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Rien n'est noir Claire Berest livre interview

Interview / Claire Berest pour “Rien n’est noir” (2019)

Dernière mise à jour : mars 15th, 2020 at 05:44 pm

Bulles de Culture a rencontré l’autrice Claire Berest pour son roman Rien n’est noir à l’occasion du Salon du Roman Historique 2020 de Levallois. L’ouvrage était en sélection pour le Prix des lecteurs de Levallois. Notre interview.

Synopsis :

Rien n’est noir raconte l’histoire vraie de Frida Kahlo face à sa passion amoureuse avec Diego Rivera.
« À force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage. Que c’est de toi que j’aurais dû vouloir m’abriter. Mais qui a envie de vivre abrité des orages? Et tout ça n’est pas triste, mi amor, parce que rien n’est noir, absolument rien.
Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé par un accident de bus et ses manières excessives d’inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème. Elle aime les manifestations politiques, mettre des fleurs dans les cheveux, parler de sexe crûment, et les fêtes à réveiller les squelettes. Et elle peint.
Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son crapaud insatiable, fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques.»

Interview de Claire Berest

Bulles de Culture : Comment avez-vous connu Frida Kahlo ? 

Claire Berest : Frida a été une rencontre amoureuse, comme quand on rencontre quelqu’un de vivant. On a tous dans notre existence un parcours jalonné par des coups de coeur : un film, une chanson. C’est ce qui m’est arrivé sur Frida Kahlo. J’avais 20 ans, je suis partie aux Etats-Unis sur un coup de tête. Je me suis retrouvée là-bas complètement perdue. J’avais alors une expérience de la solitude, sans téléphone, sans parler anglais. La personne que j’avais suivie m’offre à ce moment là une carte postale d’une peinture de Frida.

J’ai la sensation d’un dialogue qui est né tout de suite entre nous, qui ne s’est jamais interrompu jusqu’à maintenant. Je me suis mise à dévorer sa peinture, sa vie. Rien n’est noir est mon 7ème livre. Je n’avais jamais songé écrire sur elle. C’est mon compagnon qui m’a suggéré de me lancer. C’était tellement évident que je n’y avais pas pensé.  

Bulles de Culture : saviez-vous que l’histoire de Frida Kahlo avait un tel potentiel dramatique avant de vous mettre à l’écriture ? 

Claire Berest : Oui. J’avais déjà tout lu d’elle. J’ai été plusieurs fois au Mexique. Je connais très intimement sa vie. Je me suis dit dans un premier temps que j’allais raconter Frida de l’intérieur. Puis, j’ai décidé de me centrer sur la période 29-39 où elle vit une passion folle avec Diego Rivera. 

Bulles de Culture : pourquoi avoir choisi ce titre ?

Claire Berest : Comme je parlais de l’histoire de deux peintres, je voulais cette référence à l’art dans le titre de mon ouvrage. Par ailleurs, dans la construction de mon texte, j’avais besoin d’avoir des repères. J’ai donc construit mon récit en mettant des couleurs : le bleu pour la tendresse, le rouge pour la trahison et la déception, le jaune pour la douleur. Ce qui a commencé comme un jeu pour faire mes repères s’est transformé en organisation de l’histoire.

Dans le journal intime de Frida Kahlo, écrit dans les années 40, elle consacre une page à parler de couleurs. C’est comme si elle parlait d’êtres animés. Dans cette page, à un moment donné où elle souffre tellement après ses opérations, elle finit par la question du noir en écrivant “nada es negro”. Ce “rien n’est noir” est resté en moi comme une manière de vivre. Je me suis amusée à prendre les mots de Frida dans le titre. 

Bulles de Culture : pensez-vous que Frida Kahlo ait été une personne positive malgré les drames de sa vie ? 

Claire Berest : Frida m’a tellement apporté de joie. J’ai écrit ce livre dans la joie, contrairement à mes précédents livres. La peintre est une somme d’antagonismes, de paradoxes et de douleurs. Tous les jours, il y a cette idée de “Aujourd’hui, c’est encore toujours”, ce qu’elle écrit d’ailleurs derrière un tableau offert à Alejandro Gomez. L’artiste célèbre ainsi n’importe quel moment comme une petite fête perpétuelle. Elle est plus une source de joie et de mouvements que de tristesse. 

En savoir plus :

  • Rien n’est noir, Claire Berest, éditions Stock, 21 août 2019, 220 pages, 19.50 €
Antoine Corte

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