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19-2 4 (c)Serge Gauvin
© Serge Gauvin

♥ [Interview] Rencontre avec Réal Bossé (“19-2”, 2011-2016)

Dernière mise à jour : septembre 9th, 2019 at 03:02 pm

 

 “Amener les spectateurs
à comprendre ce métier-là.”

 

Mais la série 19-2 n’est pas qu’une série de scénaristes. En plus de l’entêtante musique de Nicolas Maranda, La mise en scène y est aussi très marquée avec un vrai travail sur l’image et le son pour décrire le quotidien de ses hommes (avec une caméra portée dans le style documentaire) mais aussi pour créer la tension, le suspense, le danger ressentis lors des interventions.

Connu en France pour son travail sur la série d’ARTE, Xanadu (2011), mais aussi sur la jolie série drôle et mélancolique québécoise Tu m’aimes-tu ? (2012), Daniel Grou dit Podz est le réalisateur de 19-2. Il y filme avec talent aussi bien les moments du quotidien (comme la scène où Beroff enfile son uniforme et que la caméra s’attarde avec des gros plans sur les différentes parties du “costume” de flic que sont la chemise, le pantalon, les chaussures, les gilets par balles, les flingues, les munitions, le ceinturon) que les moments de tendresse (comme la jolie scène où Chartier énumère des quartiers de Montréal sur le corps dénudé de sa femme) ou que les scènes de violences (comme l’intervention tendue et en silence de violeurs en réunion).

Il a notamment su faire preuve de virtuosité lors de l’épisode 1 de la saison 2 qui comme pour les deux autres saisons commence par un premier épisode choc. Et c’est très certainement cet épisode qui a le plus marqué sur le plan de la mise en scène.

Cliquer sur le dossier pour afficher les spoliers de l'épisode 1 de la saison 2 de 19-2
Le premier épisode de la saison 2 est marqué par la présence d’un plan-séquence choc durant une tuerie scolaire.

À aucun moment, les auteurs et le réalisateur n’ont voulu faire dans le sensationnel avec cet épisode. Ils ont longtemps attendu avant de le tourner et c’est bien malgré eux que l’actualité les a hélas rattrapés.

Cependant, cela n’empêche pas de reconnaître que cette prouesse technique et humaine est tout simplement époustouflante, nous faisant partager avec horreur une telle situation. L’épisode nous place au côté des policiers durant 40 minutes non stop de tueries. Même à la fin de l’épisode, il n’y a pas de soulagement mais des visages d’hommes et de femmes qui accusent gravement le coup après un tel drame.

Notez qu’il a fallu 12 prises (dont 7 réussies) pour réaliser le fameux plan-séquence d’une dizaine de minutes que contient cet épisode.

“Comme Podz avait parlé de plan-séquence pour l’épisode, on fait un plan-séquence. On suit les policiers du début jusqu’à la fin. On est toujours avec le groupe de police, comment ils vivent ça. Finalement, ça ne s’est pas fait pour des raisons techniques, à cause des publicités et tout ça. Finalement, on a fait un plan-séquence qui  dure 13 minutes et cela a été fait en sorte que les gens se sentent avec les policiers. Moi, je ne fais pas un plan-séquence pour faire un plan-séquence mais parce qu’il permet d’emmener les gens dans l’action avec nous. Ils sont là pour voir ce qu’on voit, pour amener les spectateurs à comprendre ce métier-là.”
— Réal Bossé
Jean-Christophe Nurbel

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