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Interview / Emmanuel Mouret : “Je m’inspire de l’intemporel”

Deux après Mademoiselle de Joncquières, le réalisateur Emmanuel Mouret est venu présenter son dernier film au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2020 dans la catégorie “Les Flamboyants”. Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, dans la sélection Cannes 2020, est le grand coup de coeur de ce festival. Le film romanesque et poétique sera dans les salles le 16 septembre 2020. Bulles de Culture a rencontré le réalisateur. 

Mon personnage est avant tout celui qui traverse des situations

Bulles de Culture : Pour Mademoiselle de Joncquières, vous vous inspiriez de Diderot. Avec Les choses qu’on dit, les choses qu’ont fait, vous partez d’une histoire originale. Peut-on dire que ce dernier film est davantage personnel que le précédent ? 

Emmanuel Mouret : J’aime bien l’idée selon laquelle le scénariste et le réalisateur sont en réalité des interprètes, comme le sont les acteurs. Pour écrire, je pars de situations que je trouve excitantes à porter à l’écran. Que ce soit pour une adaptation très libre de Diderot ou pour une oeuvre originale, je les interprète avec mon ressenti. Dans les deux cas, cela reste personnel. 

Bulles de Culture : Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait est en quelque sorte un film choral avec une polyphonie de personnages dont les destins s’entremêlent parfois. Comment avez vous travaillé chaque personnage ? 

Emmanuel Mouret : Je ne travaille pas sur tant de personnages que cela dans le film. Au départ, ce sont les enchainements de situations qui m’intéressent. Un personnage est pour moi avant tout celui qui traverse des situations. En l’occurence pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, il y avait la situation forte entre Niels Schneider et Camélia Jordana qui se racontent chacun leurs histoires d’amour passées/présentes les plus intimes. Le travail a été de trouver le rouage qui fonctionnait bien dans cette narration. La construction mécanique de l’histoire a été très longue à trouver. C’est un scénario que j’avais écrit sur plusieurs années avant même Mademoiselle de Joncquière. Je fais un travail d’horloger. 

“Je fais un travail d’horloger”

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© Pascal Chantier

Bulles de Culture : Vous semblez aimer l’inspiration très classique des auteurs du XVIIIème siècle pour raconter une histoire. Est-ce un sentiment que vous partagez ? 

Emmanuel Mouret : Si les usages avec le temps peuvent changer, les conflits intérieurs, eux, demeurent. C’est toujours du devoir, de la morale, de l’attention et un partage entre pulsion amoureuse et désir d’obéir aux règles sociétales. Par exemple, on continue très bien à comprendre Phèdre de nos jours. Je m’inspire donc avant tout de l’intemporel

Bulles de Culture : Pourquoi votre choix s’est porté sur le trio Camélia Jordana, Niels Schneider et Vincent Macaigne pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

Emmanuel Mouret : Je ne connaissais pas Camélia Jordana. Lors d’une première lecture avec elle, elle a su retranscrire parfaitement la délicatesse et la pudeur de son personnage. Elle interprétait le rôle comme une chanteuse avec beaucoup de notes dans sa voix. Je ne voyais pas du tout Niels Schneider dans le rôle au départ. Il me paraissait trop sûr de lui. Or, en lui parlant, il me confiait être quelqu’un de très réservé face aux questions amoureuses. En ce qui concerne Vincent Macaigne, je le trouvais un peu jeune pour le personnage. Quand je lui ai dit ça, il a trouvé très excitant de devoir se vieillir. 

Bulles de Culture : Vous utilisez beaucoup de musiques classiques dans le film : Mozart, Schubert, Debussy etc… A quel moment l’idée de ces insertions vous est-elle venue ? 

Emmanuel Mouret : c’est un travail que j’ai fait avec mon monteur qui m’a proposé beaucoup de choses. Je ne m’étais pas posé la question de l’insertion de ces musiques durant le tournage. C’est au cours du montage qu’on a commencé à poser des musiques classiques sur certaines scènes. Cette variété musicale fait ressortir mon goût pour le romanesque et le lyrisme

Entretien réalisé le 30 août à Angoulême

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Antoine Corte

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