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Molly une femme au combat - affiche

[CRITIQUE] “Molly, une femme au combat” (2014) de Tony Grounds

Dernière mise à jour : décembre 12th, 2016 at 12:53 pm

Molly une femme au combat - affiche

Molly, une femme au combat (Our girl, 2014) de Tony Grounds est une étonnante série britannique avec un personnage féminin fort, interprété par la talentueuse actrice anglaise Lacey Turner (EastEnders).

Synopsis :

Molly Dawes (Lacey Turner), 18 ans, vit à Londres avec sa famille dans un logement social. Sans but, à l’étroit avec un père alcoolique, une mère débordée et un petit ami volage, la jeune anglaise décide de rejoindre l’armée. C’est un peu à reculons que nous avons découvert cette série.

Engagez-vous, rengagez-vous,
qu’ils disent ?

 

Il faut l’avouer tout de suite, c’est à reculons que nous avons découvert Molly, une femme au combat par crainte d’une série créée dans le but de promouvoir l’engagement des jeunes dans l’Armée. Mais au vu de la qualité des séries de la BBC, nous avons regardé le pilote et il faut reconnaître que nous n’avons pas été déçu. Les anglais  prouvent une nouvelle fois leur capacité à raconter des histoires sans mettre totalement de côté leur regard critique.

Bien évidemment, ce téléfilm prolongé en série (6 épisodes) par BBC One est une sacrée bonne publicité pour l’Armée britannique.

Mais heureusement, elle n’est pas que cela !

Un sacré tempérament

 

Molly, c’est une fille paumée des quartiers populaires de Londres qui a un sacré tempérament. Et il en faut sacrément dans Molly, une femme au combat quand on a :

  • un  père chômeur et alcoolique,
  • une mère au foyer enceinte jusqu’au coup alors qu’ils sont déjà 6 enfants,
  • des pseudo-copines qui n’hésitent pas à lui piquer son petit copain pour s’envoyer en l’air avec lui dans les chiottes d’une boite de nuit.

Rien d’étonnant donc à ce que Molly décide de s’engager dans l’Armée. C’est bien une porte de sortie comme une autre quand on a une “petite vie de merde” comme la sienne.

Mais contrairement à un autre personnage féminin fort comme celui de  Hadèle Haenel dans Les Combattants (2014) qui voulait vraiment entrer dans l’Armée, Molly y va clairement à reculons aux deux jours de test. Surtout que son manque de pratique sportive — qui se résumait surtout aux sacs des courses à porter — ne la prédisposent pas aux entraînements militaires intensifs et que son caractère insolent, malpoli et vulgaire ne cadre pas vraiment avec l’institution.

Un personnage fort et attachant

 

Mais le jour où un des instructeurs la pousse au défi de parler d’elle lors d’une séance dite “Icebreaker” (“briser la glace”), si elle se rebiffe encore et manque de partir, elle relève au final le défi. Car comme dans La Tête Haute (2015), il s’agit pour les adultes de réussir à entrer en communication avec de jeunes adolescents en rupture. Ici, le long monologue de Molly devant ses camarades durant la séance “Icebreaker” va révéler une jeune fille qui a peur et qui n’ose plus rêver à force d’avoir été trop déçue.

C’est à partir de ce moment-là que notre regard sur ce personnage plein de contradictions commence à changer et que la série Molly, une femme au combat devient vraiment intéressante.

Suivra un deuxième moment-clé pour elle quand elle passera un entretien avec un supérieur, le Commandant O’Brien (Lucy Briers), qui doit décider de sa réussite au test ou non. La série aurait pu facilement surfer sur l’effet Billy Elliot (2000) lors de la scène où  le commandant O’Brien demande à Molly pourquoi l’armée devrait l’accueillir et ajouter ainsi un peu trop fortement de l’empathie au personnage après le précédent monologue.

Molly : Donnez-moi ma chance.
Commandant O’Brien : Pourquoi ?
Molly : On ne me l’a jamais donné. Donnez-moi ma chance et je ne décevrai personne, juré.

Dialogues simples qui disent toute l’envie et les doutes du personnage. Avec talent, le scénariste Tony Ground a réussi à nous embarquer avec ce personnage fort et attachant — et le talent de l’actrice Lacey Turner n’y est pas non plus pour rien ! — dans une aventure que nous pas très convaincus d’avoir envie de suivre.

Une femme et un soldat

 

Cette phase 1 passée, le plus dur va commencer. Et si elle peut compter sur l’aide de ces nouvelles camarades, elle devra surtout ne pas compter sur le soutien d’une famille peu encourageante (son père aurait préféré la marier pour de l’argent) ou d’anciennes amies qui ne partagent plus ses nouvelles envies.

La suite la verra donc entrer en formation avec une succession de scènes qu’elle traversera avec ironie comme lors de cette scène très drôle où elle est alignée avec ses camarades devant le nouveau supérieur en charge d’elles, le Caporal-chef Geddings (Matthew McNulty).

Caporal-chef Geddings : Je suis le Caporal-chef Geddings. Pendant ces 14 semaines, je serai votre mère, votre père, votre petit ami, votre grand-mère et votre Bon Dieu, tout en un. Vous êtes à moi. Mais surtout, je suis à vous…”

À l’écoute d’un tel discours, Molly ne peut s’empêcher de rire car comme nous, elle a l’impression d’être dans une scène de film américain, style Full Metal Jacket (1987). C’est toute la réussite de la série Molly, une femme au combat de savoir garder ce regard distant sur cet engagement militaire.

Bien sûr, après un dur entraînement, Molly va peu à peu devenir le technicien médical de combat de l’Armée qu’elle a décidé de devenir et elle se retrouvera très vite en première ligne en Afghanistan, en tant que soldate de deuxième classe.

Militaire sur le terrain, elle va très vite se rendre compte que c’est au milieu des champs de mines et des tirs croisés que l’on apprend vraiment son métier.

Femme — des histoires d’amour seront bien évidemment au rendez-vous, notamment avec le beau Capitaine Charles James (Ben Aldridge) —, elle va lutter pour se faire une place dans cette société essentiellement d’hommes, tout en ne perdant pas ses idéaux dans un pays en guerre

Un scénario, une réalisation
et un casting de qualité

 

Bref, avec un scénario, une réalisation et un casting de qualité, Molly, une femme au combat se révèle être une bonne mini-série avec un personnage féminin fort et attachant… si on parvient bien sûr à oublier un peu le côté promotionnel de la série pour l’Armée.

Mais ne boudons pas notre plaisir !

À noter qu’une nouvelle saison de Our girl (titre original de la série) devrait voir le jour mais ce serait avec un autre personnage et une nouvelle actrice,  Michelle Keegan (Coronation Street, Ordinary Lies).

 

 

En savoir plus :

  • Molly, une femme au combat est diffusé sur Arte tous les jeudis à 20h50 à partir du 7 avril 2016 et sera disponible en Replay sur Arte+7
Jean-Christophe Nurbel

3 Commentaires

  1. Une série qui m’a vraiment intéressé car je l’ai trouvée très bien faite Existe t-il un DVD de cette série?

  2. La bo sortira t elle. Cette srie est une pepite. Dommage que la version francaise a eu des scenes coupees

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