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CINEMA: #CANNES2014, #BullesIN/#BullesOFF #05 – Le goût de Palme d’or / The taste of Palme d’or

Dernière mise à jour : mai 31st, 2020 at 03:01 pm

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Festival de Cannes, 20/05/14
© Judith Bormand
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Paris, 20/05/14

On aurait pu vous en parler en partie dans une Bulles OFF mais Deux jours, une nuit de Jean-Pierre & Luc Dardenne (sortie en salles aujourd’hui) et Still the Water de Naomi Kawase ont un goût tellement fort de Palme d’or et de Prix du jury qu’on n’a pas pu résister à en faire un Bulles IN ! Pendant ce temps, loin de l’effervescence cannoise, petit détour par la Cinémathèque française et le Musée du Cinéma dont le fondateur, Henri Langlois, est actuellement à l’honneur à Paris avec une exposition, Le Musée imaginaire d’Henri Langlois (09/04/14 – 03/08/14), et à Cannes avec la projection d’un documentaire de Jacques Richard, Le Fantôme d’Henri Langlois, présenté hors compétition.

We could talk you about them but in part in a Bubble OFF but Two days, one night by Jean-Pierre & Luc Dardenne (released in French theaters today) and Still the Water by Naomi Kawase have such a strong taste of Palme d’Or and Jury Prize that we could not resist to mak a Bubble IN with them! Meanwhile, away from the agitation of Cannes, a small detour to the Cinémathèque Française and its Film Museum whose founder, Henri Langlois, is now honored in Paris with an exhibition, Le Musée imaginaire d’Henri Langlois (09/04/14 – 03/08/14) and in Cannes with the screening of a documentary by Jacques Richard, Le Fantôme d’Henri Langlois, presented out of competition.

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>> DEUX JOURS, UNE NUIT (en compétition)

Avec une histoire d’une simplicité déconcertante, les frères Dardenne arrivent encore une fois à emporter l’adhésion de la croisette. Dès la première scène, on a tout compris de l’enjeu. Sandra (Marion Cotillard), mère de famille et ancienne dépressive tout juste guérie, apprend qu’elle a été licencié de sa société suite au vote des salariés. Ces derniers devaient choisir entre obtention d’une prime conséquente ou maintien de celle-ci dans la structure. La première option a emporté la majorité. Complétement démotivée, Sandra peut compter sur le soutien de son mari (Fabrizio Rongione) qui va la convaincre de se battre en allant voir un par un les votants pour les convaincre de renoncer à la prime.

Les réalisateurs découpent leur récit en douze rencontres avec chacun des salariés qui sont autant de plaidoyer pour la survie de Sandra. En retour, on a un panel de réactions humaines, oscillant entre égoïsme pur et fausse compassion. Heureusement, le personnage principal peut compter sur des adjuvants solides. Son mari est dans une compassion touchante héritée des fêlures du passé. En cela, Fabrizio Rongione, habitué de tourner avec les Dardenne, livre une interprétation modèle d’un mari protecteur. Certains des collègues de Sandra, également amis, ont une place importante dans l’écriture des Dardenne. En intégrant autant de situations personnelles que de personnages, les réalisateurs créent l’ascenseur émotionnel. On s’identifie aisément à chacun d’entre eux en se demandant constamment, si dans une situation difficile, on n’aurait pas également accepté cette prime.

Marion Cotillard est étincelante. Elle tient le film avec son attitude chancelante et fragile. La caméra est centrée sur elle avec de nombreux plans-séquences. Les dialogues sont énergiques, efficaces et bien menés notamment lorsqu’elle envoie à son chef un « Tu n’as pas de cœur ». La durée du film est de 1h30, un exploit en compétition officiel. Elle est l’aboutissement d’un montage travaillé qui ne souffre d’aucune longueur, ni de scènes superflues. 

Le festival semble donc enfin avoir trouvé une palme en milieu de parcours. Cependant, le prix ultime pour les Dardenne peut faire peur car déjà obtenu à deux reprises. À voir si le jury aura une volonté de renouveau dans son palmarès où s’il osera couronné encore une fois les frères prodiges.

