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L'amour debout affiche film critique avis

Rencontre avec Michaël Dacheux, réalisateur de “L’Amour debout”

Dernière mise à jour : juin 28th, 2019 at 02:40 pm

A l’occasion de la sortie en DVD du film L’Amour debout le 17 juin dernier, Bulles de Culture a interviewé son réalisateur, Michaël Dacheux. Le cinéaste évoque ses inspirations, ses désirs et sa manière de travailler.

Interview de Michaël Dacheux

Bulles de Culture : Dès la première scène où votre protagoniste fait visiter Paris à un groupe de personne, on sent cette passion à nous montrer cette ville. Est-ce que L’Amour debout est également un hommage à une ville?

Michaël Dacheux : Ce n’est pas consciemment un amour de Paris. En revanche, il me paraît la moindre des choses de filmer mes personnages dans leurs lieux. Il y a dans notre capitale des endroits précis, concrets qui font travailler l’imaginaire. En effet, chaque lieu est propice à des rencontres. L’Amour debout évoque l’histoire de quelqu’un qui souhaite venir habiter Paris. On est donc dans un regard neuf d’un non parisien. Il va être attentif à ce qui l’entoure : une plaque commémorative, un lieu célèbre, une rue. Il y a des choses plus anonymes comme une silhouette, des sons… Je crois que je filme un Paris assez banal, pas touristique. 

Bulles de Culture : Entre un couple homosexuel, deux amoureux avec un égard d’âge important, votre film est-il une mise en avant d’amours extraordinaires ?

Michaël Dacheux : J’ai eu le désir de filmer des singularités avec des acteurs qui ont à cœur de nous renseigner sur l’ampleur de l’être humain. Je trouve qu’au cinéma, les acteurs sont généralement sous employés. Dans la vie, les individus sont capables de mêler énormément de choses grâce à des inventions de langage, des postures. Le cinéma ne rend pas compte de ça. C’est pour cela que j’ai choisi des non professionnels pour jouer dans L’Amour debout. Par exemple, j’ai fait appel à un physicien pour qu’il interprète son propre rôle. J’avais l’envie de filmer des personnes plus que des acteurs. J’ai poussé le concept jusqu’aux figurants qui ont été choisis pour leurs singularités.

“Il n’y a rien de moins cinématographique que de vouloir faire un film.”

Bulles de Culture : Le personnage principal du film, Martin, interprète un cinéaste. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Michaël Dacheux : Martin a choisi de rester à Paris dans le but de faire un film. Il n’y a rien de moins cinématographique que de vouloir faire un film. Il faut passer son temps à écrire, réécrire mais surtout se chercher des financements et des aides. Ces derniers aspects l’emportent très souvent sur la vision artistique du métier de réalisateur. Je trouvais ça intéressant de montrer cet aspect là du métier de metteur en scène. On comprend que Martin ne vient pas d’un milieu artistique, qu’il ne vient pas de l’édition, qu’il n’a pas d’héritage socio culturel. Je pense qu’il y une grande difficultés à faire des films si on n’est pas du milieu. Comment ces gens se débrouillent-ils pour vivre ? C’est cela que j’ai voulu approfondir.

A côté de cet homme de cinéma, j’ai également voulu rendre hommage à plein de petits métiers qui ont vocation à transmettre des connaissances à l’autre. Je l’évoquais tout à l’heure, il y a le physicien de La Villette, la guide touristique de Paris…

Bulles de Culture : L’histoire du film s’étend sur un an avec des changements de saisons marqués par des cartons. Comment avez-vous adapté le tournage à cette contrainte temporelle ?

Michaël Dacheux : On a simplement tourné pendant toute une année à raison d’un week-end par mois avec le temps qu’il faisait. C’est une raison de production qui est devenu une raison de récit. Le récit ne serait pas ce qu’il est si on avait pas tourné de cette façon là

“je ne vois aucun intérêt dans le cinéma d’animation”

Bulles de Culture : Êtes-vous donc un cinéaste résolument dans le réaliste ?

Michaël Dacheux : Je suis très touché au cinéma par la capacité d’enregistrer ce qui se passe devant la caméra. Le cinéma doit avoir une fonction documentaire, car il nous documente sur les émotions humaines. Le fait que le 7ème art enregistre, c’est quelque chose qui me touche. Par exemple, je ne vois aucun intérêt dans le cinéma d’animation car ne retranscrit pas la réalité.

Avec ce que je fais, on enregistre des hommes, des femmes, le vent qui passe dans une branche d’arbres. Je cherche à ce qu’il y ait de la vie dans les films. J’adore voir des choses burlesques, excentriques et étonnantes.

Interview réalisée le 20 juin à Paris

En savoir plus :

  • L’Amour debout est disponible en DVD chez Epicentre Films depuis le 17 juin 2019
Antoine Corte

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