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Gala spectacle
© Herman Sorgeloos

[CRITIQUE] “Gala” de Jérôme Bel : Venez comme vous êtes

Dernière mise à jour : juin 13th, 2020 at 03:33 pm

Le chorégraphe Jérôme Bel est à l’honneur du Festival d’Automne 2017. Gala est le premier spectacle de Portrait, série de huit pièces axées sur le questionnement de la scène. Notre avis et critique.

Synopsis :

Jérôme Bel choisit de mêler des professionnels et des amateurs de tous âges et de toutes origines sociales et culturelles. Dans cette danse, pas de corps semblables, formatés, mais une fête, un tour de force féroce, divertissant, radical.

Gala – “Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.”

 

Gala spectacle
© Herman Sorgeloos

Cette phrase de Beckett, souvent utilisée par Jérôme Bel pour qualifier son travail, sied parfaitement à cette pièce dont nous sommes sortis totalement déroutés. En effet, quel public se rend au théâtre pour voir des amateurs sans aucune technique se ridiculiser sur scène ? Pas nous… c’est du moins ce que nous pensions avant d’assister à Gala.

Comme dans toute bonne création contemporaine, Gala souhaite casser les codes. Ici, pas de corps nu (quoique le final s’en approche), pas d’excrément ni de jeu sexuel. Mais la volonté d’élever la culture populaire au rang d’art intellectuel.

Pour ce faire, Jérôme Bel, sans crainte de sombrer dans les clichés, a formé un groupe de travail avec des habitants de quartiers populaires de Seine-Saint-Denis, si possible représentatifs de la population. Ont été choisis avec un soin méticuleux une maghrébine, un noir, un asiatique, un handicapé mental, une handicapée physique, un enfant, une grand-mère, un travesti. Sans oublier deux danseurs professionnels, qui apparaissent comme des génies à côté de leurs camarades.

Freed from desire

 

Gala spectacle
© Herman Sorgeloos

Dans la première partie du spectacle, chaque membre de cette troupe pour le moins hétéroclyte s’essaie tour à tour à un type de danse : ballet, valse, Michael Jackson. Le public s‘interroge. Peut-on rire de ces néophytes, qui sont aussi mal à l’aise que nous et qui semblent au bord de la chute à chaque tentative ? D’autant plus que rien n’est fait pour leur faciliter la tâche. Les costumes sont ridicules au possible, les musiques sont mal coupées, les transitions ne sont pas réfléchies… Bref, tout est bancal.

Et pourtant… Petit à petit, le public se détend. Tout comme nos apprentis danseurs, qui prennent possession de l’espace scénique. Les rires étouffés des spectateurs dubitatifs se transforment en fou-rires assumés. La playlist (Billie Jean, Freed from desire) se charge de mettre l’ambiance. L’énergie incroyable de ces artistes sans limite fait le reste. Le plaisir est partagé et l’interprétation de plusieurs scènes relève en définitive du génie artistique.

Ce n’était pas gagné, mais c’est finalement une soirée extraordinaire que nous avons passée au Théâtre du Rond-Point. Hors du temps, hors du cadre, hors des conventions, la danse s’est révélée exutoire et euphorisante. Comme quoi, la magie peut opérer même lorsqu’elle ne repose sur rien. C’est donc ça, le génie de Jérôme Bel.

Cet article vous est proposé par Tony Comédie, blog sur l’actualité de la comédie musicale, partenaire de Bulles de Culture.

 

En savoir plus :

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