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CINEMA: #CANNES2014, #BullesIN/#BullesOFF #04 – Une journée de stars / A day with stars

Dernière mise à jour : mai 18th, 2018 at 05:56 pm

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Paris, 19/04/2014
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Festival de Cannes, 19/04/2014

Journée spéciale stars américaines sur la croisette avec la venue de deux idoles de la jeunesse en compétition officielle : Robert Pattinson et Chaning Tatum. Le premier monte à deux reprises les marches pour présenter consécutivement The Rover de David Michod et Maps to the Stars de David Cronenberg. Le second, accompagné de Steve Carell, tient le rôle titre de Foxcatcher de Bennett Miller. Pendant ce temps, c’est à Paris que nous découvrons le dernier film de Tommy Lee Jones, The Homesman avec Tommy Lee Jones et Hilary Swank.

Special day with American stars on the Croisette with the arrival of two idols of youth for the competition: Robert Pattinson and Chaning Tatum. The first one climbs the stairs twice to present The Rover by David Michod and Maps to the Stars by David Cronenberg. The second one, with Steve Carell, is the title role of Foxcatcher by Bennett Miller. Meanwhile, this is in Paris, we discover the latest film by Tommy Lee Jones, The Homesman with Tommy Lee Jones and Hilarry Swank.

More in English >>(Translation in progress, come back later)

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> THE ROVER (2014, hors-compétition)

Plongé dans un univers futuriste, le synopsis est plein de promesse. Dix ans après l’effondrement de l’économie occidentale, les mines australiennes sont les seules à pouvoir subvenir aux besoins vitaux d’hommes devenus dangereux. La survie est un art quotidien surtout pour Eric (Guy Pearce) qui se lance à la poursuite d’un gang pour retrouver sa voiture volée. Il va croiser le chemin de Rey (Robert Pattinson) qui va l’aider dans sa quête.

Si le pitch apparaît clair à l’écrit, il l’est beaucoup moins à l’écran. On peine à trouver un point d’accroche pour rentrer dans le film. Aussi, il restera austère durant toute la projection. Le réalisateur, mettant de coté son scénario, choisit de se concentrer sur la technique. En fer de lance, la scène d’ouverture est un long paysage désertique filmé en plan statique avec une clarté de lumière exceptionnelle. La vue du spectateur se perd alors dans un immense vide. Cet esthétisme est accompagné d’une musique électrisante, composée par Anthony Partos.

L’angoisse est palpable et les scènes de violence attendues. Cependant, elles sont parfois d’une intensité telle qu’elles rendent mal-à-l’aise. En témoigne notamment, la scène dans laquelle Eric se rend dans un orphelinat transformé en lieu de prostitution avec mineurs.

Du coté du casting, Guy Pearce interprète avec aisance cet homme désespéré aux instincts bestiaux. Seul compte l’objectif de retrouver sa voiture. À l’inverse, quitte à déplaire aux groupies absolues, Robert Pattinson est une caricature à la diction exacerbée. Il continue de montrer les crocs au sens littéral. Cependant, hors de Twilight, cela n’a plus d’intérêt.

On sort donc avec une impression de distance du film. Cependant, pas le temps de ressentir un manque de Robert puisqu’à peine sorti de The Rover, les festivaliers, comme les autres, pourront le retrouver dans Maps to the Stars. Sans trop en dire, car une chronique lui sera consacrée bientôt coté #Bulles OUT, Cronenberg offre un film accessible aux airs de palmarès. Restez donc connecté !

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>> FOXCATCHER (en compétition, 2014)

Autre fait divers sur la croisette, Foxcatcher raconte l’histoire tragique du milliardaire John du Pont (Steve Carell) qui décide de mettre en place un camp d’entrainement dans sa villa pour présenter des athlètes en lutte aux JO de Séoul en 1988. Mark Schultz (Channing Tatum), médaillé olympique, est contacté pour coacher les jeunes recrues. Pour autant, l’initiative du milliardaire sera perturbée par son comportement excentrique et son goût de la manipulation.

Tout en longueur – le film dure 2h10, le montage souffre d’un grave problème de rythme. La montée en puissance se fait très lentement avec un rendu global très mou. Aussi, on se perd en ellipses avant d’aboutir à l’explosion finale bouleversante, qui rattrape l’ensemble.

Steve Carell incarne avec précision cet entraineur perturbé en manque de reconnaissance maternelle. Il porte sur son visage grimé la souffrance, loin de ses mimiques comiques habituelles. Son regard est d’une intensité communicative notamment lorsqu’il est en présence de Vanessa Redgrave, mère antagoniste de John. Pour cette dernière, cette discipline olympique n’est que la transcription de l’état de soumission homosexuelle de son fils. Son opinion est d’ailleurs confirmée lorsqu’elle assiste à un entrainement au centre. Dans cette scène, le pathétisme de situation est tellement touchant puisque Steve Carell se montre complétement dominé par l’un de ses élèves.

En parallèle, Chaning Tatum donne de la profondeur au personnage de Mark, auquel il manque une présence parentale. Complétement perdu, il trouve son équilibre entre la bienveillance de son frère et l’amour malsain de son entraineur. De ce fait, la tension sexuelle entre les deux protagonistes est sous-jacente sans jamais être explicite. Les changements physiques de Chaning Tatum, qui prend la coupe blonde peroxydée, font directement écho à ceux de Matt Damon dans Ma vie avec Liberace (2013) de Steven Soderbergh.

