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Jurassic World - affiche film cinéma
Affiche du film "Jurassic World"

Critique / “Jurassic World” (2015) de Colin Trevorrow

Dernière mise à jour : mai 28th, 2022 at 10:15 pm

La mode d’ancienne franchise remise au goût du jour est remontée jusqu’à la Préhistoire : le parc d’attraction Jurassic World débarque toutes dents et toutes griffes dehors sur nos écrans. Mais l’effet de surprise passé depuis le premier épisode de la franchise et ses séquelles sans réel intérêt (Le Monde perdu : Jurassic Park, Jurassic Park 3), ce Jurassic World de Colin Trevorrow qui nous promet un retour aux origines, saura-t-il nous replonger au cœur de la jungle préhistorique et nous faire frémir au son du T-Rex ? Pas si sûr. La critique et l’avis film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Alors que l’Indominus Rex, un dinosaure génétiquement modifié, pure création du Docteur Henry Wu (B.D. Wong) et son équipe, sème la terreur dans le parc d’attractions dirigé par Simon Masrani (Irrfan Khan), les espoirs de mettre fin à cette menace reptilienne se portent sur le dresseur de raptors Owen Grady (Chris Pratt) et à la commerciale  Claire Dearing (Bryce Dallas Howard).

Jurassic World : Jurassic Park, vingt ans après

Jurassic World - image
© 2015 Industrial Light & Magic, a division of Lucasfilm Entertainment Company Ltd. All Rights Reserved

Nous revoilà donc de retour dans le parc conçu par le milliardaire John Hammond (Richard Attenborough) qui voulait dans le long métrage Jurassic Park (1993) faire découvrir les dinosaures au public du monde entier. Hélas, son rêve n’a pas pu voir le jour à cause de créatures ressuscitées plutôt récalcitrantes et de la théorie du chaos développé par le personnage joué par Jeff Goldblum.

Mais miracle d’Hollywood, vingt ans après (dans le temps du récit), son rêve est devenu une réalité dans le film Jurassic World. Et si le milliardaire ne fait qu’une apparition en statue dans ce nouveau film — l’acteur est mort en 2014 —, le parc est ouvert et les dinosaures font partie du décor, au même titre que les autres animaux.

C’est donc avec les yeux d’un enfant, Gray Mitchell (Ty Simpkins), que nous découvrons pour la première fois ce parc en fonctionnement. Et c’est avec un vrai plaisir d’enfant, communiqué par l’enthousiasme de Gray, que nous posons notre pied sur l’île d’origine.

À cette fin, l’utilisation de la 3D est un vrai plus. Cela permet de jouer à fond l’opposition entre le grand et le petit, soit le gigantisme du parc et de ses créatures contre les petits êtres humains que nous sommes.

Le dinosaure 2.0

Jurassic World image film cinéma
Ty Simpkins et Nick Robinson dans le film “Jurassic World” © 2015 Industrial Light & Magic, a division of Lucasfilm Entertainment Company Ltd. All Rights Reserved

Les quinze premières minutes de Jurassic World sont donc un réel émerveillement, avec en plus le plaisir d’entendre le thème original de John Williams, réinterprété ici par Michael Giacchino. Hélas, très vite, le scénario du film prend une autre direction.

À l’image des commerciaux du parc, les producteurs ont eu la mauvaise idée de penser que pour impressionner le public d’aujourd’hui, il fallait bien plus qu’un moustique fossilisé dans de l’ambre. Du coup, direction les laboratoires du Docteur Henry Wu (B.D. Wong) — seul personnage rescapé du premier épisode de la franchise — pour proposer au public du parc et à celui de la salle un dinosaure “tuné”, Indominus Rex, qui échappera sans surprise à ses savants fous de géniteurs.

Une petite dose de méchants mercenaires, emmenés par Vincent D’Onofrio, pour accommoder tout cela et nous voilà partis pour fuir pendant deux heures devant cet improbable animal carnassier, sans foi ni loi, en quête de sa juste place sur la chaîne alimentaire.

Un casting sans surprise

Heureusement que face à ce monstre de douze mètres va se dresser Owen Grady, interprété par un Chris Pratt encore plus cool que d’habitude puisqu’après avoir dompté des hors-la-loi (Les Gardiens de la Galaxie), le voilà qui se met à mater les animaux jusque-là les plus vicieux et les plus dangereux du parc, à savoir les vélociraptors.

À ses côtés, les rôles secondaires remplissent les quotas dans Jurassic World :

  • la case diversité est remplie par le toujours souriant Omar Sy en collègue de travail et ami d’Owen,
  • la case féminine par la femme avant l’ère moderne jouée par Bryce Dallas Howard – très, très loin de l’héroïne de Mad Max Fury Road interprétée par Charlize Theron,
  • la case enfants par l’adolescent Zach Mitchell (Nick Robinson) et son petit frère Gray (Ty Simpkins).

Mais si la caractérisation des personnages n’est pas très poussée, ce Jurassic Park modifié génétiquement permet aux co-scénaristes Rick Jaffa, Amanda Silver et Derek Connolly de s’en donner à cœur joie dans la surenchère et de proposer des scènes d’action aussi improbables que spectaculaires, avec notamment un impressionnant mais irréel combat de géants à la fin.

Une curieuse mise en abyme

Ce qui est curieux, c’est que le propos que sous-tend Jurassic World — représenté notamment par un discret employé (joué par Jake Johnson) nostalgique du mythique premier parc — est une critique de cette recherche du spectaculaire à tout prix.

Dommage car ce qui faisait la force de Jurassic Park film n’était pas seulement de jouer sur la surenchère du “frisson” mais de répondre à la question d’un vraisemblable “et si”.

Vu la fin du film, une suite est à craindre surtout qu’Omar Sy ne peut s’empêcher de prononcer une phrase plus profonde qu’elle n’en a l’air : “They never learn” (“Ils n’apprennent jamais”).

Espérons qu’il se trompe.

En savoir plus :

Jean-Christophe Nurbel

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