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[INTERVIEWS] “Un Village français” saison 6, la libération des instincts

Dernière mise à jour : juin 9th, 2020 at 01:33 pm

“Ils ont tous une part de victime en eux”

 

UN VILLAGE FRANCAIS - SAISON 6
© Laurent DENIS

 

Bulles de Culture : Parlez-nous de votre personnage d’Heinrich…

Pour vous dire, sur Heinrich, en tant qu’être humain, je le trouve terrible, un vrai salaud. Mais pour un comédien, c’est un kiff énorme car vous creusez là où vous n’avez jamais creusé et vous découvrez des choses que vous ne pensiez pas découvrir. J’ai eu deux moments qui m’ont donné accès à lui, deux monologues. Une fois, quand il parle de  sa blessure de guerre à Hortense, sa première rencontre avec Hortense, et la deuxième fois quand il la récupère au restaurant et  il lui parle de ce qui s’est passé en Russie. Et on se demande comment interpréter ces scènes-là ? Les salauds quand il raconte, il raconte ça avec une distance qui fait froid dans le dos. Il n’y a absolument rien qui est connecté à l’émotion et ce sont des clés pour le comédien pour désamorcer la soi-disant difficulté de ces scènes. Il ne faut rentrer dans l’émotionnel sinon ça devient pathétique.

Bulles de Culture : Cela concourt à la complexité des personnages…

Constance Dollé : Ce qui est bien dans cette série est que chaque personnage est porteur de différentes sortes de comportements qui pourraient habiter n’importe quelle sorte de personnage. Il y a quand même l’idée qu’on fait partie d’un tableau et il ne faut pas qu’on joue la même note.

Richard Sammel : Oui, j’aime présenter cette série non pas comme sur la guerre mais comme sur la condition humaine. J’aime voir Le Village comme un seul être humain qui a en lui toutes les possibilités, toutes les qualités et toutes les faiblesses. L’intelligence de la série est d’éviter le manichéisme. Chaque héros est déstabilisé par des choses pas très héroïques qu’il fait et chaque salaud a des histoires – comme Jean Marchetti [le commissaire de police de Villeneuve interprété par Nicolas Gob] avec Rita de Witte [une mère de famille juive interprétée par Axelle Maricq] qui nous rappellent que c’est quand même un être humain.

Constance Dollé : C’est pour ça qu’il y a un pouvoir d’identification à chaque personnage. Le public ne s’identifie pas à un personnage. Il aime la série parce qu’il est tantôt Heinrich Müller, il est tantôt Hortense Larcher, il est tantôt Antoine. C’est en cela que la série est très bien écrite, il y a un vrai panel de tous les comportements possibles dans ces moments-là.
Il n’y a pas en soi un mec qui était prédestiné à être un bon ou un mauvais gars. Ce sont les situations qui vous rendent tel ou tel et encore, ce n’est pas inscrit dans de la pierre. C’est Heinrich Müller qui par exemple dit au petit Gustave [NDLR : le fils de Marcel Larcher interprété par Maxim Driesen] : “ton père, c’était un brave homme”. Je le respecte pour ça et ça rend le personnage loyal alors que par ailleurs, il a eu des comportements inacceptables.

Martin Loizillon : Moi, je trouve qu’il y a une autre scène qui illustre bien ça, la scène où Heinrich dit à Gustave quelque chose comme : c’est la guerre et donc pendant la guerre, les gens meurent. Finalement, tous ces personnages malgré tout, ils sont aussi tous victimes du système dans lequel ils vivent. Après chacun joue au jeu selon la manière dont il peut mais ils ont tous une part de victime en eux.

 

 

 

Richard Sammel : Pour moi, le succès de Un Village français, ne tient pas tellement à sa reconstitution historique. Bien sûr que c’est bien fait mais ça tient au fait qu’aujourd’hui, on peut s’identifier à eux. Tout le monde se demande ce qu’il aurait fait à sa place, que ce soit Hortense, Antoine, Heinrich ou Larcher. Et c’est une identification possible avec tous les personnages pour tous les téléspectateurs.

Jean-Christophe Nurbel

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