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River image Episode 4
© BBC/Kudos/Nick Briggs

♥ [Critique] “River” (2015) d’Abi Morgan

Dernière mise à jour : juin 19th, 2019 at 10:12 am

La mini-série policière britannique River d’Abi Morgan est diffusée sur ARTE à partir du jeudi 1er février 2018. L’avis de Bulles de Culture sur cette série coup de cœur avec Stellan Skarsgård et Nicola Walker dans les rôles-titres.

Synopsis :

L’inspecteur John River (Stellan Skarsgård) est un flic efficace et estimé de ses collègues de la police londonienne. Mais depuis la disparition brutale de Jackie Stevenson (Nicola Walker), dite Stevie, sa coéquipière, il n’est plus tout à fait le même. Inquiète pour lui, sa supérieure, Chrissie Read (Lesley Manville), l’enjoint d’être plus assidu chez Rosa Fallows (Georgina Rich), la psychologue du service, qu’il est censé consulter. Résolu à identifier le meurtrier de Stevie, River a également promis de retrouver le corps mystérieusement disparu d’une jeune fille assassinée. Alors qu’on lui adjoint un nouvel équipier, Ira King (Adeel Akhtar), il repère en ville un véhicule semblable à celui qui a servi lors de l’exécution de Stevie. Son conducteur s’enfuit à pied et, au terme d’une éprouvante course-poursuite, fait une chute mortelle.

River : Une mini-série au personnage singulier

Après avoir débuté par une conversation badine entre deux policiers londoniens, John River et sa coéquipière Stevie, autour de l’achat d’un hamburger, le prologue du premier épisode de la série télé River continue par une course-poursuite entre un vieux flic et un jeune dealer et se conclue par la chute et la mort de celui-ci. A priori une entrée en matière classique pour un polar sauf que très vite, la singularité de la mini-série River se fait jour. En effet, après la mort du suspect, on s’aperçoit que Stevie, la partenaire de John River, n’existe en réalité que dans sa tête, elle est morte. Ainsi, sans rien nous expliquer, la série télévisée River nous laisse peu à peu pénétrer dans  son univers et découvrir son personnage principal atypique. Car si John River semble être normal derrière son costume-cravate et son taux d’élucidation d’affaires élevé, il n’en est rien dans son for intérieur où il souffre de troubles mentaux depuis qu’il est tout petit : comme d’autres peuvent entendre des voix, lui converse concrètement avec des morts, essentiellement les suspects et victimes de ses affaires. Et c’est donc le psychisme très particulière de ce personnage qui fait tout l’intérêt de la cette mini-série.

Une mise en scène subtile

Plus tu t’approches de la vérité, plus tu t’éloignes de moi, de ce que j’étais.

C’est donc armé de ses “projections” et de son flair que le policier John River va chercher le meurtrier de sa coéquipière Stevie dans la mini-série River. Et ce faisant, il va se révéler à lui-même les sentiments forts qu’il éprouvait à son égard, tout en prenant le risque de découvrir les nombreux secrets que sa famille criminelle et elle pourraient lui avoir caché. Mais bien plus que la résolution d’une enquête policière, c’est bien le travail de deuil de cet enquêteur solitaire et atteint de troubles mentaux qui intéresse la créatrice Abi Morgan. Une idée qui lui est venue à partir du personnage de fantôme de feu Alan Rickman dans le film Truly, madly, deeply (1990) d’Anthony Minghella. La mise en scène des apparitions et des conversations de John River avec ses êtres imaginaires par les trois réalisateurs de la série RiverRichard Laxton, Tim Fywell et Jessica Hobbs — est d’ailleurs très subtile car elle créé un imperceptible décalage entre la réalité et l’imaginaire de John River à travers notamment l’utilisation de la lumière. Ainsi, alors que de l’extérieur, celui-ci semble dialoguer dans le vide, il argumente en réalité tout naturellement et avec de très légers effets à l’image avec “ses” morts. Des discussions qui l’aident d’ailleurs à réfléchir sur une enquête ou qui l’obligent à faire face aux sentiments profonds et contradictoires qui le traversent.

River : Un casting d’excellents comédiens pour une série coup de cœur

L’autre qualité de la mini-série anglaise River est son incroyable casting d’excellents comédiens :
Stellan Skarsgård interprète ce colosse touchant et brisé intérieurement qu’est John River ;
Nicola Walker (MI-5) est la regrettée Stevie qui a su si bien le comprendre et qui sera associé jusqu’au bout par John River à la chanson disco I Love to Love (But My Baby Loves to Dance) (1976) de Tina Charles ;
Lesley Manville (Maléfique, Londres Police Judiciaire) joue la supérieure Chrissie Read qui veille sur lui avec affection ;
Georgina Rich (MI-5, Black Mirror) est Rosa Fallows, la psy sensible qui va l’aider à faire le deuil de Stevie ;
Adeel Akhta (Utopia, The Night Manager) joue son nouveau partenaire qui en plus de prouver sa compétence va accepter la singularité de John River ;
Eddie Marsan
interprète le fascinant et inquiétant Dr. Thomas Neill Cream, un empoisonneur du 19e siècle, qui est la face trouble et torturée de John River.

Et si le dernier épisode de la série télé River pourra paraître résoudre rapidement toutes les pistes semées par la série, il n’enlèvera malgré tout pas le plaisir certain que nous aurons eu à suivre pendant six épisodes d’une heure les pérégrinations de ce policier en proie avec ses troubles intérieurs. Car série coup de cœur de Bulles de Culture, River est un polar au personnage atypique et passionnant à découvrir sans tarder. Dommage qu’à l’heure actuelle, aucune saison 2 ne soit prévue.

En savoir plus :

  • River est diffusé sur ARTE les jeudis 1 et 8 février 2018 à 20h55. La série sera diffusée en streaming sur arte.tv et est disponible en replay jusqu’au 3 mars 2018
  • Découvrez les prochaines séries qui seront diffusées sur ARTE en 2018 dans notre article sur le Showeb Séries 2018
Jean-Christophe Nurbel

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