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Ainsi soient-ils saison 3 - image
© Zadig Productions

Interviews / David Elkaïm et Vincent Poymiro (“Ainsi soient-ils”)

Dernière mise à jour : septembre 23rd, 2020 at 05:19 pm

À l’occasion de la diffusion en octobre 2015 sur ARTE de la troisième et dernière saison d’Ainsi soient-ils, Bulles de Culture a pu s’entretenir avec les deux créateurs de la série, David Elkaïm et Vincent Poymiro, sur sa genèse, ses controverses avec l’Église et surtout sur son processus créatif lors du Festival de la Fiction de La Rochelle en 2015.

Synopsis :

La série aborde la formation de jeunes séminaristes et questionne finalement, bien au delà de notre regard sur l’Église et la religion, notre rapport à l’humain, à nos fragilités, à nos engagements et aux choix que l’on fait dans nos vies en général. Une saison finale en grâce ?

Rencontre avec David Elkaïm et Vincent Poymiro pour la série Ainsi soient-ils

Ainsi soient-ils saison 3 - image
© Nathalie Mazaeas

Bulles de Culture : C’est la dernière saison d’Ainsi soient-ils a priori. Retournons au début, quelle est la genèse de cette série ?

Vincent Poymiro : L’idée de base, c’est Bruno Nahon, le producteur, qui me contacte en 2007 ou 2008, avec cette idée de faire une série sur de jeunes prêtres aujourd’hui. En discutant, on a fini par élaborer cette idée de séminaristes en formation et les aventures de ces jeunes gens qui ont cette idée de s’engager intégralement dans le monde d’aujourd’hui et de questionner ce qu’est le sens aujourd’hui, de visiter cet endroit tant convoité et fantasmé de l’Église et à travers elle, raconter la société d’aujourd’hui. Parce que l’Église d’aujourd’hui n’est pas hors du monde mais dans le monde. Avec ses contradictions et ses conflits, elle maximise les contradictions et les conflits du monde.

Là, on est parti chez ARTE, on leur a vendu le programme, ils étaient à la fois très intéressés et ils avaient très peur que cela n’intéresse absolument personne. Donc, il a fallu s’apprivoiser. David est venu nous rejoindre et on a créé ensemble les personnages, les arches de la saison 1, et assez vite, quand il y a eu un épisode de dialogué à peine, Rodolphe [NDLR : Rodolphe Tissot, le réalisateur] nous a rejoint et il a pris une place très importante dans la direction artistique avec son regard sur ce qu’on écrivait, et cela a donné cet espèce d’attelage à 4, avec Bruno Nahon. On arrive au bout de cette aventure à 4, avec émotion.

Bulles de Culture : Rodolpe Tissot avait-il un rapport particulier sur ce sujet de la religion ?

Vincent Poymiro : Pour être tout à fait honnête, non. Il a dit au début : “Moi, la religion, je n’y connais rien, mais par contre, des projets TV, j’en reçois tout le temps, et c’est rare qu’ils soient aussi bien écrits”. Honnêtement, c’est lui qui le dit, ce n’est pas pour nous vanter mais il a été sensible à notre écriture, tout bêtement.

Donc il a plutôt été surpris que l’on arrive à raconter des choses qui l’intéressent, même s’il n’a rien à voir avec l’Église. Et cela l’intéressait tout de suite de mettre cela en scène, ça l’intéressait en tant que fiction. Ce qui est superbe, c’est que les spectateurs sont venus pour voir une fiction et pas juste parce qu’ils sont passionnés par l’Église catholique.

David Elkaïm : Je ne sais pas comment Rodolphe a évolué sur ces questions-là mais au début, il était totalement étranger à l’univers.

Vincent Poymiro : C’est juste une histoire qu’il avait envie qu’on lui raconte et qu’il avait envie de raconter.

David Elkaïm : Il a forcément — mais il le dira mieux que nous — tout au long de son travail de repérages, de rencontres avec des prêtres qui ont travaillé sur le tournage, appris des choses, c’est sûr. Mais on ne s’est jamais posé la question les uns les autres : “Alors, est-ce que tu es devenu croyant, religieux ?” Jamais.

Vincent Poymiro : De même, on a contacté — c’est Bruno Nahon qui a eu l’idée, et il faut lui rendre cet hommage – Rodolphe après avoir vu une fiction d’ARTE qu’il avait faite et qui s’appelait La Tueuse [NDLR : La Tueuse est un téléfilm sur le poker, écrit et réalisé par Rodolphe Tissot pour ARTE en 2010] et qui racontait l’histoire d’une jeune femme à Paris aujourd’hui qui devenait addict au jeu. Cela n’a rien à voir avec l’univers de la série Ainsi soient-ils, mais son point de vue sur les personnages, sa façon de gérer les conflits, sa dramaturgie, nous a donné envie de travailler avec lui.

Donc, il y a aussi une reconnaissance mutuelle sur des objets qui n’avaient rien à voir entre eux mais on sentait bien qu’on allait pouvoir se rejoindre sur le plaisir de raconter une histoire avec des personnages forts, une empathie, un regard particulier sur des personnages.

 

Denis Tison

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