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[INTERVIEWS] “Un Village français” saison 6, la libération des instincts

Dernière mise à jour : juin 9th, 2020 at 01:33 pm

“On a toujours le choix”

 

UN VILLAGE FRANCAIS - SAISON 6
© Laurent DENIS

 

Bulles de Culture : Et comment joue-t-on un personnage comme Heinrich Müller ?

Richard Sammel : C’est assez simple, on joue ce qui est écrit. Je le joue de manière à croire ce que je fais. Après la sauce, elle prend ou elle ne prend pas. J’ai eu quand même dès le départ un contrat de récurrence donc je savais qu’un potentiel d’exploitation sur ce personnage était là. Mais moi, je pense que le personnage de Heinrich s’est envolé avec l’invention de son histoire d’amour avec Hortense [l’épouse du médecin Martin Larcher interprétée par Audrey Fleurot] parce que ça l’humanisait énormément, ça a permis d’entrer dans sa vie privée. Cela a surtout permis une intimité qui autrement aurait été difficile.
Ceci dit, il y avait dès le départ déjà une humanisation avec sa blessure de guerre, etc..
C’est le vrai avantage d’une série sur 7 ans, c’est comme du vin avec un potentiel de maturation qui va devenir de plus en plus bon. C’est une belle rencontre entre les bons scénaristes, les bons comédiens, le bon public au bon moment, la bonne thématique, c’est beaucoup de choses qui se rencontrent et qui sont justes au moment de la rencontre. Après, je mets ma pâte. Quand je joue un méchant, je ne joue pas un méchant et quand je joue un héros, je ne joue pas un héros. Je joue un homme tout court.
Après, sur la méchanceté des hommes, ce que j’ai remarqué justement sur cette période-là, c’est que pour expliquer cette monstruosité qu’était le nazisme, on a dit assez vite après la guerre – c’est comme ça d’ailleurs que j’ai grandi – que c’était tous des monstres, tous des sadiques qui avaient un plaisir énorme à tuer. Il a fallu Hannah Arendt avec le procès d’Eichmann et “la banalité du mal” pour faire comprendre aux gens que c’était des gens comme vous et moi. Alors ça pose le dilemme : comment est-ce possible ? Là, c’est un ancrage qui devient intéressant.

Constance Dollé : La question que la série pose aussi, c’est à quel moment tu fais preuve de ton libre-arbitre. C’est ta capacité d’obéissance, en fait.

Richard Sammel : C’est vrai qu’on héroïse les gens de la Résistance parce qu’on a toujours le choix. Et parfois ce choix, il faut le payer avec sa propre vie mais on a le choix. On a peur de faire ce choix parce qu’on veut continuer à vivre et donc du coup, on commet des actes qu’on n’a pas envie de commettre. Ceci dit, il y avait des monstres, il ne faut pas non plus dédouaner les méchants parce qu’ils ont eu une mauvaise enfance. On a tous des raisons, ce n’est pas ça. C’est comprendre le fonctionnement de l’humain, de la condition humaine. Cette page d’Histoire est la plus grande leçon que nous ayons eue.

Jean-Christophe Nurbel

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