Éléonore est le premier film d’Amro Hamzawi. Le réalisateur a décidé de travailler en famille puisqu’il s’entoure de sa soeur, l’humoriste Nora Hamzawi, qui vient l’assister dans l’écriture du scénario et qui incarne le personnage principal de son histoire. La critique film et l’avis de Bulles de Culture.
Synopsis :
Sous la pression de sa mère et de sa sœur, Éléonore (Nora Hamzawi), apprentie écrivain, change de vie et devient l’assistante d’un éditeur spécialisé dans les romances érotiques.
Éléonore, une réflexion sur la perte de repères

Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Amro Hamzawi a décidé de travailler en famille sur la famille. Éléonore se conçoit avec sa sœur, Nora Hamzawi, qui l’assiste dans l’écriture du scénario du film et qui en devient l’interprète principale. L’humoriste trouve ainsi un rôle au cinéma qui s’éloigne de son personnage de scène.
Dans ce film, Amro Hamzawi écrit davantage sur lui en mettant en image son réflexion perpétuelle à l’égard de la jeune génération : la perte de repères, que ce soit sur le plan sexuel, familial ou social. La singularité d’Éléonore est d’abord un décalage d’apparence. Les cheveux verts, un style vestimentaire très rock, elle ne répond pas aux carcans de la féminité que la société a tendance à imposer. Du coup, la jeune femme est marginalisée, tant à l’égard de sa famille que vis-à-vis d’une société dans laquelle elle n’arrive pas totalement à s’insérer, en témoigne ses multiples emplois précaires.
Sur les conseils de sa sœur qui essayent de la faire rentrer dans le moule, Éléonore va opérer une transformation. Cette tenue d’apparat, qu’elle arbore lors de son entretien d’embauche pour une maison d’édition de livres érotiques, n’est pas elle. La candidate au poste, engoncée dans une jupe trop courte et un décolleté trop prononcé, n’est pas elle même dans ce costume qui réduit la femme à un objet à regarder. Heureusement qu’elle garde alors son franc parler et son côté direct, seuls vestiges de son identité. C’est d’ailleurs ce qui va séduire le directeur littéraire qui, derrière sa sévérité, a besoin d’être secoué.
[/su_quote]Une photographie générationnelle

Le long métrage Éléonore est un très beau miroir d'observation pour suivre et comprendre l'atypique, inattendue à travers des parcours de vie qui ne suivent aucun schéma préétabli mais qui doivent nourrir une réflexion sociale sur nos perspectives d'évolution.
Nora Hamzawi, toujours aussi pimpante, insuffle un climat de comédie à ce film qui a davantage une veine sociale. Le dynamisme de la chroniqueuse de France Inter rythme les situations. On la retrouve gaffeuse et provocante, prête à assumer avec folie sa veine "adulescente" (contraction entre adulte et adolescente) dans un contexte familial lourd. Sa mère et sa sœur la croient folle et souhaitent l'interner comme sa grand-mère. Mais les ambitions d'écrivaines solitaires la motivent.
Cependant, le long métrage est comme une photographie générationnelle qui a du mal à évoluer narrativement. Le manque d'écriture, tare d'un premier film, donne un récit qui fait globalement du surplace comme si la vie d'Éléonore était une succession de sketchs sans liant. Du coup, la construction n'aboutit pas au delà d'une fin, bercée par une utopie abrupte qui manque de réalisme.
Éléonore, assurément pour les fans de Nora Hamzawi, mais également d'André Marcon (Au revoir là-haut, Le Meilleur Reste à Venir) qui est plutôt touchant, manque encore d'une recherche dramatique de fond.
En savoir plus (cf. FAQ) :
- Date de sortie France : 23/09/2020
- Distribution France : ARP Sélection
- En compétition officielle du Festival du Film Francophone d'Angoulême 2020