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© Nilaya Productions

[Critique] “La France de l’entre-deux guerres” (2018) : Une fresque touchante

Dernière mise à jour : juillet 25th, 2019 at 10:42 pm

Avec La France de l’entre-deux guerres, le réalisateur Romain Icard propose une plongée en deux épisodes au coeur de la France de nos grands-parents ou arrière-grands-parents. L’avis et critique de Bulles de Culture sur ce documentaire en deux parties diffusé sur France 2 le mardi 12 février 2019.

Synopsis :

De la fin d’une guerre à la montée d’une autre, des illusions aux lendemains qui déchantent, La France de l’entre-deux guerres fait traverser les ruines de 1919, la montée en puissance du Taylorisme, l’urbanisation, les années folles, la crise économique de 1929

La France de l’entre-deux guerres : sur les traces de nos/vos ancêtres

Une narration qui prend la voix de Denis Podalydès, des vidéos d’archives en couleurs, une ambiance musicale discrète, autant d’éléments qui font entrer assez vite dans le documentaire en deux épisodes de Romain IcardLa France de l’entre-deux guerres. Ce qui émeut rapidement, c’est la simplicité des scènes que l’on nous montre : loin des cénacles politiques ou bourgeois, c’est dans la vie quotidienne des Français que la France de l’entre-deux guerre nous entraîne.

Si le rythme peut paraître de prime abord un peu lent, et la narration un peu monocorde, on se prend finalement facilement au jeu de cette découverte inédite au plus proche de ceux qui ont été nos ancêtres. L’approche lie thématique et chronologie, permettant ainsi une avancée progressive dans ces vingt années si denses.

Les deux épisodes de La France de l’entre-deux guerres dessinent alors des lignes opposées, montrant d’une part l’ascension vers les années folles, puis à partir de la crise économique la lente chute vers un second conflit mondial. Ces deux horizons contraires d’une paix retrouvée et d’une guerre à venir sont saisis au vif à travers des témoignages et des commentaires historiques bien menés.

Épisode 1 : 1919-1929 – La Grande Illusion

Le premier épisode de La France d’entre-deux guerres brosse le tableau d’une France qui peine d’abord à se relever des ruines de la Première Guerre mondiale. Villes anéanties, rationnements, difficile ré-intégration des blessés de guerre, la France que nous montre Romain Icard est d’abord meurtrie et peine à renaître de ses cendres.

Le documentaire montre ensuite les évolutions qui transforment le pays en une dizaine d’années : développement du Taylorisme, urbanisation, transformation des banlieues. Ces mutations ont des conséquences sociales : l’aliénation des ouvriers et des ouvrières dont les loisirs se cantonnent aux seuls dimanches. Ces loisirs prendront ensuite des formes plus variées avec l’arrivée des années folles et de la grande invention destinée au peuple : le cinéma !

Dans cette société où les classes restent bien séparées, les femmes bien sûr payent un tribut plus lourd : celui des tâches ménagères qu’on leur assigne en plus ou en guise de travail dans un monde où l’eau courante est encore un luxe. L’école, jusqu’à l’uniformisation des programmes en 1924, sépare strictement les enseignements délivrés aux garçons et aux filles, barrant ainsi la route à toute possibilité d’une émancipation féminine.

Épisode 2 : 1929-1939 – La Course à l’abîme

Dans le même esprit que l’épisode 1, le second épisode du documentaire La France de l’entre deux guerres se place du point de vue des Français des classes populaires. Le mouvement qu’il décrit est cependant inverse. La montée vers les années folles de l’épisode 1 forme un contraste saisissant avec la descente vers la Seconde Guerre mondiale.

Si l’impression de force que donne l’exposition coloniale de 1931 peut servir de mirage, l’illusion ne perdure pas. Fermeture des petits ports de morues, des usines textiles à Douai puis dans tout le Nord de la France, chute du fleuron français Citroën. La récession s’incarne dans une réalité plus palpable encore : celle du chômage de masse qui s’installe.

Contrairement à l’ascension vers le progrès qui a marqué les années folles, les années 30 voient le retour de la misère, celle qui conduit à de terribles épidémies, celle qui fait naître la “marche de la faim”, celle qui devient un terreau fertile pour que germe la haine de l’étranger. La France de l’entre -deux guerres montre ainsi le départ des familles polonaises de France, les rassemblements d’extrême-droite et leur violence.

Les ultimes images de paix et d’espoir sont celles de la joie qu’apportent l’élection du Front populaire et les mutations économiques et sociales qui l’accompagnent. La fraternité dans les grèves, le plaisir de la découverte de la mer pour ceux qui ne l’avaient jamais vue. Voilà qui forme une opposition nette avec la gravité qui s’installe dès que le conflit à venir se dessine plus nettement.

Le documentaire La France de l’entre deux-guerres réussit en tout cas à plonger son public dans l’étrange atmosphère de ces vingt ans charnières qui sont pourtant mal connus du grand public. Romain Icard parvient à donner une véritable émotion à la fresque qu’il brosse, et réussit à rapprocher chacun des récits qu’il a entendus de ses grands-parents et de ses aïeux que l’on s’attendrait presque à apercevoir au détour d’une image, tant la proximité est belle.

En savoir plus :

  • La France de l’entre deux-guerres est diffusé sur France 2 le mardi 12 février 2019 à 21h. Le documentaire est également diffusé en streaming et disponible en replay sur France.tv
Morgane P.

Un commentaire

  1. Très déçu par cette émission, j’ai vu une 2 CV Citroën camionnette dans une séquence sensée illustrer les années 1930 (juste avant l’image du vélodrome : (la 2 CV n’a été produite qu’après la Libération). J’ai vu une bourgeoise se réveiller dans un wagon-lit de première classe du PLM arrivant à Marseille (image sensée éclairer les premières vacances de congés payés des ouvriers !). J’ai vu une manifestation avec une large banderole du Front National sans explication sur ce qu’était le Front National à cette époque de l’histoire de France. Enfin les images d’archives sont mélangées avec des images de films sans que l’on puisse les distinguer les unes des autres.

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