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[CRITIQUE] “Every Thing Will Be Fine” (2015) de Wim Wenders

Dernière mise à jour : mars 25th, 2019 at 12:29 pm

Quatre ans après le documentaire Pina (2011), Wim Wenders revient à la 3D, mais cette fois-ci avec une fiction : Every Thing Will Be Fine. Le très trendy James Franco interprète le rôle principal de ce drame tourné au Québec, entouré de trois actrices aussi différentes que douées. Note avis sur le film.

Synopsis :

Après une dispute avec sa compagne, Tomas (James Franco), un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée. En raison de l’épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Tomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route. Après plusieurs années, et alors que ses relations volent en éclats et que tout semble perdu, Tomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption : sa tragédie se transforme en succès littéraire. Mais au moment où il pensait avoir passé ce terrible événement, Tomas apprend à ses dépens que certaines personnes n’en ont pas fini avec lui…

 

Every Thing Will Be Fine - image
© NEUE ROAD MOVIES GmbH
Photograph by Donata Wenders

Avant même d’avoir vu Every Thing Will Be Fine, deux éléments peuvent susciter l’étonnement : pourquoi « Every Thing » en deux mots ? Et pourquoi Wim Wenders a-t-il choisi de filmer ce drame en 3D, technique habituellement utilisée dans les blockbusters fantastiques ou dans les dessins animés, mais beaucoup plus rarement dans les films d’auteurs ?
Ces deux interrogations se répondent : pour souligner que chaque chose (plutôt que tout) ira bien, le réalisateur a choisi la technique qui, selon lui, permet de saisir au plus près l’intimité des personnages, et donc de montrer le moindre détail, puisque rien n’échappe à la caméra 3D.

Outre cet aspect, la 3D offre également une plongée immersive au cœur du paysage qui, comme dans tous les films de Wim Wenders, fait partie intégrante du casting et tient lieu de personnage. C’est d’ailleurs de ce sublime paysage neigeux, presque onirique, que surgit l’élément perturbateur du récit : d’une bosse enneigée surgit un enfant sur une luge, que percute la voiture de Tomas.

S’ensuit alors une réflexion sur la culpabilité, la rédemption, mais également sur l’inspiration artistique : peut-on s’inspirer d’un drame subi par autrui pour nourrir ses œuvres ? En effet, quelque temps après l’accident, Tomas devient un bien meilleur écrivain, comme si la tragédie vécue par Kate (Charlotte Gainsbourg, touchante), la mère de l’enfant tué, avait débloqué son inspiration.

Every Thing Will Be Fine - image
© NEUE ROAD MOVIES GmbH
Photograph by Donata Wenders

Kate est l’une des trois femmes qui entourent le personnage principal, avec Sara (Rachel McAdams) et Ann (Marie-Josée Croze, charmante). Avec elles, Tomas grandit, parvient à appréhender son traumatisme, lentement et avec quelques accrocs.

Mais c’est surtout grâce à une enfant, la fille d’Ann – Lilah Fitzgerald puis Julia Sarah Stone -, qu’il y arrive le mieux. En discutant avec elle de banalités – l’échange sur l’utilisation intempestive du mot “like” chez les adolescentes anglophones en est un exemple – et en s’y attachant – lui qui ne voulait absolument pas d’enfant quelques années plus tôt -, il va peu à peu apprendre l’empathie et trouver la voie de la rédemption.

Ainsi, il réussit à amorcer le véritable dialogue avec son traumatisme passé, incarné par Christopher (Robert Naylor), le frère de l’enfant décédé.

Every Thing Will Be Fine - image
© NEUE ROAD MOVIES GmbH
Photograph by Donata Wenders

C’est ainsi que, pour Kate, Christopher et Tomas, « toutes les choses » finissent par retrouver leur place, avec un épilogue de Every Thing Will Be Fine peut-être un peu trop beau. C’est là l’unique bémol d’un scénario qui flirte avec le thriller, le drame sentimental, et la réflexion philosophique sur la création artistique, le tout enrobé par la caméra contemplative d’un Wenders visiblement tombé « en amour » pour les paysages québécois.

Et toujours les jubilatoires clins d’œil du facétieux réalisateur, sous forme de détails de mise en scène, qui annoncent tel ou tel rebondissement scénaristique – la veilleuse de Christopher dans sa chambre d’enfant, pour ne donner qu’un seul exemple -.

Reste une question en suspens dans Every Thing Will Be Fine : la 3D, réelle promesse pour les films d’auteurs ou coquetterie futile ?


En savoir plus :

  • Date de sortie en France : 22/04/2015
  • Distribution France : Bac Films
Lauriane N.

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