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[CRITIQUE] #CEFF2014 “Fever” (2014) de Raphaël Neal

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 03:43 pm

Si le Champs-Elysées Film Festival met à l’honneur le cinéma américain indépendant, il porte aussi des projets français à petit budget. Fever de Raphaël Neal, adaptation du roman de Leslie Kaplan, est le premier long-métrage du réalisateur, tourné pour un somme globale de 22 000 euros. Elle a été récoltée en partie par le biais du crowdfunding, dit également financement participatif.

 

Synopsis :

Damien (Martin Loizillon) et Pierre (Pierre Moure) sont deux adolescents qui passent leur bac. A quelques semaines des épreuves, ils décident de tuer une inconnue repérée dans la rue. Ils doivent alors garder ce secret qui s’avère finalement dur à porter.
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Il n’est pas à s’en cacher, Fever n’est pas un grand coup de cœur. Beaucoup de défauts de formes sont à reprocher. Tout d’abord, le manque de budget évident laisse apparaître une manière de tourner à la bric-à-brac. Le montage est trop saccadé sans possibilité pour le public de se poser. L’image, filmée avec un appareil photo 5D, n’est pas totalement maitrisée. Enfin, la musique, réalisée par la compositrice Camille, prend trop de place dans le concept Fever et bouffe littéralement le visuel. En cela, le réalisateur livre un film trop esthétisant, inhérent probablement à son passé de photographe.

Sur le fond, il y a également plusieurs problèmes de dramaturgie. En effet, les personnages ne sont pas assez approfondis, en particulier les deux protagonistes. On ne ressent pas assez fortement la douleur relative à leur crime : tout juste quelques larmes sans culpabilité profonde. De la même manière, alors qu’ils ont surement une consistance dramatique sur le papier, il manque trop de données au spectateur pour comprendre l’utilité des figures secondaires, comme celle du grand-père ou de l’opticienne. La mécanique de Fever, portée par l’illusion et la fausse piste, fait un flop. Les non-dits sont bien présents mais manquent totalement de subtilités.

Il y a quand même de belles scènes, notamment musicales, lorsque la chanteuse Camille apparaît de dos en train de chanter Fever, reprise de Peggy Lee. A l’instar du reste de son répertoire et de sa prestance scénique habituelle, la compositrice arrive encore une fois à faire plonger dans un univers complètement décalé.

Cette comparaison perpétuelle entre les deux garçons et Eichmann, inspirée par l’ouvrage d’Hannah Arendt, La banalisation du mal, est également un concept original qu’il aurait fallu faire ressortir autrement que par des dialogues trop explicatifs. La gestuelle aurait pu alors avoir une place prédominante et donner davantage de subtilité à l’entreprise.

Trop centré sur sa technique et sur sa volonté de montrer l’inmontrable, Raphael Neal livre un film en dessous du potentiel du livre qu’il adapte.

 

 

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 07/10/2015
  • Distribution France : Strutt Films
Antoine Corte

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