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Moins 2 (2015), mort… de rire ?

Dernière mise à jour : mars 24th, 2019 at 07:08 pm

Moins-2-affiche Vous voulez connaître ce qui vous arrivera dans quelques années ou décennies ? Gérontophiles, soyez les bienvenus ! En Moins [de] 2, Samuel Benchetrit vous immerge dans une chambre pour grand malade.
      

Synopsis :

Cette pièce confesse l’épilogue de deux moribonds (Philippe Magnan, Guy Bedos) confortablement installés sur un lit d’hôpital pour une sieste éternelle, lorsque le médecin apporte la sentence de la morbide Faucheuse. Effrayés par l’approche de l’heure funeste, et profitant d’un léger soubresaut, nos deux dépouilles élaborent de concert leur évasion de l’hosto, et s’improvisent une dernière virée en cahotant, munis de leurs cathéters.

    
L’ambiance d’un caveau         

     
Il est sept heures moins deux. Me voici tout recroquevillé sur mon siège rouge, submergé par mon épais manteau, mon parapluie très british ainsi que mon sac posé sur mes genoux et m’obstruant la vue. Dix neuf heures sonne, le rideau écarlate dévoile la scène hospitalière.

Le décor de Moins 2 est sobre et épuré, voire minimaliste. Le metteur en scène, Samuel Benchetrit, semble vouloir rendre banal le destin le plus commun mais qui nous effraie tous sur cette Terre : la mort. La poésie du quotidien réside parfois dans la simplicité et permet de faire face à la peur de la maladie placardée ici. Mon esprit macabre y interprète l’ambiance d’un caveau.
      

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© Laurencine Lot

Un road trip final

         
Nous avons tous les yeux rivés sur les deux protagonistes, Guy Bedos et Philippe Magnan, déjà foutus et en tenue très intime : pyjamas rayés et charentaises rembourrées, mais parfaitement équipés pour un road trip final, aux abords de la ligne verte. Après quelques dialogues, on perçoit que Moins 2 offre quelques subtilités et surprises, parfois relevées par les rires du public.

Bien évidemment, on s’attend à un déballage de souvenirs avec une mémoire qui repeint le passé d’une couleur de nostalgie, l’embellissant souvent et ne gardant des situations que leur part d’émotions, de rires, en prenant garde d’en éliminer certaines couleurs. En vrai, l’approche du crépuscule pousse nos deux souffreteux à exprimer leurs regrets.

Le personnage de Philipe Magnan incarne le repentant et amène celui de Guy Bedos à investir la vie qu’il s’est refusé : celui de père. On découvre alors la naissance d’une nouvelle vie au terme d’une ancienne existence.

Plus qu’un flirt avec l’au-delà, il s’agit avant tout d’une confrontation entre la vie – incarnée par les traits avantageux d’Audrey Looten – et la mort ainsi qu’entre l’espoir et le désespoir.
    

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© Laurencine Lot

Une pièce de Samuel Benchetrit

    
Maintenant, on peut s’interroger sur l’origine du titre de l’affiche : Moins 2. Est-ce parce que nous assistons à l’extinction progressive de deux longues existences meurtries à l’heure d’une nouvelle vie ? Peut-être mais la réponse à cette interrogation n’est pas clairement explicitée par la pièce et laisse le loisir au spectateur d’apporter la sienne.

En tout cas, avant de venir contempler cette pièce, débarrassez-vous de vos préjugés et mettez-vous en tête qu’il s’agit d’une pièce de Samuel Benchetrit. Écartez l’idée que le texte joue dans le registre cynique de Guy Bedos car dans le cas contraire, les amateurs d’humour noir et piquant seront probablement un peu décontenancés.

Dommage car peut-être aurait-il d’ailleurs mieux fallu moins 2 douceur pour ce Moins 2 et un peu plus d’audace…
     

   
En savoir plus : 

  • Moins 2 de Samuel Benchetrit au Théâtre Hébertot (Paris) du 22 septembre au 29 novembre 2015
Pierre L.

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