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Critique / “Les Châteaux de Sable” (2015) : un film drôle et émouvant

Dernière mise à jour : octobre 8th, 2020 at 03:32 pm

Difficile de catégoriser Les Châteaux de Sable, nouveau long-métrage d’Olivier Jahan : à la fois drame et comédie, Emma de Caunes et Yannick Renier y campent un couple séparé qui se retrouvent le temps d’un week-end pour vendre une maison désormais vide. L’avis et la critique film de Bulles de Culture sur ce film très touchant et à la mise en scène poétique et esthétique.

Synopsis :

Éléonore (Emma de Caunes), la trentaine, vient de perdre son père (Alain Chamfort). Il lui a légué sa maison en Bretagne, dans les Côtes d’Armor. Elle est photographe, a connu un certain succès mais les affaires ne marchent plus comme avant. Il faut qu’elle vende cette maison.
Elle s’y rend avec Samuel (Yannick Renier), son ancien compagnon dont elle s’est séparée il y a quelque temps, parce qu’elle ne se sent pas d’aller seule dans cette maison où elle n’est pas retournée depuis la mort de son père. Mais elle joue avec le feu car elle sait bien que leur relation ne s’est pas franchement apaisée, même si elle a eu depuis quelques aventures et que Samuel vit à présent avec Laure (Gaëlle Bona).
Claire Andrieux (Jeanne Rosa), l’agent immobilier, s’est occupée d’organiser des visites durant les deux jours où Éléonore et Samuel vont rester dans la maison. Un week-end surprenant, riche en surprises et en émotions, en tensions, souvenirs et engueulades, en moments mélancoliques et absurdes, dont Éléonore et Samuel sortiront forcément changés.

Les Châteaux de Sable : comme dans un roman

Les Châteaux de Sable - photo
© La Belle Company

Il est des films dont on n’attend pas grand chose : une bande-annonce peu engageante, un synopsis qui respire le bon petit film français attendrissant, un titre, Les Châteaux de Sable, pas très évocateur… Alors on y va en espérant au mieux passer un moment agréable. Et puis, sans qu’on s’y attende, la magie du film opère : est-ce la subtilité de la mise en scène ? La musique de Patrick Watson ? Le scénario de Diastème ? Le jeu des acteurs ? Difficile à dire, peut-être tout cela à la fois, et c’est là que réside la beauté du cinéma.

Très vite, le spectateur éprouve une tendresse autant pour Eléonore, photographe parisienne un peu bobo, un peu alcoolo et pas mal paumée après le décès de son père, que pour Samuel, son ex-compagnon, prof d’histoire qui écrit une thèse sur la nièce d’Hitler. Une voix-off — on découvrira son identité plus tard — plante le décor, et ce procédé qui pourrait paraître lourd est parfaitement amené : comme dans un roman, cette narratrice raconte les motivations, les doutes, les états d’âme des personnages, sans pour autant en dire trop.

Un film poétique et romanesque

Les Châteaux de Sable - photo
© La Belle Company

Les références littéraires sont multiples : un recueil de Tomas Tranströmer tombe du sac d’Éléonore, la bibliothèque, point central de la maison, exerce un magnétisme certain sur les visiteurs, une chanson de Georges Brassens donne à la fois une scène tragi-comique d’anthologie et son titre au film.

Dans la forme également, ces Châteaux de Sable sont éminemment poétiques et romanesques : outre la voix off, les apartés des personnages face caméra et les pauses photographiques en noir & blanc (portées par l’œil de Frédéric Stucin) ajoutent profondeur et hauteur à l’histoire.

Une très bonne surprise

Les Châteaux de Sable - photo
© La Belle Company

Claire Andrieux, l’agent immobilier interprétée par Jeanne Rosa, mériterait un spin-off à elle toute seule : extrêmement attachante, elle devient en quelque sorte le trépied de ce couple abîmé, s’intéressant sincèrement à leur histoire et y apportant sa folie douce. Ses pensées parfois saugrenues et les pauses McDo dans sa voiture confèrent au personnage une sympathie telle qu’elle remettrait presque en cause notre perception d’une profession à la mauvaise réputation.

Tourné dans la vraie maison de son père et inspiré par sa propre histoire, Les Châteaux de Sable d’Olivier Jahan sont la (très) bonne surprise de ces dernières semaines, voire de ces derniers mois. Chacun peut se reconnaître en Emma de Caunes, hantée par deux fantômes — celui de son père (émouvant Alain Chamfort) et celui de son ancienne relation —, mais ce sont moins les thèmes abordés que la sincérité du metteur en scène et de ses acteurs qui rendent ce film universel.

Quinze ans après son précédent long métrage (Faites comme si je n’étais pas là), Olivier Jahan réussit son coup. Espérons ne pas devoir attendre quinze ans pour le prochain.

En savoir plus :

Lauriane N.

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