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Jacques Audiard équipe film Les Frères sisters Deauville 2018

Interviews Deauville / “Les Frères Sisters” (2018) de Jacques Audiard

Dernière mise à jour : mars 6th, 2021 at 11:32 pm

Jacques Audiard présente au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2018 son premier film américain, Les Frères Sisters. Le réalisateur est accompagné des acteurs principaux Joaquin Phoenix et John C. Reilly, également producteur du film, et du scénariste Thomas Bidegain. Retrouvez sur Bulles de Culture l’interview qu’ils ont donnée à la presse. 

Rencontre avec Jacques Audiard, Joaquin Phoenix, John C. Reilly et Thomas Bidegain pour Les Frères Sisters

Jacques Audiard a réalisé avec Les Frères Sisters son 7e film. Cette adaptation d’un roman de Patrick deWitt a été produite par John C. Reilly et co-écrite avec Thomas Bidegain, le co-scénariste de toujours du réalisateur. Ce nouveau long métrage est un western qui raconte l’histoire de deux frères criminels, Charlie (Joaquin Phoenix) et Elie Sisters (John C. Reilly). Ils n’éprouvent aucun état d’âme pour tuer. Un jour, la fratrie est engagée pour rechercher et tuer un homme. De l’Oregon à la Californie, une traque commence.

Est-ce le désir d’Amérique qui vous a poussé à tourner aux Etats-Unis ou est-ce le désir de western qui vous a amené là-bas ? 

Jacques Audiard : Vous pouvez ajouter l’amour des chevaux… Je n’ai pas une fibre très westernienne. J’avais pas non plus le désir forcené de tourner aux Etats-Unis. En revanche, j’avais depuis un moment l’envie de travailler avec des acteurs/actrices américains.

Les acteurs américains ont vraiment une culture du jeu de cinéma. Ces acteurs-là ont constitué un savoir. Je vois qu’ils ont une grande conscience d’eux-même quand ils jouent.

Cela ne veut pas dire que les acteurs français sont moins bons. Nous avons une voix de tête, alors que leur langue est beaucoup plus accentuée, plus chantante. Jake Gyllenhaal a rencontré un linguiste de Columbia pour préparer son rôle. Il avait un scénario en phonétique pour jouer avec une certaine préciosité.

Vous avez souvent tourné dans des milieux urbains. Quel plaisir avez-vous eu à tourner dans des grands espaces ?

Jacques Audiard : Tout bêtement, j’avais envie de tourner à la campagne. J’avais envie de nature. Les paysages, on les a trouvés en Espagne du Nord et du Sud. Une partie a également été tournée en Roumanie.

L’initiative du film vient visiblement de John C. Reilly. Comment est venu l’idée d’adapter le livre éponyme ? 

Jacques Audiard : Est-ce qu’on a l’après-midi de libre (rires) ?

John C. Reilly : C’est ma femme qui a eu l’idée. Elle travaille sur un autre projet avec l’auteur du roman, Patrick deWitt. Elle m’a passé le livre avant sa parution en me disant qu’il fallait absolument que je le lise. Or, je ne lis un livre que lorsqu’on me dit qu’il est incontournable.

Jacques Audiard : Si j’avais trouvé le livre chez mon libraire, je l’aurais adoré mais je n’aurais jamais eu l’idée de l’adapter. C’est parce que John C. Reilly est arrivé des Etats-Unis que je me suis lancé dans Les Frères Sisters.

Les Frères Sisters interview film photo Jacques Audiard Deauville 2018
© Shannah Besson

Pour Thomas Bidegain, Qu’est-ce que cela fait d’écrire pour un film américain ? Est-ce que cela vous donne envie d’aller tourner aux Etats-Unis ? 

Thomas Bidegain : Ce qui est formidable, c’est d’écrire avec Jacques Audiard. C’est toujours un plaisir. Je ne sais pas si cela a changé beaucoup de travailler en sachant que les rôles allaient être interprétés par des acteurs américains. On pense toujours au casting une fois que le scénario est terminé. Ce qui est formidable est de pouvoir écrire : “Il sort du saloon… il monte sur son cheval”.

Avez-vous travaillé en français pour l’écriture du scénario ? 

Thomas Bidegain : On a effectivement travaillé en français. Le scénario a ensuite été traduit en anglais. J’ai vérifié que la traduction était bien fidèle.

Est-ce que le projet fait écho selon-vous à votre propre filmographie ? 

Jacques Audiard : Je pourrais vous répondre que tout était dans le livre et que ce n’est pas moi qui ai traité de cela. Après, le livre m’a plu, c’est bien qu’il y ait une raison. Il y a quelque chose que j’ai mis du temps à voir dans l’ouvrage, c’est le thème de la fraternité. Cela peut paraitre bizarre vu le titre !

“Nos références n’étaient pas des références de western. On était plutôt sur du conte comme La Nuit du chasseur

Quelles sont vos références sur Les Frères Sisters

Thomas Bidegain : Ce qui nous a inspiré, ce sont plus des néo-westerns qui sont post-modernes. En vérité, nos références n’étaient pas des références de western. On était plutôt sur du conte comme La Nuit du chasseur (Charles Laughton).

Comment on se prépare en tant qu’acteur pour jouer les liens entre deux frères ? 

John C. Reilly : Bien sûr, c’est difficile d’avoir une relation aussi soudée qu’avec ses propres frères. Dans Les Frères Sisters, les personnages passent tout leur temps ensemble. C’est une vraie symbiose. Au fur et à mesure du tournage, j’ai passé beaucoup de temps avec Joaquin Phoenix, notamment en Espagne. On s’est promené ensemble, on est monté à cheval. On a même été jusqu’à dormir ensemble. A la fin du tournage, j’ai senti un vrai lien avec lui.

Comment avez-vous choisi les deux acteurs principaux ?

Jacques Audiard : John C. Reilly est venu me voir avec le livre et l’envie de jouer le personnage du frère aîné. Cela me convenait parfaitement ! Très vite, on s’est ensuite entendu sur le fait que l’autre acteur serait Joaquin Phoenix.

John C. Reilly : J’ai acheté le livre parce que j’avais envie de jouer le rôle du frère aîné. Mais je sais que dans la tradition des grands réalisateurs français, il n’est pas possible d’imposer un rôle lorsqu’on est producteur. Il fallait donner la liberté totale à Jacques Audiard. On n’a d’ailleurs pensé à un moment me donner un autre rôle. Heureusement, cela ne s’est pas fait.

Jacques Audiard : Je préfère cette version.

Mélanie Laurent a déclaré ici, il y a quelques jours, ne pas avoir eu le final cut sur son film américain Galveston. Est-ce que cela a été la même chose pour vous ? 

Jacques Audiard : Je ne comprends même pas la question (sourire).

Propos recueillis au Festival du Cinéma Américain de Deauville le 4 septembre 2018.

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Antoine Corte

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