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La foire aux vanités affiche série télé

Critique / “La foire aux vanités” (2018) : une série truculente

Sept épisodes pour recréer l’atmosphère du roman de William Makepeace Thackeray, c’est le défi relevé par Gwyneth Hughes avec La foire aux vanités (Vanity Fair), une mini-série britannique diffusée sur ARTE à partir du jeudi 12 décembre 2019. L’avis et la critique série de Bulles de Culture.

Synopsis :

Dans un monde où les apparences sont légion, la jeune Betty Sharp (Olivia Cook) entend bien gravir les échelons. Usant de sa riche amie Amelia Sedley (Claudia Jessie) ou de son frère plus riche encore, le vaniteux John (Simon Russell Beale), elle mène habilement sa barque. Mais les revers de fortune sont cruels, et Amélia est malmenée par le sort et par son fiancé de toujours, le narcissique George Osborne (Charlie Rowe). Elle peut néanmoins compter sur le meilleur ami de George, l’énigmatique Wiliam Dobbin (Johnny Flynn), éternellement amoureux d’elle. Quant à Betty, elle saura tirer avantage de sa rencontre avec les Crawley, notamment le très beau Rawdon (Tom Bateman).

La foire aux vanités : un cynisme saisissant

Avec un tournage en Angleterre — à Londres et dans les comtés du Kent, de l’Oxfordshire et du Surrey situés au sud-est de la capitale anglaise — et en Hongrie — à Budapest pour la plupart des scènes se déroulant à Bruxelles —, La foire aux vanités revue par Gwyneth Hugues rend palpable et sensible la petite stratosphère du célèbre roman dix-neuviémiste avec atmosphère feutrée des appartements bourgeois et luxe des anciens domaines d’une noblesse en perdition. L’évolution de la calculatrice Betty, de la naïve Amélia, des vaniteux John et George, du sincère William ou du sulfureux Rawdon dans ce décor laisse entrevoir un monde faits de coups d’éclat, de coups bas et de coups de poker.

Réalisés par James Strong, les sept épisodes de la série La foire aux vanités rendent fidèlement la férocité et le cynisme du roman de William Makepeace Thackeray. Olivia Cook étincelle dans le rôle de la jeune parvenue habitée par la malice et l’ambition. Second degré et ironie planent sans cesse, obligeant le public à une distanciation amusée.

Avouons-le, cette société où la vanité fait foi, où les apparences l’emportent et poussent chacun-e à vivre au dessus de ses moyens n’est pas tout à fait dénuée d’actualité. Et l’on se dit au fil des épisodes que si la structure de la société a été bouleversée, le roman de William Makepeace Thackeray et l’adaptation qu’en propose Gwyneth Hugues touchent à l’universalité de la nature humaine.

Leçons magistrales de l’Histoire… et des histoires

Si les coups du sort, les retournements, les revirements font l’étoffe de La foire aux vanités, l’Histoire n’en est pas exclue, puisque l’on se trouve transporté-e dans le camp anglais de la bataille de Waterloo. Plus cynique que Stendhal ou Tolstoï dans l’évocation qu’ils en ont fait, William Makepeace Thackeray saisit ainsi l’opportunisme et le profit qui a résulté de ce conflit. De même, dans sa lecture noire de la société, La foire aux vanités pose aussi une question : l’honnêteté et la sincérité ont-elles la moindre chance de l’emporter ? Si Gwyneth Hugues n’élude pas la question, elle la retarde, la diffère et la rend ainsi plus éclatante à la fin de la série.

Enfin, le choix qui est fait pour le générique de début de la série avec une image soignée et symbolique de manège, une orchestration pop-rock de la chanson All Along the Watchtower de Bob Dylan par le duo Afterhere — la musique originale de la série a été quant à elle composée par Isobel Waller-Bridge — et un intrigant vieil homme, qui vient nous livrer quelques points de résumé au discours moralisateur, vient bien inscrire la série dans la dimension morale du XIXe siècle où l’on dénonce la fausse vérité du faste, mais où l’on vénère la vérité du cœur.

En savoir plus :

  • La foire aux vanités (7 épisodes de 50 minutes) est diffusé sur ARTE les 12 et 19 décembre 2019 à 20h55. La série est également diffusée en streaming et disponible en replay sur arte.tv
Morgane P.

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