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Héroïne(s)#2 Des cercles bleus et noirs par la Compagnie Les Passeurs image théâtre
© Isabelle Fournier

Critique / “Héroïne(s)#2 – Des cercles bleus et noirs” : une lumineuse noirceur

Dernière mise à jour : septembre 29th, 2020 at 12:22 pm

Deuxième volet d’un triptyque sur les femmes, Héroïne(s)#2 – Des cercles bleus et noirs de la Compagnie Les Passeurs explore les abysses d’un désir destructeur. L’avis et la critique théâtre de Bulles de Culture sur cette pièce vue au Festival OFF d’Avignon 2019.

Synopsis :

Une femme (Stéphanie Rongeot) est là qui se raconte, prisonnière du dédale de ses souvenirs, du labyrinthe de son désir. Tiraillée entre l’amour charnel — et incestueux — qu’elle éprouve pour son frère et son attirance toxique pour cet autre qui l’a abandonnée, elle erre.

Héroïne(s)#2 – Des cercles bleus et noirs au Festival OFF d’Avignon 2019 : un monologue sidérant

Héroïne(s)#2 – Des cercles bleus et noirs est un texte signé Dominique Richard, poétique et fulgurant, énigmatique et obsédant. Il dit le désir trouble d’une femme pour son frère ou pour un autre qui l’a laissée. Il dit l’abnégation de soi face à une passion toxique. Il dit aussi le mécanisme de survie, la fuite quand l’autre devient une menace pour soi. Belle découverte que cet auteur en tout cas !

Pour incarner sur scène cette femme, Stéphanie Rongeot, mise en scène par Lucile Jourdan. Un espace restreint au centre, qui s’ouvre et se ferme. Un espace qui peut venir symboliser le for intérieur, le refuge de la pensée. Pour accompagner la comédienne, la musicienne Gentiane Pierre. Trois femmes qui seront tour à tour dans le rôle de celle qui joue, dirige ou accompagne dans ce triptyque que doit constituer au final Héroïne(s) dans son ensemble. 

Héroïne(s)#2 – Des cercles bleus et noirs aborde la problématique du désir quand le premier volet, Héroïne(s) #1 – Lamento de Livia, abordait celle de l’addiction et que le troisième se concentrera sur le monde du travail. Trois héroïnes distinctes, trois héroïsmes féminins. Trois femmes sous emprise.

Des espaces mouvants

Le texte de Dominique Richard joue de décalages dans les espaces et la temporalité. On est entre l’enfance et la jeunesse, entre le passé et le présent, entre la maison de l’enfance et la fuite. Les lieux de la mémoire qu’ils nous fait explorer sont ainsi dans un trouble permanent, ambivalents et labyrinthiques.

De la même façon, l’on voit s’opérer — et Stéphanie Rongeot l’incarne bien —un glissement de genre. Cette femme se trouve être le masculin de cet homme qui veut être femme et l’entraîne dans sa chute. Elle est également mère, soeur et amante d’un frère qu’elle aime charnellement. 

À la frontière de notre monde et de ses interdits d’une part et d’un monde mythique d’autre part, Héroïne(s)#2 – Des cercles bleus et noirs est en tout cas une approche singulière du rapport féminin au désir et aux attirances irrépressibles. C’est une exploration fascinante de la dépendance affective, de l’emprise de l’autre et de la libération qui émancipe.

En savoir plus :

  • Héroïne(s)#2 – Des cercles bleus et noirs s’est joué à Avignon Le Off 2019, à L’Entrepôt théâtre, du 12 au 15 juillet à 21h30
  • Tournée en 2020 en France : le 10 janvier 2020 au Théâtre du Briançonnais ; du 05 mai au 06 mai 2020 au Théâtre Comoedia
  • Durée du spectacle : 1h05
  • Compagnie Les Passeurs (site officiel)
Morgane P.

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