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Anne Morgan, une Américaine sur le front de Sylvain Bergère image Visite population (c) Fonds Anne Morgan, Musée franco-américain du château de Blérancourt, Ministère de la Culture
© Fonds Anne Morgan / Musée franco-américain du château de Blérancourt / Ministère de la Culture

Critique / “Anne Morgan, une Américaine sur le front” (2017) de Sylvain Bergère

Dernière mise à jour : avril 2nd, 2020 at 02:14 pm

Diffusé sur Histoire TV, Anne Morgan, une Américaine sur le front, écrit et réalisé par Sylvain Bergère, retrace l’engagement de cette femme libre et forte sur le territoire français lors de la Première Guerre mondiale. L’avis et la critique de Bulles de Culture sur ce documentaire.

Synopsis :

Fille d’un magnat industriel du Golden Age, Anne Morgan n’a sur le papier rien pour devenir une bienfaitrice dévouée ; elle crée pourtant l’American Fund for French Wounded (AFFW) puis le Comité Américain pour les Régions Dévastées de France (CARD) et s’engage  sur le territoire picard pour venir en aide aux populations.

Anne Morgan, une Américaine sur le front : une figure d’engagement

Anne Morgan, une Américaine sur le front de Sylvain Bergère image Visite population (c) Fonds Anne Morgan, Musée franco-américain du château de Blérancourt, Ministère de la Culture
© Fonds Anne Morgan / Musée franco-américain du château de Blérancourt / Ministère de la Culture

Celle que le documentaire Anne Morgan, une Américaine sur le front donne à voir est une femme insaisissable. Son père est l’une des plus grosses fortunes de l’époque, propriétaire du Titanic, mais la très jeune Anne Morgan s’affirme comme une figure indépendante : elle co-crée le Colony Club, qui incite les femmes à quitter leur foyer, soutient les grèves féminines pour l’égalité des salaires. Dans le cercle mondain, elle s’associe à Elizabeth Marbury et sa compagne, et séjourne avec elle dans la villa du Trianon à Versailles.

Les trois femmes se trouvent en France quand la guerre éclate, et c’est ce spectacle qui décide Anne Morgan à s’engager. Elle rentre à New-York et fonde l’AFFW qui rassemble des femmes bénévoles organisant des colis pour les hôpitaux français. De retour en France, elle aménage la villa Trianon comme hôpital pour les blessés. Elle rencontre alors Anna Murray Dike, avec qui elle fonde le CARD. Les deux femmes mettent ainsi un place un système de protection civile en Picardie.

C’est à Blérancourt que s’établit le CARD en été 1917. Et ce ne sont pas moins de 350 Américaine qu’Anne Morgan aura fait venir pour travailler à ses côtés. Le CARD reste après l’Armistice et œuvre aux travaux de reconstruction. Il est actif jusqu’en 1924. Anne Morgan, une Américaine sur le Front retrace brillamment le calendrier de toutes ses actions.

Un programme efficace et avant-gardiste

Dans le documentaire Anne Morgan, une Américaine sur le front, on voit que le binôme formé par Anne Morgan et Anna Murray Dike est à la fois visionnaire et efficace dans les actions mises en place. En 1917, quand le CARD s’établit à Blérancourt, la zone est dévastée, mise en ruine par le recul de l’armée allemande qui applique la politique de la terre brûlée. C’est alors une ferme laitière qui est mise en place, puis une équipe de semailles et de nettoyage des champs à l’aide de tracteurs importés. Le CARD met aussi en œuvre la construction de baraquements permettant à des centaines de familles d’être relogées.

Après l’Armistice, c’est une vaste opération d’hygiène en direction des enfants qui est lancée, complétée par le développement de la ferme et l’intensification des activités agricoles. Cela s’accompagne d’un large volet éducatif : développement du scoutisme, camp pour jeunes filles, mise en place de bibliothèques et même de bibliothèques ambulantes, programmes d’éducation physique.

Pour financer toutes ces activités, Anne Morgan imagine des collectes de fonds soutenues par les divertissements. Elle finance photographes et cinéastes pour exporter outre Atlantique les images de leurs campagnes, et exploite la première la publicité pour la collecte de fonds.

La Première Guerre mondiale comme on la voit rarement

Anne Morgan, une Américaine sur le Front offre un regard de biais sur la Première Guerre mondiale, qui est loin d’être inintéressant. Sylvain Bergère interroge ainsi la vie en arrière du front, dans ces régions occupées, puis libérées en 1917, puis occupées à nouveau en 1918, puis ravagées au moment de l’Armistice.

Alternant narration et lecture de lettres écrites par les Américaines à leurs familles restées aux États-Unis, le documentaire s’appuie en outre sur des images d’archives peu connues, véritable mine pour restituer le vécu des populations fragilisées considérablement par le confit armé. C’est d’ailleurs là peut-être que l’Amérique est intervenu : les images et les films montrant les filles du CARD, la Picardie, les familles paysannes, abondent.

Entre portrait d’une femme singulièrement extraordinaire et épopée d’une époque tiraillée entre la guerre et la reconstruction, le documentaire Anne Morgan, une Américaine sur le front est une belle découverte pour Bulles de Culture.

En savoir plus :

  • Anne Morgan, une Américaine sur le front a été diffusé sur la chaîne Histoire TV les lundi 12 novembre 2018 à 21h30, mardi 13 novembre 2018 À 23h25, dimanche 18 novembre 2018 à 12h10 et vendredi 30 novembre 2018 à 17h50
  • Durée du documentaire : 52 minutes
Morgane P.

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