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Stella Finzi d'Alain Teulié

Critique / “Stella Finzi” (2020) d’Alain Teulié

Dernière mise à jour : juin 21st, 2021 at 09:52 pm

Avant Stella Finzi, Alain Teulié a déjà publié sept romans mais aussi des pièces de théâtre. Il est aussi connu comme acteur et comme présentateur de l’émission Tout Paris, un talk show culturel sur Paris Première dans les années 90. Né en 1960 à Paris, il définit lui-même son nouveau roman comme le plus abouti après une quarantaine d’années de fréquentation de la littérature. Avis et critique livre d’un rédacteur invité.

Cet article vous est proposé par un rédacteur-invité, le chroniqueur Gilles M..

Synopsis :

Au début du roman, nous faisons connaissance de Vincent, la quarantaine, écrivain d’un seul livre, en panne d’inspiration pour les suivants et définitivement dilettante et dandy. Vincent a vite dilapidé un héritage familial et n’entrevoie qu’une issue : le suicide. Pas un suicide banal, mais un suicide à Rome après s’être rempli d’art, de Vivaldi et de beauté.

Ses projets vont été contrariées  par sa rencontre à La Licata, son bar habituel pour le petit déjeuner, avec Stella Finzi, jeune femme riche, brillante, sensuelle mais laide. Au départ, il fuit son intrusion et le risque de dépendre d’elle mais elle le rattrape plusieurs fois, l’emmène en Toscane et le convainc de faire un travail pour elle.

Qui sera sauvé à la suite de ce face-à-face intense : Vincent  suicidaire ? Stella désemparée par la mort accidentelle de ses parents? C’est une des interrogations tout le long  du livre qui fait tourner les pages avec impatience !

Stella Finzi d’Alain Teulié : la vie d’un dandy à Rome

Dans le roman Stella Finzi, Vincent est un vrai amateur d’art, cultivé et sensuel. Sa sensibilité lui fait admirer des tableaux, apprécier des morceaux de musique, aimer des livres et goûter la gastronomie. Ses premières conversations avec Stella portent sur un tableau de Caravage.

Sans argent, il aime pourtant les beaux vêtements et se précipitent  dans les boutiques romaines dès  qu’il a récupéré quelques subsides. L’auteur le distingue d’un « bobo », qui voudrait paraitre, pour le définir plutôt comme un vrai dandy à la recherche d’une esthétique pour lui-même.

Il est donc comme un poisson dans l’eau à Rome et nous nous plaisons à l’accompagner dans ses déambulations  esthétiques.

De l’intérêt romanesque d’une femme laide

Si en plus d’être riche, Stella avait été belle, pas de roman possible ! En quelques pages du livre Stella Finzi, ils se seraient reconnus entre esthètes et seraient partis créer une famille.

Le visage disgracieux de Stella n’est jamais décrit précisément mais toujours d’après le ressenti de Vincent. Le lecteur est renvoyé à l’intrigante photo de la couverture du livre d’une femme masquée, l’artiste Léonor Fini. Il est donc libre de projeter sur Stella sa propre définition personnelle de la laideur.

Vincent cherche d’abord à la fuir. Les périodes loin d’elles sont l’occasion d’introspection sur ce qu’il veut vraiment et pour nous lecteur, de tenter de mieux le connaitre.

Les contacts sont rugueux. Vincent cherche à échapper à l’emprise de Stella. Mais ces confrontations sont peut-être le remède pour réaligner la vie de Vincent vers plus d’optimisme et de volonté.

La littérature va être  l’ingrédient de l’alchimie qui va les rapprocher

Les personnages sont incontestablement fouillés. L’auteur ne cherche pas à tout expliquer et à justifier. Il amène patiemment des briques pour nous aider à comprendre Stella et Vincent.  Des mystères demeurent. Au lecteur de faire son propre chemin dans la construction subtile de l’auteur.

Un grand plaisir de lecture

Alain Teulié livre en fin de compte avec Stella Finzi un livre d’une grande élégance. Il partage visiblement le goût de l’esthétique de ses personnages et nous en fait bénéficier par un style précis, agréable et sans fioritures inutiles. Rome apporte un cadre particulièrement adapté à l’esprit du livre.

L’auteur n’hésite pas à introduire l’actualité dans le récit comme la chute du pont de Gênes, la pandémie violente du Covid en Italie. Peut-être une façon d’installer le roman dans le contemporain et de rappeler qu’à toutes les époques, le roman fait son miel d’une relation contrariée entre deux amoureux.

En savoir plus :

Bulles de Culture - Les rédacteur.rice.s invité.e.s

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