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Green Book critique film avis affiche

Critique / “Green Book : Sur les routes du sud” (2018) : un traité de tolérance

Dernière mise à jour : décembre 18th, 2022 at 09:19 pm

Récompensé à la 76e cérémonie des Golden Globes dans trois catégories (Meilleur acteur secondaire, Meilleur scénario et Meilleure comédie), Green Book : Sur les routes du sud (Green Book) de Peter Farrelly a déjà conquis le monde du 7e art. Qu’en sera-t-il du public ? L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip (Viggo Mortensen), un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley (Mahershala Ali), un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.

Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.

Avec les célèbres Dum & Dumber De (2014) et L’Amour extra large (2001), nous sommes plutôt habitués à voir Peter Farrelly réaliser des œuvres où l’humour potache règne en maître. Mais en proposant Green Book : Sur les routes du sud, il montre que l’on peut aborder avec humour et intelligence, la médiocrité de l’esprit humain.

Green Book : Sur les routes du sud : un casting d’orfèvre

On pourrait se demander ce qui a poussé Peter Farrelly à choisir Viggo Mortensen (Captain Fantastic, 2016 ; Sur la route, 2012 ; Le Seigneur des anneaux – le retour du roi, 2003) pour interpréter Frank Anthony Vallelonga, alias Tony Lip, l’un des personnages centraux de son film. Surtout lorsque l’on connait les acteurs italo-américains disponibles pour ce rôle.

Videur de boîte de nuit, à la recherche de petits boulots pour faire manger sa famille, vulgaire dans sa manière d’être, peu cultivé, gros bras et bedaine… Si certaines personnes tentaient de définir Tony Lip, elles le qualifieraient de beauf. Et lorsque l’on regarde Viggo Mortensen revêtir les traits de ce personnage, nous oublions l’illustre roi Aragorn du Seigneur des anneaux, et ne percevons plus que ce beauf. Un rôle caricatural pour un jeu qui ne l’est pas. Le choix n’est pas à regretter.

En face, nous avons Mahershala Ali (Hunger Games: la Révolte –Partie 2, 2015, Hunger Games: la Révolte –Partie 1, 2014 ; House of Cards – saison 1, 2013) interprétant le dandy Don Shirley, et récompensé aux Golden Globes en 2019 pour son interprétation. Un prix amplement mérité, car Green Book : Sur les routes du sud relate le road-trip de deux personnes.

Pendant deux heures dix, la caméra nous montre l’intimité de Tony Lip et Don Shirley, et à aucun moment l’ennui vient toquer à la porte de notre cerveau. Mahershala Ali joue un virtuose élégant et raffiné mais noir, trait morphologique impardonnable dans la société américaine des années 60. Don Shirley est l’antagoniste de Tony Lip. Inspiré d’une histoire vraie, Green Book : Sur les routes du sud, nous narre la rencontre de cet oxymore.

Un reflet du monde contemporain

Green Book - Sur les routes du sud - Photo Mahershala Ali critique avis
© 2018 eOne Germany

Il est curieux de voir comme on peut facilement fermer les yeux ou reléguer sur les épaules du passé nos erreurs. En plus de traiter les tournées d’un pianiste, Green Book : Sur les routes du sud s’intéresse également à la ségrégation raciale américaine des années 60. Une rétrospective sur les aberrations passées de l’esprit humain, qui a le mérite de mettre en reflet celles d’aujourd’hui.

Car la ségrégation n’est pas lointaine, mais toujours omniprésente. Elle se base sur des critères irrationnels construis par notre cerveau. Homo sapiens qui s’enorgueillit de ses capacités cérébrales, repoussent ce qui lui est étranger, ce qui n’est pas de son usage. Au mieux, il le catégorise, parfois le rejette et de temps à autre le martyrise.

Notre avis ?

Green Book : Sur les routes du sud illustre comment deux hommes qui se considèrent comme opposés de mœurs et de classes peuvent être amenés à s’apprécier. Cette œuvre montre à quel point nous regardons la société à travers les yeux de nos préjugés. L’inconnu est source d’enrichissement.

L’humanité devrait construire des ponts entre les hommes et non des murs. C’est la conclusion que l’on tire de cette rencontre.

En savoir plus :

Pierre L.

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