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[INTERVIEW] Antarès Bassis et Sophie Hiet (“Trepalium”)

Dernière mise à jour : juin 6th, 2020 at 02:10 pm

“On a écrit dans une économie de moyens
mais au final, les gens nous parlent de Hunger Games !”

 

Trepalium
© Jean-Claude Lother

Bulles de Culture : Vous aviez donc pensé ce projet Trepalium pour Arte à la base ?

Sophie Hiet : Oui, dès le début. Ou Canal +. Mais on est allé voir Arte.

Bulles de Culture : Avez-vous écrit du coup dans une économie de moyens avec l’idée de proposer quelque chose de “faisable” ?

Antarès Bassis : Oui, complètement.

Sophie Hiet : Enfin, il y a quand même eu une réunion avec Judith où elle a dit : “les gars, là, vous avez fumé la moquette, c’est super ce que vous avez fait, mais va falloir se calmer !” (rires). On s’était un peu emballé !

Antarès Bassis : Après, on faisait toujours en sorte que cela soit réalisable. On n’avait pas envie de faire beaucoup d’effets spéciaux. Ce qui nous intéressait, c’était vraiment les personnages, l’histoire, l’absurdité de la situation… On avait aussi fait des propositions artistiques assez radicales, avec des films plus basés sur des univers et des personnages que des effets spéciaux. Nos références étaient Bienvenue à Gattaca et Les Fils de l’homme, les films de Carpenter Et même si ce sont des films qui coûtent cher en soi, c’était une position qui nous semblait juste. Et puis il y a eu Real Humans qui était fait avec peu de moyens. Ça, ça nous plaisait.

Bulles de Culture : Faire surgir l’extraordinaire de l’ordinaire.

Antarès Bassis : Oui !

Sophie Hiet : Oui, ça, c’était très excitant et jubilatoire. Au final, le souci, c’était plus la figuration qu’il y a dans la zone. Il fallait rendre une impression de foule, qu’il y ait vraiment du monde, plutôt que des effets spéciaux.

Bulles de Culture : Que l’on ressente plus l’étouffement ?

Sophie Hiet : Oui, voilà, c’est ça. Ils sont tous parqués là-dedans.

Antarès Bassis : Après, qu’il y ait peu de décor ou des décors récurrents, ça, c’était pas un problème dans l’écriture.

Bulles de Culture : Vous êtes allés sur le plateau ?

Sophie Hiet : On est allé deux fois : une fois dans la zone, une fois dans la ville, voilà. Le réalisateur est arrivé et après, nous ne sommes plus intervenus sur les textes. La seule réunion que l’on a eu avec le réalisateur, c’était avec la chaîne.

Antarès Bassis : Ça s’est passé tellement vite.

Sophie Hiet : Oui, un an et demi, pour écrire et entrer en tournage. C’est très rapide.

Bulles de Culture : Comment trouvez-vous le résultat final de la série Trepalium ?

Sophie Hiet : Disons qu’il y a des nuances. Par exemple, nous n’avions pas une vision des “actifs” très fermés, très durs, qui parlent et articulent comme des robots. Nous, on imaginait quelque chose de plus nuancé. Après, c’est le problème de l’anticipation aussi. Chacun a sa vision. Globalement, on préfère quelque chose de plus sobre, à la Bienvenue à Gattaca ou Le Fils de l’homme, plus proche de nous.

Bulles de Culture : Le Fils de l’homme, il n’y a pas d’effet, ce sont plus des décors, c’est beaucoup de production derrière.

Antarès Bassis : En tout cas, s’il y a effet, c’est pas montré.

Sophie Hiet : Nous, c’est ce qu’on aime. Certaines idées ont été radicalisées. En ville, nous avions imaginé des allures uniformes mais pas qu’ils avaient tous les même coiffures. Notre référence, même s’il fallait s’en éloigner et ne pas copier, c’était Bienvenue à Gattaca, très sobre, ce ne sont pas des clones.

Bulles de Culture : Bienvenue à Gattaca, ce sont plus des codes de conduite à respecter, mais pas de robotisation physique…

Sophie Hiet : Oui. L’idée, c’était plus de voir ce monde comme une dérive de notre monde actuel, et ainsi d’être projeté dans un autre univers. Mais j’ai l’impression que les gens ont aimé ce décalage poussé malgré tout. On nous a même parlé d’Hunger Games à propos de notre série, même si ce n’est pas ce qu’on imaginait.

Bulles de Culture : Il faudra voir aussi ce que cela donne, adapté à l’écran de télévision, plus que sur un écran de cinéma comme c’est le cas à La Rochelle [NDLR : le pilote a été diffusé en avant-première au Festival de Fiction TV de La Rochelle en septembre 2015] parce que cela ne donne pas le même effet.

Sophie Hiet : Oui ! Oui, ça, c’est juste, en effet.

Bulles de Culture : Hunger Games à la télévision, on voit moins les effets que l’histoire et les personnages. Et il y a plus le risque de voir les creux de l’histoire et des personnages…

Sophie Hiet : Oui, c’est vrai, tout à fait.

Bulles de Culture : Pas d’influence de séries pour Trepalium ?

Antarès Bassis : Si, si, bien sûr. Real Humans, on a adoré ! En plus, ce qui est particulier, c’est que le showrunner n’est même pas un fan de science-fiction. Rome aussi, nous a inspiré, sur la décadence d’une société et sa chute, le fait qu’on suive deux personnages romains lambda, The Wire, sur la ville de Baltimore et ses strates, sans avoir la prétention de rivaliser. On voulait quelque chose qui tendait vers la lumière, et on espère que ça fonctionne.

Denis Tison

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