On est donc bien rentré dans un rythme de croisière festivalier faisant apparaître des films non-consensuels à l’approche esthétique et intellectuelle affirmée.

Antoine Corte

-> #CANNES2014, BULLES OUT <-

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>> THE HOMESMAN (2014, en compétition)

Étrange film que ce nouveau long métrage de Tommy Lee Jones. C’est une adaptation d’un roman éponyme de Glendon Swarthout qui a été traduit par Le Chariot des damnées (The Homesman, 1988) en français. Après le Prix du scénario et le Prix d’interprétation masculine pour Trois enterrements en 2005, l’acteur-réalisateur est de retour sur la Croisette avec un périple dans l’Ouest américain.

En 1854, Mary Bee Cuddy (Hilary Swank) vit seule dans sa ferme. Indépendante, elle rebute tous les hommes susceptibles de la demander en mariage. Mais en convoyant trois mères de famille devenues folles vers l’Iowa où on pourra les renvoyer dans leur foyer d’origine, elle croise la route d’un vagabond, George Briggs (Tommy Lee Jones), auquel elle sauve la vie. Commence alors un long voyage dans des terres encore vierges et hostiles.

À la lecture de synopsis, l’histoire a l’air très simple : un road movie version western avec deux personnages que tout oppose mais qui sont obligés de faire équipe ensemble le temps d’un périple au milieu d’un territoire hostile. Mais au fil des minutes, tout ne paraît plus aussi simple. Il y a d’abord ce far west que l’on nous décrit. Il est rare de voir un film de ce genre décrire avec un tel réalisme la dure vie des femmes à cette époque. On peut penser bien sûr penser à Convoi de femmes (1951) de William A. Wellman où plus d’une centaine de femmes traversaient les États-Unis pour “repeupler” le domaine agricole d’un riche propriétaire.

Mais il y a la construction de l’espace-temps du film qui est étrange. Ici, le film se permet des embardées loin du cinéma classique. Les flashback racontant les histoires des trois mères devenues folles sont comme hors du temps et de l’espace. Impossible de les situer. Même quand Mary Bee Cuddy vient chez chacune d’entre elles, son trajet ne nous permet pas de les situer car les distances sont occultées. Le hors-champ est omniprésent à l’image, l’espace est fragmenté mais pas par des gros plans comme cela peut l’être par exemple chez un Robert Bresson, mais par de très grands plans d’ensemble. L’image du film est aride : le sol est sec, les ombres et les arbres sont absents, le vent soulève sans cesse la poussière. C’est un univers rude où les hommes sont lâches et les femmes deviennent folles. La nature chaotique semble avoir rendu impossible tout rapport entre eux : aucun homme ne veut de Mary Bee Cuddy car elle est autoritaire et rude, comme le paysage. La communauté est comme dissolue dans la poussière : les hommes et les femmes surgissent d’on je ne sais où puis disparaissent sans qu’il soit possible de savoir où.

C’est pour cela que l’arrivée du marginal George Briggs, joué Tommy Lee Jones, sous-tend une possible reconstruction du lien entre homme et femme, et par là-même d’une représentation de la communauté dans son ensemble dans le film. Pourtant, le trajet qu’il fait avec ces femmes ne sous-tend aucune sexualité. Il occupe sa place d’homme protégeant “la veuve et l’orphelin” du monde extérieur mais il refuse d’occuper la place de l’amant ou du mari.

Ce film est donc l’histoire d’un échec, symbolisé par la danse du personnage de George Briggs. Dans le film celui-ci va chanter et danser deux fois. Appuyons nous sur un texte du philosophe Michel Guérin pour réfléchir à ce geste : « La danse est un théâtre, non de la cruauté, mais de la “naïveté” (…). Comme art, elle est, en dépit des apparences, de tous le plus abstrait. (…) De là, aussi, de la part de Nietzsche (…) le recours ultime à la métaphore de la danse pour dire le “renversement de toutes les valeurs”, l’au-delà du nihilisme et l'”innocence du devenir” ; pour dire, surtout l’ivresse de la danse-chant découvrant, à même le corps, que le temps couve l’éternité et que la joie est plus profonde que la douleur » (Michel Guérin, La philosophie du geste). C’est là peut-être la signification de cette “danse-chant finale” sur une barge entre deux rives (la civilisation d’un côté, les territoires sauvages de l’autre) : la recherche effrénée de bonheur d’un personnage épris de douleur.

Il y aurait encore plein de choses à dire sur ce film. Comme le choix de casser le film en deux comme a pu déjà le faire les frères Coen dans No Country for Old Men, n’hésitant pas à abandonner un personnage fort en cours de route. En plus, dans les deux cas, cet acte se passe sous le regard du même acteur, Tommy Lee Jones. Il faudrait aussi revenir sur cette description crue de la violence des hommes envers les femmes et sur la morbide intériorisation de cette violence par les femmes. Enfin, il faudrait aussi relever le besoin qu’a eu l’auteur du livre éponyme de créer un néologisme pour désigner la personne chargée de ramener ces femmes devenues folles dans leur foyer d’origine.

Bref, avec ses images rudes et son montage déroutant, Homesman vous intriguera peut-être.

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En savoir plus :
– nos chroniques cannoises : https://www.bullesdeculture.com/search/label/Festival%20de%20Cannes

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