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Critique / “Docteur Frankenstein” (2015) : quand Harry rencontre Charlie

Dernière mise à jour : juillet 8th, 2021 at 12:00 pm

C’est l’heure du “reboot” pour Docteur Frankenstein (Victor Frankenstein) de Paul McGuigan. Pour cette nouvelle version hype et blockbusterisée, la Twentieth Century Fox a rassemblé le personnage de Harry Potter — joué par Daniel Radcliffe dans la saga éponyme et du professeur Charles Xavier — interprété par James McAvoy dans la franchise X-Men — pour tenter d’aguicher les jeunes spectateurs avec du sang frais et… toujours plus d’action. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Le scientifique aux méthodes radicales Victor Frankenstein (James McAvoy) et son tout aussi brillant protégé Igor Strausman (Daniel Radcliffe) partagent une vision noble : celle d’aider l’humanité à travers leurs recherches innovantes sur l’immortalité.

Mais les expériences de Victor vont trop loin, et son obsession engendre de terrifiantes conséquences. Seul Igor peut ramener son ami à la raison et le sauver de sa création monstrueuse.

Docteur Frankenstein : “You know this story…”

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© Twentieth Century Fox France

Docteur Frankenstein commence sur ces mots : “Vous connaissez cette histoire…” Et c’est bien là tout le problème de ce reboot —demandez à Amazing Spiderman ! —, d’autant plus que l’on a ici affaire à Frankenstein, alors autant la jouer franc-jeu direct. Vous connaissez Frankenstein…

… mais l’histoire d’Igor, vous la connaissiez?

C’est la parade qu’utilise le scénariste Max Landis (Chronicle, American Ultra) pour tenter de dépoussiérer ce récit vieux comme le monde : raconter le film du point de vue d’Igor, le fidèle serviteur bossu du Docteur F.

Remis au goût du jour, Igor perd ici sa bosse et gagne en sex-appeal. Il devient aussi une sorte de super anatomiste autodidacte pour faire équipe avec son nouvel ami Victor Frankenstein. À eux deux, ils vont former une super équipe de scientifiques prêt à tout pour aller au bout du… reste de l’histoire que l’on connait déjà par cœur.

Car malgré toutes les tentatives d’originalités du scénario — de l’agent bigote de Scotland Yard à la jolie trapéziste éprise du “bossu”, en passant par le vilain bourgeois capitaliste ou encore le monstre-chimpanzé-mort-vivant —, Docteur Frankenstein retombe trop rapidement sur les rails du récit original, en ne comptant finalement que sur les bonnes grosses ficelles dignes des blockbusters des grands studios en mal de singularité d’auteur.

Toujours plus…

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© Twentieth Century Fox France


Docteur Frankenstein
souffre du syndrome de la surenchère, inhérent aux blockbusters modernes : plus d’action, d’explosions, de courses-poursuites… Des excès souvent grotesques qui viennent généralement encombrer le récit. À l’image de la nouvelle créature de Frankenstein, avec ses deux cœurs, ses quatre poumons, et sa taille plus monstrueuse que jamais.

On serait tenter de prolonger la métaphore du monstre/blockbuster, notamment lorsque Victor Frankenstein contemple sa créature avec effroi pour enfin comprendre qu’elle n’est pas véritablement vivante, qu’elle n’est pas habitée d’une âme… Mais contrairement à un Jurassic World (2015), Docteur Frankenstein reste lourdement dans le premier degré.

À la réalisation, Paul McGuigan remplit son rôle avec son talent habituel pour mettre en image des univers singuliers, bon gré (Sleven, 2006), mal gré (Push, 2009). Mais à aucun moment il ne cherche à transgresser les intentions galvanisantes de ce reboot commercial. Il se contente de répondre à la commande du studio, avec tout de même un style et une efficacité indéniable.

Young Frankenstein

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© Twentieth Century Fox France

C’est la “bromance” entre Igor et Victor qui est au cœur du film (comme celle de Holmes et Watson chez Guy Ritchie). Et c’est aussi son point fort, grâce au jeune duo d’acteurs qui débordent d’un enthousiasme et d’une énergie intarissables.

Daniel Radcliffe joue avec sa sincérité habituelle et inspire facilement la sympathie dans sa convaincante interprétation d’Igor, ancien bossu et bête de foire maltraitée.

Mais c’est surtout la prestation survoltée de James McAvoy qui transcende le film. Il incarne avec conviction un jeune Frankenstein excentrique et macabre à souhait. Il relève à lui tout seul l’intérêt de chaque scène où il apparait, faisant fi des aléas d’un scénario trop rocambolesque.

Notre avis ?

Mais malgré les efforts de James McAvoy, Docteur Frankenstein reste avant tout un film commercial, un reboot aguicheur un peu trop forcé. Il appartient à cette catégorie envahissante de blockbusters moyens que l’on regarde un dimanche soir en sachant pertinemment qu’on ne va pas voir un chef-d’œuvre.

Mais dans ces plaisirs coupables du dimanche, on a toujours l’espoir d’être agréablement surpris. Et Docteur Frankenstein arrive à sa manière à entretenir cette illusion un peu plus longtemps qu’il n’est de coutume, surtout pour une histoire déjà trop racontée.

En savoir plus :

Emilio M.

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