidieusement comment le valet va prendre peu à peu le contrôle sur son patron. C’est une manipulation qui va au-delà de la simple maitrise d’oeuvre dans les tâches du quotidien.

Bien au contraire, le domestique va avoir un poids sur les décisions dans la gestion du patrimoine de “Monsieur”, les relations amoureuses que va entretenir ce dernier… On assiste ainsi à un basculement dans la lutte des classes, symbolisé ici par le narcissisme et la perversion de ce valet ingénieux et cruel. 

Un casting épatant

The servant
© Brigitte Enguerand

Pour interpréter ce rôle du valet, Maxime d’Aboville mérite amplement son Molière. Il est dans la maitrise crescendo d’un conflit qui se créé devant nos yeux entre les protagonistes. D’un être aux apparences dociles, on apprend à découvrir son vrai visage machiavélique. On finit par redouter ce domestique grâce notamment aux petites mimiques de visage de l’acteur, tranchant avec sa prestance de grande classe.

Coup de coeur aussi pour la première prestation théâtrale de Roxane Bret. Elle interprète deux rôles féminins, les soubrettes Véra et Kelly, à la fois candides et manipulatrices. Sur scène, l’actrice a une gestuelle très saccadée, métaphore de la poupée qu’on manipule. Sa diction d’une rapidité contrôlée donne un vrai tempérament aux deux domestiques.

Une pièce d’esprit, une enquête sociale fine, on passe un bon moment en allant voir The Servant.
      
    

     
En savoir plus :

  • The Servant au Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 8 novembre 2015 puis en tournée dans toute la France
Antoine Corte

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