Vaste ouvrage que ce Robert Doisneau (Nouvelle édition) proposé par Brigitte Ollier. Et avec lui un vaste panel des photographies de cet étrange photographe. Une belle promenade parisienne dans les années 40, 50, 60 et 70. Notre avis.
Synopsis :
Ce livre est une introduction signée Brigitte Ollier pour vous mettre sur les pas de ce photographe promeneur, de cet homme réservé qui fige la vie au détour de ses errances. Puis c’est une organisation thématique des photographies : « la guerre », « trafic », « Paris travaille », « Les Halles », « marchés », « dimanche », « au bord de l’eau », « vitrines et passages »,« Paris retraversé », « banlieue ». En tout une six centaines de pages dédiées à Robert Doisneau et à ses clichés.
Robert Doisneau (Nouvelle édition) : Le Paris d’une époque qui change
Ce sont en tout plus d’une quarantaine d’années de la vie parisienne que Robert Doisneau a immortalisées dans ses clichés photographiques. Rues, bâtiments historiques, trafic, quartiers populaires, travailleurs et flâneurs. Tout y passe, y compris le temps. Et l’ouvrage Robert Doisneau (Nouvelle édition) de Brigitte Ollier rend bien hommage à cette tranche de siècle observée par le photographe. L’approche thématique qu’elle privilégie superpose ainsi des photographies de lieux analogues mais à des moments très différents : fin des années 30, période de la guerre, années soixante. Rien de tel pour observer la mutation de la capitale au fil des années.
Par exemple, la section autour des Halles rassemble de nombreux clichés permettant de retranscrire l’ambiance du lieu avant les grands travaux de 1970. On voit ensuite la place se métamorphoser progressivement : trou béant ouvert sur le ciel, lieu de travaux longs et très observés. Et puis finalement nouveau lieu en partie sous-terrain qui correspond à la genèse des Halles que nous connaissons. Même constat pour les véhicules qui sillonnent la ville. De moyens de transport sommaires, on les voit évoluer en automobiles dont le nombre ne fait que croître. Premiers embouteillages, voitures sur le toit, charrettes insolites. Tous les moyens de déplacement sont représentés que ce soit avec une pointe d’humour ou avec un choix d’angle et de cadrage plus artistique.
Robert Doisneau : Témoin ou passant ?
On connaît de Robert Doisneau son amour pour les passants qu’il immortalise. Ce sont les amants de la place de l’Hôtel de Ville, ce sont ces gamins qui jouent avec espièglerie, ce sont aussi les personnalités littéraires ou artistiques de son époque : Jacques Prévert, Françoise Sagan, Marguerite Duras, Alberto Giacometti, entre autres. On retrouve bien sûr tous ces clichés très connus du photographe mais on découvre en outre une facette plus intime de Robert Doisneau qui semble vouloir témoigner, s’engager par son art.
Ainsi l’ouvrage Robert Doisneau (Nouvelle édition) s’ouvre sur des clichés de guerre. On apprend que le photographe a résisté en créant des faux-papiers. On trouve aussi dans les choix de photographies qu’il opère une forme de témoignage : ce sont ces gens qui ne se séparent pas de l’animal qui va les nourrir, poule ou lapin, dans un Paris qui a faim. Ce sont les files d’attente et les pénuries alimentaires. Mais aussi les barricades, les alertes à la bombe dans les stations de métro, la mise à sac du Parti populaire français ou les clichés de la Libération. Le regard n’est pas neutre dans ces clichés. Il n’est pas objectif mais bien subjectif si ce n’est subversif.
C’est aussi le choix du Paris modeste et populaire. D’une capitale parfois sale et encore paysanne par certains aspects. Ce sont les travailleurs de la rue ou ceux des usines à la chaîne comme chez Renault. Ce sont les marchés. Ce sont les quais et leurs acolytes. Ce sont les loisirs du dimanche. Ce sont les bals populaires. À travers ces photographies, c’est de la vie qui grouille dans la capitale dont Robert Doisneau témoigne. C’est de son effervescence. De la sincérité de ces foules populaires qui l’habitent. C’est tout le Paris modeste et simple qui nourrit la curiosité et la créativité de ce photographe longtemps resté comme une figure mineure dans l’art de la photographie.
Amoureux de Paris, passionnés de l’Histoire et de ses petites histoires, curieux arpenteurs, sociologues en herbe, amateurs de photographie, cet ouvrage est fait pour vous !
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- Robert Doisneau (Nouvelle édition), Brigitte Ollier, éditions Hazan, 18 octobre 2017, 672 pages, 38€
- Le site dédié à l’artiste ouvert par ses filles
- Une vidéo sur le site de l’INA présentant Robert Doisneau à l’une de ses expositions en 1988