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[CRITIQUE] “Les Merveilles” (2014), la lutte du pot de miel contre le pot de fer

Dernière mise à jour : janvier 11th, 2017 at 01:22 am

Envie de miel en hiver ? Grand Prix du Festival de Cannes 2014, Les Merveilles (Le Meraviglie) d’Alice Rohrwacher est un stage d’initiation à l’apiculture dans une région reculée d’Italie, l’Ombrie, en compagnie d’une famille refermée sur elle-même et dont l’équilibre sera perturbé par l’arrivée de nouveaux éléments extérieurs, dont la belle Monica Belluci dans le rôle d’une présentatrice de télévision. Une métaphore de la lutte du pot de miel contre le pot de fer ?

Synopsis :

Dans un village en Ombrie, c’est la fin de l’été. Gelsomina (Maria Alexandra Lungu) vit avec ses parents et ses trois jeunes sœurs, dans une ferme délabrée où ils produisent du miel. Volontairement tenues à distance du monde par leur père (Sam Louwyck), qui en prédit la fin proche et prône un rapport privilégié à la nature, les filles grandissent en marge. Pourtant, les règles strictes qui tiennent la famille ensemble vont être mises à mal par l’arrivée de Martin (Luis Huilca), un jeune délinquant accueilli dans le cadre d’un programme de réinsertion, et par le tournage du jeu télévisé, « Village des merveilles », avec la présentatrice Milly Catena (Monica Bellucci).

Un cadrage serré, au plus près des corps

 

Les Merveilles image 1
© Ad Vitam

Les Merveilles est tout d’abord un fascinant regard sur le travail d’apiculteur artisanal de cette famille bien qu’ils ne respectent probablement aucune norme – hygiène, notamment – pour le concocter. La caméra prend plaisir à capter leurs gestes et offrent de belles scènes comme celle où ils récupèrent avec difficulté un nid couvert d’abeilles dans un arbre.

Ensuite, Les Merveilles s’inscrit dans l’espace restreint d’une famille dont les parents ont fui la ville pour préserver leurs enfants. Le film s’appuie ainsi sur une relation père/fille forte et avec un cadrage serré, au plus près des corps, la réalisatrice Alice Rohrwacher nous fait partager le ressenti de la jeune Gelsomina, son intériorité et ses premiers émois adolescents avec le petit délinquant mutique Martin.

Les Merveilles :
Un regard documenté et un casting réussi

 

Les Merveilles image 2
© Ad Vitam

Enfin, le film montre la lutte perdue d’avance du pot de terre de vie idéale que le père voulait pour ses enfants contre le pot de fer du monde extérieur et de son attrait. À son grand regret, il ne peut que constater que sa fille chérie a grandi et qu’elle désire de moins en moins passer son temps à seconder son père et à s’occuper des sœurs. Comme les filles de son âge, elle est attirée par les strasses et les paillettes de la belle Monica Belluci et de son émission télévisée.

L’évolution de la campagne italienne à travers le développement à venir du tourisme dans la région et la télévision qui transforme ses habitants en folklore local auront raison de cet “éden”. Ce constat pessimiste d’Alice Rohrwacher se conclura avec éloquence dans un dernier plan final, ample et circulaire.

Grâce à un regard documenté et un casting réussi, Les Merveilles nous offrent une passionnante initiation à l’apiculture dans une région italienne peu connue. Après l’avoir vu, vous ne regarderez plus votre pot de miel de la même manière …

 

 

En savoir plus :

  • Date sortie France : 11 /02/2015
  • Distributeur France : Ad Vitam

 

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Jean-Christophe Nurbel

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