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>> STILL THE WATER (en compétition)

Ambiance qui présage également un prix pour le dernier film de Naomi Kawase : montée des marches collective pour les membres du jury féminin, longue ovation à la fin de la présentation et longue accolade de la réalisatrice, en pleurs, avec le délégué général du festival Thierry Frémaux.
Il faut dire que la charge émotionnelle est encore une fois au rendez-vous. Sur l’île d’Amami, les habitants sont en pleine harmonie avec la nature, reconnue comme une déesse divine. Lors d’une soirée, Kaito (Nijirô Murakami), découvre le corps d¹un homme flottant dans la mer tandis que sa mère est gravement malade. Sa fiancée, Kyoko (Jun Yoshinaga) va l’aider à surmonter ces épreuves. Comme un parcours initiatique, ces jeunes gens découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l’amour.
A l’instar du reste de la filmographie de Naomi Kawese, Still the Water reste dans la contemplation avec une portée ésotérique très forte. Du coup, on parle de cinéma exigeant. Pourtant, il n’est pas renfermé sur lui-même et laisse passer de nombreuses émotions. On retiendra quelques scènes emblématiques notamment lorsque des danseurs viennent honorer la mère mourante, qui semble revivre au contact de la musique. Le jeune Nijirô Murakami est bouleversant dans ce rôle de jeune homme qui doit apprendre à vivre son deuil tout en continuant à se construire psychologiquement.
Le symbolisme de la mort est encore sublimé par des plans magnifiques d’une végétation divinisée qui reçoit les âmes décédées auprès d’elle.


La journée fut donc chargée en émotion sur la croisette. Ces belles surprises laissent présager une présence presque évidente de ces deux films sur les hautes sphères du palmarès.

Antoine Corte

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Direction tout d’abord le Musée du film. Découverte d’une importante collection de caméras et de matériel de projection des débuts du cinéma (le praxinoscope d’Émile Reynaud, le fusil photographique d’Étienne-Jules Marey, le kinétoscope de Thomas Edison,des lanternes magiques, des caméras Pathé-Baby, etc.). La scénographie du musée adopte un parcours chronologique et permet d’interagir avec certains de ses appareils, avec notamment une amusante sensation d’être un voyeur regardant à travers le trou de la serrure les premiers films tournés pour le kinetoscope.

Mais en plus des caméras, Langlois a pris soin de récupérer des décors, des costumes et autres accessoires de films. Ainsi, Alfred Hitchcock a fait don à la Cinémathèque en 1961 de la magnifique tête momifiée de Mme Bates. Il y a aussi des costumes d’Yvan Le Terrible (1944) de Sergueï Eisenstein, des dessins de décors de Metropolis (1927) de Fritz Lang et du Le Cabinet du Dr Caligari (1920) de Robert Wiene ainsi que trois roues sortis des Les Temps Modernes (1936) de Charlie Chaplin. La visite est si passionnante que la frustration est grande quand le parcours se termine. Il serait vraiment intéressant de continuer le travail de collecte de Langlois et d’enrichir cette magnifique collection d’objets présentée au public.

Heureusement, la visite peut se poursuivre par l’exposition déjà cité : Le Musée imaginaire d’Henri Langlois. Des repères biographiques, des cahiers écrits de sa main et des œuvres d’artistes contemporains lui rendant hommage complètent avec délice notre plongée dans l’Histoire du cinéma. Et à la fin de la visite, ce qui reste en mémoire, c’est le travail d’un pionnier qui a eu la vision de conserver et de partager les traces d’un art pas encore reconnu, d’avoir su mettre sur un pied d’égalité un chef d’œuvre du cinéma classique de Griffith et une œuvre expérimentale underground de Kenneth Anger, et d’avoir suscité la rencontre du 7ème art avec d’autres disciplines artistiques (réalisation de documentaires sur des artistes).

Dans le cadre du Festival de Cannes, la Cinémathèque Française programme plusieurs évènements autour de Langlois dont la diffusion à venir d’hommages filmés de plusieurs cinéastes, Bernardo Bertolucci, Costa-Gavras, Souleymane Cissé, Francis Ford Coppola, Stephen Frears, William Friedkin, Kiyoshi Kurosawa, Manoel de Oliveira, Roman Polanski, Jean-Paul Rappeneau, Volker Schlöndorff, Agnès Varda et Wim Wenders (visibles sur le site de la Cinémathèque à partir du 25 mai).

Et de conclure notre visite par une citation de Jacques Rivette : “La Cinémathèque française, c’est à la fois le Louvre et le musée d’Art moderne, tels qu’ils doivent être, et non tels qu’ils sont. Et c’est aussi la galerie Maeght, et la galerie Sonnabend. On pouvait y voir Le Lys brisé de Griffith à 18 h 30 et The Chelsea Girls d’Andy Warhol à 20 h 30, et c’était précisément cela qui était fabuleux, voir Griffith et Warhol ensemble, le même soir. À ce moment-là, on réalisait qu’il n’existait pas deux, trois ou plusieurs sortes de cinéma, mais un seul. Cette perpétuelle interaction du présent et du passé faisait tout le prix de la Cinémathèque française.”

jici

En savoir plus :
– nos chroniques cannoises : https://www.bullesdeculture.com/search/label/Festival%20de%20Cannes
http://www.cinematheque.fr/ (site officiel)

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