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Citrons Citrons Citrons Citrons Citrons Sébastien Corona et Richard Studer affiche

[Critique] “Citrons citrons citrons citrons citrons” : Rafraîchissement garanti

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:05 am

Le Funambule Montmartre accueille actuellement la pièce de Sam Steiner, Citrons Citrons Citrons Citrons Citrons, mis en scène par Sébastien Corona et Richard Studer. L’avis de Bulles de Culture sur cette pièce pleine de vivacité.

Synopsis :

Bernadette (Camille de Preissac) et Olivier  (Sébastien Corona) vont bientôt faire face à une situation pour le moins crispante : une loi, nouvellement votée, va limiter à 140 le nombre de mots à utiliser chaque jour. Comment ce jeune couple va-t-il s’adapter, pour se parler, se confier, transmettre, rire et aimer, lorsque les mots sont contingentés ?

Citrons Citrons Citrons Citrons Citrons : Une idée lumineuse

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© D.R.

D’emblée, la pièce Citrons Citrons Citrons Citrons Citrons de Sam Steiner a tout pour être séduisante. Le sujet, inspiré et inspirant, se prête divinement bien à l’exercice théâtral. Une loi aberrante, fantasque, est en passe d’être adoptée. Elle prévoit de limiter, pour chacun, à 140 le nombre de mots à utiliser au quotidien. Comment se satisfaire d’une situation dans laquelle le langage verbal est ainsi sclérosé ?

Olivier (Sébastien Corona), est engagé. Lutter, manifester, sauver les mots et empêcher qu’une telle loi soit réalité devient son sacerdoce. Un combat militant qui interroge aussi bien son passé que son avenir. Plane en effet l’ombre de l’ex, pas vraiment oubliée, présente aux mobilisations pour faire avorter la loi. Flotte aussi une image terriblement angoissante, celle d’un futur avec Bernadette (Camille de Preissac) où la communication sera réduite à un minimum qui n’en est même pas un.

Bernadette (Camille de Preissac) nourrit quant à elle tous les paradoxes. Terriblement volubile, incarnation d’une parole terriblement libérée, elle se montre pourtant plus mesurée, face à cette loi. Un détachement apparent source de conflits. La loi passe. Les deux amoureux cherchent alors à braver le destin chaotique qui les attend.

L’apparente légèreté de la parole

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Sam Steiner, en proposant une pièce aux allures de comédie pétillante, aborde une question qui ouvre mille portes. Cette liberté si naturelle pour chacun d’entre nous, qui est celle de parler, redevient, avec Citrons Citrons Citrons Citrons Citronsprécisément, une liberté. Une faculté qui est donnée et qui peut être reprise. Un droit d’ailleurs, à double facette : limiter les mots, c’est nier l’être humain, doué du langage, qui fait toute sa singularité. C’est, dans la vie d’un jeune couple comme Bernadette et Olivier, ou d’une famille, ou d’un groupe d’amis, entraver la réciprocité, empêcher l’échange, condamner à l’isolement. C’est réfuter la définition aristotélicienne de l’homme, celle de voir en lui un “animal politique”.

Au delà de la difficulté pratique et intime à appréhender l’altérité sans le langage, Sam Steiner laisse entrevoir aussi une société dans laquelle la liberté d’expression, l’art, la culture et même la beauté sont cloués au pilori. Derrière cette idée saugrenue et, il faut le dire, très amusante pour le spectateur, se cache un questionnement extrêmement incisif, qui donne à Citrons Citrons Citrons Citrons Citrons une dimension particulièrement intéressante.

Une pièce joliment interprétée

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Camille de Preissac et Sébastien Corona, dans une mise en scène extrêmement dénudée de Sébastien Corona et Richard Studer, s’en donnent à cœur joie pour faire briller le texte de Sam Steiner. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils incarnent et maîtrisent parfaitement leur rôle respectif. Leur jeu vivant et dynamique, insufflé par le texte de Sam Steiner, permet totalement au spectateur de s’identifier à l’un ou à l’autre, de rentrer dans l’intimité d’un couple qui fait face à une difficulté à peine imaginable, se surajoutant à toutes les “scènes de la vie quotidienne” d’un tandem qui s’apprivoise et qui vit ensemble.

C’est une jolie pièce que Citrons Citrons Citrons Citrons Citrons, qui fait sincèrement rire et qui se révèle maligne et raffinée.

En savoir plus :

  • Citrons Citrons Citrons Citrons Citrons, mis en scène par Sébastien Corona et Richard Studer, au théâtre Le Funambule Montmartre (Paris, France), du 1er novembre au 16 décembre 2017, du mercredi au samedi en alternance à 19h30 ou 21h
Agathe M.

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