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© Khatia (Juda) Psuturi - Maneki Films / Easy Tiger / KAZAK PRODUCTIONS / Films Grand Huit

[Interviews] Vers un cinéma de guerre français ? Entretien avec Sophie Tavert et Gauthier Battoue

Dernière mise à jour : octobre 13th, 2020 at 06:39 pm

Le film français de genre, y compris le film de guerre, n’était plus depuis longtemps qu’une terne copie de références américaines, le budget en moins. Après le très réussi Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore, peut-on réinventer un cinéma de guerre spécifiquement français, c’est-à-dire avec un regard d’auteur sur l’intimité des personnages en zones de conflits armés ? Débat avec les réalisateur.rice.s Gauthier Battoue et Sophie Tavert, dont les courts-métrages À distance et MAD ont été sélectionnés au Festival Kinoma en 2018.

Le film de guerre français : un genre à réinventer

Le film de guerre français peine depuis toujours à se forger une identité cinématographique propre. Certes il est marqué par des traumatismes spécifiques : la Grande Guerre (Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, Au revoir là-haut d’Albert Dupontel), la guerre d’Indochine (Les Confins du monde de Guillaume Nicloux), la Seconde Guerre mondiale (L’armée des ombres de Jean-Pierre Melville), etc.. Il reste que faire du grand spectacle sans moyens financiers suffisants et sans imagination ne peut produire qu’un ersatz frustrant de ce que le cinéma américain fait déjà beaucoup mieux que nous.

Au Revoir Là-Haut image film critique
“Au revoir là-haut” d’Albert Dupontel © Jérôme Prébois

Alors que The Search de Michel Hazanavicius sautait tête baissée dans l’écueil de l’américanisme, le grand public a plutôt apprécié le cas intermédiaire d’Au revoir là-haut (2,1 millions d’entrées contre 69 000 pour The Search à budget équivalent de 20 millions d’euros). Le style “Jean-Pierre Jeunet” quelque peu lassant de la photo et du cadre se voyait contrebalancé par un regard inattendu et onirique sur “les gueules cassées” de la Première Guerre mondiale. Mais la palme du renouveau revient à Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore (2015), ovni passionnant sur la disparition de soldats de l’armée française qui surveillent une montagne en Afghanistan (37 000 entrées pour un budget de 2,4 millions d’euros). Citons également Les Filles du soleil d’Eva Husson avec Golshifteh Farahani, qui malgré de piètres critiques et une sortie confidentielle (30 000 entrées), est un des rares films du cinéma de guerre français réalisé par une femme.

NI LE CIEL NI LA TERRE de Clément COGITORE affiche Photo cinéma film
“Ni le ciel ni la terre” de Clément Cogitore © KAZAK PRODUCTIONS

De ces quatre exemples découlent de nombreuses questions que nous avons souhaité poser à Sophie Tavert et Gauthier Battoue à l’issue du Festival Kinoma 2018. Un nouveau cinéma de guerre et d’auteur va-t-il émerger en France ? Peut-il toucher un public large, tout en prenant le contrepied intimiste des films à grand spectacle américains ? Qu’apporterait un tel renouveau d’un point de vue cinématographique et dramaturgique ?

Retrouvez les réponses apportées par les deux réalisateur.rice.s dans les pages suivantes de notre article.

Zoé Klein

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